Portimao s’annonce cette semaine comme le grand rendez-vous de la vitesse moto, qui réunit les pilotes du MotoGP et du WSBK. Les premiers, en effet, liment la piste portugaise pour se mettre en jambe avant de reprendre le collier à Sepang pour des tests où ils retrouveront leur prototype préféré. Et les seconds travaillent en Algarve sur la préparation de leur saison qui se lancera dès la fin du mois de février en Australie à Phillip Island. Les deux mondes pilotent au Portugal des machines dérivées de la série. Celles des protagonistes du MotoGP en sont très proches, tandis que les missiles des héros du WSBK en sont bien plus éloignées. Mais au chrono, ces différences semblent s’estomper avec notamment un Pecco Bagnaia sur une Panigale V4S…
Avant de se lancer dans le sujet, on rappellera que le Champion du Monde de MotoGP avait déjà montré l’été dernier aux belles journées Ducati à Misano ce qu’il savait faire avec cette moto en dominant tous ses collègues de marque, et ceux du WSBK compris, lors d’une course les opposant… Mais tout de même, les chronos signés par l’Italien méritent que l’on s’y attarde.
Au passage, Pecco Bagnaia se fait ici le meilleur commercial du monde pour la sportive de Borgo Panigale. L’équipier d’Enea Bastianini affirme ainsi sur son réseau social avoir réalisé un meilleur temps de 1’43.286 au guidon de sa Panigale V4 S, une sportive d’une valeur de 35 190 euros équipée d’un moteur Desmosedici Stradale de 215,5 ch, avec un amortisseur Öhlins NPX 25/30 et une électronique inspirée des réglages utilisés par Ducati dans le championnat du monde Superbike.
Pecco Bagnaia roule à Portimao avec une Ducati de série à 4.4 secondes du record MotoGP de Fabio Quartararo
Avec cette moto et en utilisant des slicks Michelin, Pecco était donc à un peu plus de trois secondes du record absolu WorldSBK de Portimao que Jonathan Rea a établi l’an dernier lors de la Superpole, lorsque le pilote Kawasaki a signé un 1’39.610… Mais c’est la comparaison avec la catégorie MotoGP qui est sans aucun la plus saisissante : Bagnaia n’a cédé que 4,4 secondes face au record MotoGP que Fabio Quartararo détient depuis 2021 (1’38.862). Le tout en plein mois de janvier avec des températures qui n’ont pas dépassé les 15 °C à Portimao, ce qui est sensiblement plus froid que celles rencontrées par les pilotes MotoGP et WorldSBK lors de leurs visites respectives dans le sud du Portugal…
Pour enfoncer le clou, on rappellera que la réglementation actuelle du MotoGP empêche les pilotes de championnat de s’entraîner avec des motos excessivement préparées. Ils peuvent monter des pneus slicks que n’importe qui peut acheter dans un magasin ou un revendeur, améliorer les freins, les suspensions, monter un carénage en fibre et jouer avec les réglages de base, mais en dehors de cela, aucun changement interne n’est autorisé dans le moteur ni sur l’électronique. Donc la plupart choisissent simplement de modifier l’électronique d’origine et rien d’autre.
Le moins que l’on puisse dire c’est que Bagnaia sait essorer la poignée et que la Ducati Panigale V4S peut se montrer redoutable entre bonnes mains. On peut aussi constater que la différence entre le tarif de la moto quasi de série et celui faramineux du prototype rend assez onéreuse la recherche de la seconde gagnée. Mais on relève également qu’il y a qu’en moto que l’on peut avoir ce genre de comparaison, car dans le monde l’automobile, la question entre une voiture de compétition et un opus de série accessible à la plupart des détenteurs d’un permis de conduire ne se pose pas le moins du monde…