Fabio Quartararo avait signalé l’échéance d’avant la belle journée consacrant l’arrivée de l’été comme fatidique pour décider de son avenir et il semble qu’elle sera partagée par Taka Nakagami. C’est du moins ce que son actuel patron dans box Lucio Cecchinello suggère, se faisant, au passage, le simple écho de Honda qui décide de tout. Sous les couleurs d’Idemitsu, le Japonais voit de jeunes asiatiques en Moto2 le menacer ouvertement dans un parcours en MotoGP qui n’a pour le moment rien donné de transcendant depuis cinq ans. Nakagami est sous pression, et peut-être même déjà trop pour s’en sortir…
Sur le marché des transferts en vue de 2023, et au-delà, le nom de l’équipe LCR est arrivé parmi les rumeurs aussi diverses que variées avec une option Jack Miller en lieu et place d’Alex Marquez. Au vu des réactions des intéressés, à commencer par celle de l’Australien, qui se dit heureux chez Ducati et sur n’importe quelle Desmosedici, on en est loin. Cependant, ce bruit a aussi éclairé sur le cas de l’autre pilote œuvrant dans le box de Lucio Cecchinello. Soit Taka Nakagami, dont le sort serait déjà bien compromis.
Car la mauvaise situation du Japonais ne date pas de ces derniers jours… Il reconnait en effet : « honnêtement, je suis sous pression depuis le Qatar », déclare Nakagami, qui admet ouvertement sur Motorsport-total : « je n’ai pas montré la meilleure performance lors des premières courses. J’ai un top 10 au Qatar ». Au Portugal, il a terminé 16e en dehors des points du Championnat du monde. Il était en course derrière Pol Espargaró (Honda) et Brad Binder (KTM). Dans le duel avec Binder, Nakagami a touché le pneu arrière de la KTM et il est tombé avant de reprendre la course, mais loin. Aux essais comme au warm up, Nakagami montre toujours de bons chronos. Mais jusqu’à présent, en qualifications et en course, il n’a pas été en mesure d’aller à l’essentiel. Il a également du mal à trouver la sensation optimale pour la nouvelle Honda RC213V.
« Je dois montrer à l’équipe et à Honda que j’ai du potentiel et de la vitesse », déclare le pilote de 30 ans. « Peut-être que j’ai une pression supplémentaire. Mon coach mental m’aide beaucoup. Mes sensations sont meilleures que l’an dernier. La seule chose qui manque, c’est la confiance dans la moto ». Ce qui n’est tout de même pas rien. Pendant ce temps, dans les rangs Honda, on semble perdre confiance dans le pilote japonais. Son collègue de marque Stefan Bradl, qui teste pour Honda, l’a carrément rangé parmi les causes perdues en déclarant : « le pilote Moto2 Ai Ogura s’intégrerait bien dans le MotoGP ».
Taka Nakagami ? « Il lui reste encore un pas à franchir pour gérer la course«
Et qu’en pense son patron de proximité Lucio Cecchinello ? Il se montre prudent, ce qui n’est pas plus de bon augure… « La place de Taka fait partie d’un programme Honda à travers l’Asie », a rappelé l’Italien. « Ce programme commence avec l’Asian Talent Cup et se poursuit avec l’équipe Honda Asia d’Hiroshi Aoyama dans les championnats du monde Moto3 et Moto2. L’objectif à long terme est le MotoGP. Idemitsu est un sponsor Honda, ils ont donc leur mot à dire dans la sélection des pilotes ».
Les fondamentaux posés, voilà la suite… « Taka en est maintenant à sa cinquième année avec l’équipe Idemitsu MotoGP. Je pense que ce sera très important pour lui de se montrer d’ici la fin juin. Ensuite, nous devons attendre et voir si Honda veut déjà promouvoir un jeune pilote de Moto2 en MotoGP pour 2023. On parle d’Ogura ou de Chantra ».
« Nous devons être très prudents avant de dire que Taka n’obtiendra pas un autre contrat » termine l’homme de LCR. « Parce que c’est un pilote très rapide. Peut-être que nous devons l’aider davantage en tant qu’équipe. Il lui reste encore un pas à franchir pour gérer la course. Il est souvent rapide aux essais, super rapide le dimanche matin, mais il manque quelque chose en course ». Ce week-end à Jerez, il devra prouver qu’il mérite sa place.