Au vu de la situation historiquement désastreuse de ses troupes Honda, Alberto Puig aborde chaque entretien sur la défensive. Comme il n’est pas du genre à revêtir la robe de bure, se mettre la corde au cou et se couvrir la tête de cendre, il n’avance pas plus les mains tendues mais plutôt avec les poings fermés face à cette adversité qui n’a de cesse de lui rappeler que rien ne va plus sous l’auvent Honda. Son insuccès général contraste fortement avec une réussite globale constatée notamment chez Ducati. Mais c’est une évaluation qu’il ne valide pas. Du moins aime-t-il la corriger en rappelant que, malgré ces apparences, il y a toujours un manque au palmarès des Italiens…
La dégringolade de Honda est telle depuis que la marque ne peut plus compter sur son prodige Marc Marquez qu’elle confine à la dépressurisation. Mais Alberto Puig, premier de cordée dans cette tourmente, tente de garder l’esprit clair en défendant bec et ongles ce qui est parfois indéfendable. Ainsi, lorsqu’on lui rappelle que Ducati a fait le chemin inverse de Honda ces dernières saisons, il dégaine aussitôt un argument qui, cependant, repose tout de même sur un fait.
Par exemple, après onze courses dans cette campagne MotoGP, Ducati compte quatre pilotes dans le top 7 du championnat des pilotes. Le meilleur pilote Honda est en revanche à la 13e place. De plus, Ducati a remporté le championnat des constructeurs pour la troisième fois consécutive l’an passé. Honda n’a qu’un seul podium cette année, avec la troisième place pour Pol Espargaró à Doha. Vu comme ça, on adouberait sans sourciller l’idée que la marque de Borgo Panigale est l’exemple à suivre pour connaître la réussite. Mais Alberto Puig voit les choses différemment. Sur Speedweek, il rappelle ainsi au sujet des Italiens : « ils n’ont pas encore remporté de championnats. Je parle du championnat du monde des pilotes. Ils doivent gagner ».
Alberto Puig : « repartir de zéro ou simplement améliorer la moto existante est actuellement à l’étude au Japon«
On se souviendra que Ducati n’a qu’un titre pilotes MotoGP à son palmarès, acquis en 2007 avec Casey Stoner. Il s’agissait d’une autre ère. Gigi Dall’Igna n’était pas encore en fonction. La claque sur le museau mise, le team manager espagnol revient sur la situation au sein du blason ailé sérieusement déplumé. Il révèle même un élément qui montre à quel point le désarroi est grand à Tokyo : « nous n’aurons peut-être pas à repartir de zéro. Mais c’est clair : nous ne fonctionnons pas comme nous le devrions. Repartir de zéro ou simplement améliorer la moto existante est actuellement à l’étude au Japon ».
Alberto Puig termine : « il y a beaucoup de choses qui affectent notre performance. Quand vous avez votre meilleur pilote qui est blessé depuis deux ans et que vous ne pouvez pas développer la moto avec lui, cela a un impact négatif. C’est un fait ».
D’où cette espérance de voir revenir Marc marquez avant la fin de cette saison, une perspective certaines compétences médicales ont déjà estimé comme suicidaire. Mais l’investisseur Repsol a fait savoir à travers un billet qu’il se posait des questions sur les Grands Prix tandis qu’au Japon, on a montré du côté d’Hamamatsu qu’un conseil d’administration pouvait prendre des solutions radicales…
