Alberto Puig avance à reculons vers ce début de saison au Portugal qui sera célébré ce week-end sur un tracé de Portimao qui ne lui a pas donné matière à se rassurer sur l’état de la Honda, lorsqu’il était dédié au dernier test hivernal du MotoGP. Pire pour lui, celui qui jusqu’à encore récemment était convaincu de la supériorité japonaise en toute chose au sujet de la moto, surtout venant de Tokyo, a tourné casaque pour manger son chapeau et reconnaitre enfin l’évidence : l’Europe a dépassé puis laissé sur place le pays du soleil levant. Il ne manquerait plus qu’il perde en plus Marc Marquez et ce serait le bouquet final…
Une perspective qui ne relève cependant pas de la fiction car Marc Marquez a déjà posé ses jalons : son amour pour Honda est certes grand, mais son intérêt pour une moto gagnante lui permettant d’embellir à nouveau son palmarès est encore plus fort. Or Alberto Puig sait que la RC213V ne sera certainement pas une arme fatale dans cette entame de saison 2023 : « nous avons de sérieuses difficultés, nous ne le cachons pas, nous n’avons pas la moto que nous voudrions ». Il ajoute : « mais nous allons travailler dur et après quelques mois, je ne sais pas combien, nous aurons une moto gagnante ». Une conviction affichée par le team manager de l’équipe officielle Repsol Honda, dans une interview accordée à Emilio Pérez Rozas du journal espagnol El Periodico, dont GPOne s’est fait l’écho.
Un entretien où il passe enfin aux aveux : « Ducati et les deux autres constructeurs européens, Aprilia et KTM, ont fait un meilleur travail que le nôtre, ils ont réussi à trouver les astuces, les secrets, les raccourcis pour profiter du règlement technique et obtenir une moto plus compétitive que la nôtre. Les constructeurs européens ont été beaucoup plus réactifs, plus créatifs et plus agressifs dans la conception de leurs motos. Quand des adversaires réussissent, il faut leur tirer notre chapeau, les féliciter » a admis le coach espagnol.
Alberto Puig : « le rêve de Honda, c’est que Marc Marquez ne parte jamais » et sinon ?
Voilà qui est dit. Mais cette situation risque de provoquer un grave dommage collatéral si elle perdure : le départ de Marc Marquez, dont le contrat avec Honda prendra fin au terme de l’exercice 2024… Ou plus tôt ? Une conclusion prématurée qui hante l’esprit d’Alberto Puig : « ce ne sont que des rumeurs » dit-il. « Marc a été pilote Honda toute sa vie et il est très reconnaissant envers Honda, mais nous sommes parfaitement conscients que si nous ne lui donnons pas une moto gagnante, nous pourrions le perdre ».
« Les résultats de cette saison pourraient influencer les décisions de Marc dans l’immédiat » précise même l’Espagnol. « Je pense que Marc connaît très bien Honda et sait que nous ne nous arrêterons pas tant que nous ne lui aurons pas donné la moto qu’il veut et qu’il mérite. Je ne sais pas quand cela arrivera et si, quand cela arrivera, mais j’espère que ce sera à temps pour garder Marc. Le rêve de Honda, c’est qu’il ne parte jamais ».
Alberto Puig sait ce que Marc Marquez a traversé ces dernières années, les souffrances auxquelles il a dû faire face et la façon dont il l’a fait. Beaucoup se demandent si la blessure au bras l’affectera, s’il réfléchira maintenant à deux fois avant de prendre des risques comme par le passé… « Marc est devenu champion en 2017 en tombant 27 fois. Pensez-vous que Marc va changer de style ? Marc a également chuté alors qu’il avait la meilleure moto, car il ne sait courir et être le meilleur qu’en cherchant la limite » assure Alberto Puig.
« C’est évident que le corps a une mémoire et quand on subit ce que Marc a subi, on le porte toujours avec vous. Ça ne veut pas dire que ça l’empêche d’être aussi rapide qu’avant, ça ne veut pas dire qu’il sera plus lent, plus prudent, moins agressif, ça veut simplement dire, et il l’a expliqué mille fois ces derniers mois, que Marc est différent de celui d’avant la blessure ». Et sur la piste, cela donnera ça : « il a 30 ans et sait très bien, mieux que quiconque, ce qu’il faut faire sur la piste, quand s’y risquer et quand ne pas s’y risquer. C’est un Marc plus expérimenté » a conclu Puig.