Programmée le vendredi midi du Grand Prix de Valence, cette conférence des représentants des constructeurs présents en MotoGP est passée sur le moment complètement inaperçue.
Pourtant, les propos qui y ont été tenus étaient tout à fait intéressants et on en retrouve fréquemment des bribes, ici ou là et déformées. Aussi, avons décidé de nous retrousser les manches et de nous lancer dans sa transcription intégrale avant, vu sa longueur, de la publier en plusieurs parties.
Étaient présents Livio Suppo (Repsol Honda team Principal), Paolo Ciabatti (Ducati MotoGP Project Director), Lin Jarvis (Yamaha Motor Racing Manager Director), Davide Brivio (Suzuki Team Manager), Romano Albesiano (Technical and Sporting Aprilia Racing Manager) et Pit Beirer (KTM Motorsport Director).
Dans cette première partie, chacun des six représentants des constructeurs a dressé le bilan de la saison 2017, rappelons-le, avant que le Grand Prix de Valence se soit déroulé. Les autres parties concerneront les réponses aux questions des journalistes…
Livio Suppo, Marc Márquez a
été formidable cette année, comme toujours. Notre avis dépendra
sans doute de la course de demain mais pouvez-vous faire un bilan
de cette saison ?
« Bien sûr, parler de la saison avant qu’elle ne soit finie
est un peu étrange, mais quoi qu’il en soit, jusqu’ici, nous sommes
très contents car Marc a remporté six courses et Dani une. Cal a
aussi été sur le podium, bien qu’une seule fois alors que plus
l’année dernière. Nous avons déjà remporté le championnat des
constructeurs, et bien sûr, la plupart des points ont été apportés
par Marc. Dani, avec Dovi, est également le second pilote qui a
fait le plus de podiums cette saison, avec huit unités. Donc je
pense que même si le début de saison n’a pas été tellement facile,
nos ingénieurs ont fait du bon travail et la moto n’a pas été trop
mauvaise. »
Paolo Ciabatti, Ducati est
monté le plus de fois sur le podium depuis 2007. Quel est votre
sentiment sur cette saison 2017 ?
« Évidemment, nous sommes très contents car, comme vous l’avez
dit, c’est le plus grand nombre de podiums depuis 10 ans. Remporter
six courses avec Andrea Dovizioso est évidemment une réalisation
fantastique pour Ducati. D’un autre côté, comme tout le monde le
sait, nous avons peiné un peu plus que prévu avec Jorge,
principalement en début de saison. Mais finalement, après que nous
ayons introduit le nouveau package aérodynamique, il a trouvé le
feeling avec l’avant qui lui manquait et il a amélioré course après
course. Donc, espérons-le, il est maintenant prêt à se battre pour
le podium, ici aussi à Valencia, et, pour la saison prochaine, nous
avons bon espoir de pouvoir réaliser des résultats avec nos deux
pilotes. Nous pouvons également être contents car Danilo Petrucci
est monté quatre fois sur le podium, deux fois deuxième, deux fois
troisième. Ducati est donc très content de cette saison, même si
nous savons que pour dimanche, ce sera une grande montagne à
escalader (rires) et que nous aurions besoin que quelque chose de
spécial se produise. Mais être à la dernière course toujours en
train de se battre pour le championnat est déjà un splendide
résultat. »
Lin Jarvis, ce n’est pas
habituel d’être à la dernière course et de ne pas voir Yamaha se
battre pour le championnat. Ce n’est un secret pour personne que
l’année a été difficile. Quel est votre sentiment à ce sujet
?
« Au moins, nous sommes certains de notre résultat, car nous
savons déjà que Maverick sera au moins troisième dans le
championnat. Ce n’est donc pas, sur n’importe quel plan, une année
désastreuse. Nous avons remporté quatre courses, trois avec
Maverick en début de saison et une avec Vale à la mi-saison.
Évidemment, cette histoire de remporter des courses en début de
saison avec Maverick, mais plus depuis, est un peu le résumé de
notre année. Nous avons commencé les tests hivernaux dès l’année
dernière en y étant très forts, nous avons commencé les premières
courses super forts, nous avons gagné trois courses sur les quatre
ou cinq premières, puis nous avons rencontré des difficultés. Des
difficultés là où on ne s’y attendait pas, sur des pistes où
normalement, nous excellons. Nous avons donc connu une année
difficile d’un point de vue technique, à essayer de résoudre les
problèmes sur lesquels nous butions, à savoir principalement quand
l’adhérence était faible, que ce soit à cause de l’asphalte ou de
la pluie. Depuis ce moment, nous avons peiné et travaillé pour
trouver de l’adhérence en changeant de châssis et pour nous
améliorer. Parfois, nous en sommes arrivés à une situation un peu
désastreuse. Motegi en est un bon exemple, avec un résultat très
très décevant. Et juste quand vous pensez que c’est vraiment
terrible, vous vous rendez à Phillip Island et vous avez de
l’adhérence, le soleil brille et tout devient merveilleux car nous
sommes en mesure de nous battre jusqu’à la fin de la course pour
remporter la course. Nous avons donc connu ces situations aux
antipodes et cela a été une dure année. Évidemment, nous avons
également subi les blessures de Valentino qui s’est blessé à chaque
fois avant son Grand Prix à domicile. D’abord avant le Mugello avec
son accident de motocross, puis en se fracturant la jambe avant
Misano. Mais il a rebondi et ce n’a donc pas été une mauvaise
année, même si, évidemment, nous nous devons de faire mieux. Nous
ne sommes pas dans le Top 2, donc nous avons du travail à faire.
