Le staff KTM pensait que l’air du pays respiré lors du Grand Prix d’Autriche sur le Red Bull Ring serait salvateur pour dissiper et résoudre les problèmes qu’il s’était lui-même créé. Mais cela n’a pas été le cas. Certes, le renouvellement de Brad Binder jusqu’à 2026 a été une annonce, mais ce n’était pas celle attendue. Car celle que tout le monde s’impatiente de connaitre nous apprendra comment on peut satisfaire cinq pilotes signés alors que l’on a quatre motos. Un tour de force qui pourrait néanmoins être réussi si tout le monde y met une peu du sien …
Pour se remémorer le dossier, il faut se souvenir que KTM est allé voir le promoteur Dorna pour récupérer les deux plots laissés par Suzuki que la grille de départ. Carmelo Ezpeleta a refusé, les réservant pour un nouveau constructeur et non une équipe privée représentant une marque dans le groupe d’un constructeur déjà présent. Alors les Autrichiens ont tenté de s’approprier une équipe satellite existante. Pour se retrouver encore une fois le bec dans l’eau. Gresini, LCR et RNF ont décliné l’approche.
On en était là au moment où le Grand Prix d’Autriche se lançait. Une posture inconfortable est toujours difficile à vivre, mais encore plus à domicile et peut-être même encore plus lorsque l’on s’appelle Pierer Mobility Group AG. Alors le spectre des erreurs et des déceptions comme des dégâts du point de vue de l’image vécues avec les décisions concernant Petrucci, Lecuona, Raul Fernandez et Remy Gardner ont refait surface lorsqu’il est devenu évident qu’entre Pol Espargaró et Augusto Fernandez, il ne pouvait en rester qu’un pour laisser la place à Pedro Acosta. KTM venait-il de creuser son propre trou en étant incapable d’apprendre des tristes expériences passées ?
KTM : « nous ne voulons pas commettre cette erreur une deuxième fois, car qui sait combien de MotoGP nous aurons sur la grille en 2025 ? »
On l’a cru dans un premier temps avec ces propos au sous-entendu tout de même particulier du grand patron Stefan Pierer que Pol Espargaró présente sans fard, mais aussi sans animosité, comme un « requin » … On lit ainsi sur Speedweek : « nous avons encore beaucoup de Grands Prix devant nous cette année. Vous pouvez voir combien de blessures se produisent tout le temps. Comme toujours, il y aura une course à élimination. Nous allons trouver une solution. Dans le format MotoGP d’aujourd’hui, il y a de plus en plus de blessés ».
Pour peu, ça ferait froid dans le dos… Mais heureusement, les précisions arrivent … « Peu d’équipes ont des pilotes d’essai ou de réserve qui peuvent marquer des points. Nous avons vu à quel point Jonas Folger a eu du mal à remplacer Pol du Texas à Assen. Nous étions heureux qu’il soit intervenu, mais ce n’était pas vraiment un remplaçant ». Il ajoute : « les pilotes d’essai actuels ne courent pas au niveau des pilotes réguliers. Nous avons besoin d’un deuxième pilote rapide pour travailler aux côtés de Dani Pedrosa. Parce qu’en termes de développement ultérieur, seul un pilote rapide et bon nous aidera ».
Une perche tendue à Pol Espargaró, car en plus d’être véloce, il faut de l’expérience pour aider au développement d’une MotoGP. En écho, Hubert Trunkenpolz, responsable du sport moto chez KTM, et le T du trigramme, a précisé : « avec un total de 42 voire 44 courses, nous aurons toujours besoin de pilotes de remplacement dans la saison à venir. Avec autant de courses, le risque d’accident augmente. Et si nous pouvons offrir à un pilote d’essai six Wildcards et qu’il y a aussi la possibilité d’être utilisé comme pilote de remplacement, ce sont des incitations lucratives ».
Nous y voilà : Stefan Pierer aurait convenu avec Dorna que le statut des pilotes d’essai serait amélioré en augmentant le nombre de Wildcards à six par an. Pour le reste, KTM n’est pas amnésique … « Augusto Fernandez en est à sa première année en MotoGP et se montre prometteur. Nous avons commis l’erreur d’écarter un rookie trop tôt. Nous ne voulons pas commettre cette erreur une deuxième fois. Augusto est Champion du Monde Moto2. Il mérite une chance équitable en MotoGP. Nous ne voulons certainement pas le perdre. Car qui sait combien de MotoGP nous aurons sur la grille en 2025 ? ». Maintenant, tout dépend de ce que va penser Pol Espargaró de tout ça, lui qui devrait être en mesure de faire six Grands Prix dans la saison s’il devient pilote test …