La situation chez Honda en cette mi-saison du MotoGP est inédite et pas seulement du point de vue des résultats. On sait depuis le Sachsenring qu’un cap a été franchi dans la décadence de la grande maison HRC à qui le Grand Prix d’Allemagne a rappelé le lointain temps des vaches maigres, avec un résultat d’ensemble jamais aussi déprimant que depuis 1982. Mais il y a aussi un problème politique et économique qui commence à se révéler, et d’abord avec ce fait : à part Marc Marquez qui a un contrat jusqu’en 2024, tous ses autres pilotes sont sur le départ. Et aucun nouveau n’a encore été annoncé…
Que se passe-t-il encore chez Honda ? L’attention est portée sur le nouveau raté d’une RC213V et le travail engagé pour revoir sa copie. Mais lorsque la saison reprendra son cours à Silverstone, la situation sur le plan des effectifs en pilotes sera inédite : Marc Marquez sera toujours en convalescence et Stefan Bradl au four et au moulin, soit à la fois testeur et remplaçant du premier cité. Mais il sera surtout le seul pilote assuré de son avenir officiel et encore valide.
Car pour les trois autres, la tête est ailleurs. Alex Marquez a déjà signé pour Ducati Gresini. KTM ne cache pas que l’on prépare le retour de Pol Espargaró. Quant à Taka Nakagami, il sait que Ai Ogura est plus qu’une menace pour son poste. Il faut dire que Honda a fait preuve d’assez de patience avec son compatriote : Stefan Bradl a été embauché pour trois ans en 2012 puis licencié car il n’arrivait pas à monter sur le podium la troisième année. Jack Miller a également dû quitter HRC après trois ans, bien qu’il ait remporté une course.
Pendant ce temps, Alex Rins attend l’officialisation de ce qu’il clame sur tous les toits, soit son arrivée chez LCR. Et surtout, on semble tergiverser sur le cas de Joan Mir comme équipier de Marc Marquez. Le manager du Champion du Monde 2020 qui doit trouver un toit parce que Suzuki quitte la scène s’agace même de cette situation en annonçant que si rien ne bouge plus que ça, son pilote restera à la maison en 2023.
Stefan Bradl est pour le moment le seul pilote valide assuré de rester chez Honda
Tout ça veut dire que, potentiellement, à la reprise du championnat à Silverstone, la marque la plus titrée de l’histoire récente de la course moto ne comptera qu’un seul pilote valide avec un avenir assuré dans ses murs : Stefan Bradl. Un autre fait historique à porter au débit du HRC qui connait une époque troublée, mais qui sait peut-être déjà quelque chose que l’on commence à craindre : le retrait de Repsol.
Respol et Honda, c’est une épopée de plus de trente ans, mais l’enseigne espagnole s’est déjà fendue d’un billet dans lequel elle s’interrogeait sur l’évolution de la catégorie et qui exsudait le doute quant à la continuité de l’investissement. Si Repsol arrêtait les frais, ce serait un coup de tonnerre pour Honda mais aussi pour un paddock qui se remet tout juste de la défection surprise de Suzuki… Une firme qui, en confirmant très officiellement son départ du MotoGP n’empêche plus Honda de faire son annonce de recrutement des deux futurs ex-pilotes de la firme d’Hamamatsu. Elle serait la bienvenue et le faire rapidement rassurerait tout le monde…