D’un côté positif, j’aimerais faire un commentaire sur Johann
Zarco. Je pense qu’il peut être fier d’avoir de remporter le titre
de meilleur Rookie et le titre de meilleur pilote indépendant. Et
il a montré que notre niveau de base était bon ! Et pour
battre ces gars (Livio Suppo et Paolo Ciabatti), nous devons
progresser ! »
Davide Brivio, avec vos
deux nouveaux pilotes, 2017 a été une sorte d’année d’entraînement.
Comment la résumeriez-vous ?
« Je dois dire que d’un certain point de vue, cela été une
saison assez intéressante pour nous car nous sommes à notre
troisième saison depuis notre retour. L’année dernière a été plutôt
bonne, probablement meilleure que ce à quoi nous nous attendions au
début, et cette année, nous nous sommes davantage retrouvés les
pieds sur terre (rires). Mais cela a été intéressant car nous avons
beaucoup appris et nous sommes passés par des moments très
difficiles. Donc oui, nous avons changé nos deux pilotes et cela a
probablement affecté nos décisions pendant l’hiver. Je veux dire,
en ce qui concerne des choix techniques et des décisions
techniques, car pendant que les pilotes essayaient de comprendre et
de connaître la moto, nous leur avons également demandé de faire
des choix importants, et pendant la saison nous nous sommes aperçus
que nous n’avions peut-être pas pris la bonne direction. Mais en
même temps, nous avons passé la plupart de la saison à progresser
après ce problème, donc nous avons appris. Nous avons mobilisé nos
forces pour explorer différents domaines dans lesquels nous
pouvions améliorer la moto. Maintenant, en regardant vers la
prochaine saison, nous essaierons de mettre tout ensemble pour
améliorer les domaines nous avons été faibles cette année. Et
j’espère, je ne le sais pas mais je vous le dirai plus tard,
j’espère que nous devrions avoir un meilleur package la saison
prochaine pour nous permettre d’essayer d’éviter les erreurs et
d’améliorer les domaines où nous pensons que nous avons été
faibles. Les pilotes connaissent également bien mieux la moto, en
particulier Andrea avec une expérience d’une année. Bien sûr, Alex
Rins a manqué la moitié de la saison à cause de deux grosses
blessures, la première en novembre et la seconde en avril, avant
l’Argentine puis de nouveau à Austin. Et depuis qu’il est revenu à
Assen, il a amélioré, amélioré, amélioré à chaque course depuis
Brno, il a toujours appris un petit quelque chose pour lui-même.
J’espère donc que l’année prochaine, nous pourrons mettre tout
ensemble ; les pilotes auront de l’expérience avec la moto, et
la moto devrait être meilleure. Nous verrons. Je dirais que cette
saison difficile a été un investissement pour le futur
(rires). »
Romano Albesiano, vous avez
également eu un nouveau pilote cette année, Sam Lowes. Êtes-vous
content du développement de la moto cette année ?
« De façon catégorique, cela a été une saison positive d’un
point de vue du développement de la performance. Nous avons atteint
un niveau que, honnêtement, nous n’attendions pas. OK, un côté du
garage a été très fort, et l’autre côté du garage, non. Nous avons
eu cette année des performances fantastiques de la part d’Aleix et,
malheureusement, nous n’avons pas obtenu la même chose de la part
de Sam. Mais du point de vue du développement de la moto, nous
sommes très heureux. Je pense que nous devions clarifier le fait
que la moto puisse se battre avec les meilleures motos. Nous avons
également appris beaucoup de choses cette année ; nous avons
été forts dans les deuxièmes parties de course dès le début de
l’année mais nous peinions beaucoup durant la première partie, donc
nous avons appris comment faire fonctionner la moto aussi en début
de course. Nous ressentons que nous sommes plutôt prêts d’un point
de vue technique. Nous devons encore être plus réguliers et faire
moins d’erreurs de notre côté, et les pilotes doivent aussi être
plus réguliers. Si vous regardez le nombre de points que nous avons
marqués au classement, nous devrions être déprimés, mais si vous
regardez d’un autre côté, nous devons être très heureux. C’est ce
que nous ressentons : très heureux et très positifs pour la
prochaine saison. »
Pit Beirer, est-ce que les
résultats obtenus cette année ont dépassé vos attentes
?
« Tout d’abord, je voudrais remercier Dorna et tous les
collègues ici présents pour nous avoir accueillis chaleureusement
dans le paddock pour notre première saison. Cela a vraiment été
fantastique et nous somme fiers de faire partie de cette
compétition de première classe qui est la meilleure compétition au
monde. D’un autre côté, oui, la saison a été fantastique, mais
difficile pour nous. Nous avons un immense respect et avant
d’arriver, nous nous sommes préparés du mieux possible mais vous ne
pouvez pas vous préparer pour votre première saison en MotoGP. Nous
avons donc dû apprendre chaque jour et chaque heure dans ce
paddock. Mais oui, je pense que les choses se sont bien passées et
mieux que ce que nous attendions. Nous avons débuté très loin sur
la grille au Qatar, il faisait sombre, il pleuvait un peu, nous
étions sur la dernière ligne et on ne pouvait presse pas voir la
ligne de départ… Puis, nous avons fait une deuxième ligne il y a
quelques semaines, donc cela a été définitivement un développement
fantastique. Nous sommes très contents et notre team a fait un
travail fantastique. Je dois remercier tous les pilotes de notre
équipe pour avoir fourni beaucoup d’efforts. Oui, nous sommes
heureux, et nous ressentons que nous sommes très fiers d’être dans
ce paddock, comme je l’ai dit au début, de faire partie de ce
spectacle de motos de première classe. »