Chez Honda en MotoGP, on a un calendrier totalement décalé par rapport au reste du paddock et il s’explique par le monumental raté du dernier opus de la RC213V. La situation est si catastrophique que l’on se demande comment le premier constructeur mondial a pu en arriver à cet état de déchéance. Certes, Marc Marquez est le grand absent de l’évolution de l’espèce depuis pratiquement deux ans, mais tout de même, il s’agit fondamentalement de faire une moto, ce que ne semble plus être en mesure de produire un HRC à l’expérience pourtant avérée. Alberto Puig est celui qui voit cette débâcle sur le terrain après avoir vécu la gloire trois saisons de rang, et il explique que tout va se jouer à la fin de ce mois d’août, avec une visite médicale, et début septembre avec deux jours de test à Misano…
Et l’Espagnol, qui dirige le team Repsol Honda Team depuis maintenant cinq saisons, avoue que si ces deux échéances son ratées, il n’y aura peut-être plus grand-chose à espérer du blason ailé en MotoGP. Carrément, mais il faut bien dire les choses telles qu’elles sont, et qui ont encore été confirmées par un dernier Grand Prix d’Autriche insoutenable pour ceux qui crient haut et fort avec fierté : « nous sommes Honda ». Et Alberto Puig n’est pas le dernier à se faire entendre sur ce thème…
Sur Todocircuito, on peut lire ainsi ses propos qui analysent d’abord la situation. Et ça commence fort sur l‘évaluation des compétences : « nous savons ce qui nous arrive, mais nous ne savons pas comment le résoudre ». Une totale perte de repère qu’Alberto Puig explique ainsi : « la question du COVID nous a beaucoup touchés, mais je ne veux pas que ce soit une excuse » dit-il tout en soulignant que la fermeture des frontières a handicapé les Japonais, dont les forces vives sont sur leur sol national. « Les constructeurs européens terminent la course et le lendemain ils sont avec leurs équipes à l’usine et ils travaillent. Nous avons clairement pris du retard. Nous devons changer radicalement les choses » commente l’ancien pilote qui, avec cette conviction née de cette crise, montre qu’à toute chose malheur est bon pour une organisation.
Alberto Puig : « si Marc Marquez peut faire quatre tours et dire « oui » ou ‘non’, alors ce sera très important »
Mais lorsque le malheur touche un pilote du calibre de Marc Marquez, il n’y a aucun point positif à en tirer… « En 2019, Marc a remporté 12 courses avec cette moto et son pire résultat a été deuxième. Que s’est-il passé en 2020 ? Ce garçon a eu un accident très grave, et le développement de la moto avec un gars qui donne 200% a été interrompu. Cela nous a un peu affectés pour être honnête » déclare un Puig qui dévoile que la nostalgie de ce bon temps de 2019 a été telle qu’il a été sérieusement envisagé de ressortir la RC213V de cette saison, pour repartir d’une base éprouvée. Il dit : « revenir en arrière est quelque chose qui est toujours là. Il s’agit de revenir à quelque chose qui a fonctionné pour vous. Mais je ne pense pas que la solution soit là non plus. La moto de Misano 2021 allait plus ou moins bien, puis des changements ont été apportés qui étaient trop radicaux. Il faut probablement revenir un peu en arrière, mais il faut penser à de nouvelles idées », insiste Puig.
Mais pour que ces idées soient validées, il faut absolument avoir un Marc Marquez opérationnel sur la moto. Même un peu… Et c’est là qu’Alberto Puig lâche : « ce serait un problème que Marc Marque ne puisse pas rouler aux tests de Misano des 6 et 7 septembre. Les délais ont été respectés, et le médecin lui a dit « le 25 août, nous avons un scanner, si l’os va bien, vous pourrez rouler ». Je ne sais pas. Nous verrons. Je crois personnellement qu’il ne sera pas là pour la course, mais s’il peut être là pour le test, même si ce n’est pas pour faire 100 tours par jour, mais s’il peut faire quatre tours et dire « oui » ou ‘non’, alors ce sera très important ».
Et sinon ? « S’il n’est pas dans le test de Misano, ce ne sera plus de la même chose, parce que nous n’avons pas eu Marc dans les tests depuis longtemps. Le test de Misano est très important pour préparer un prototype pour Valence, s’il n’est pas là… On va y aller encore un peu à l’aveuglette. Nous avons toujours eu deux pilotes, dans ce cas nous avons dû compter davantage sur Pol et le pilote d’essai, mais celui qui connaît le mieux cette moto est Marc. Il la connaît très bien car il a gagné de nombreuses courses avec. Ce n’est pas que les autres pilotes ne la comprennent pas, ne vous méprenez pas, mais celui qui la comprend vraiment est celui qui a gagné le plus de fois avec cette moto. Si Marc n’est pas là, ça complique un peu notre travail ».
Les prochains jours vont être cruciaux pour Honda en vue de 2023, saison où la marque n’a pas encore officiellement confirmé la rumeur de l’arrivée de Joan Mir, comme il n’a pas été plus assuré contractuellement que Repsol poursuivrait l’aventure avec HRC, même si, là aussi, cela semble acquis… Et si tout cela tenait d’une radiographie à venir dans les prochaines heures ?