Le pilote espagnol effectue son grand retour en Championnat du Monde via le MotoE et s’est entretenu avec Marca pour parler de ses motivations et objectifs.
Cela fait douze ans que Sete Gibernau n’a pas roulé au niveau mondial, mais il a pris la décision de participer au tout nouveau Championnat de MotoE l’an prochain au sein de l’équipe de Sito Pons. Le public a donc pu le découvrir en piste lors du tout premier test officiel organisé à Jerez en novembre.
Cette annonce a surpris tout le monde car, après autant d’années, personne ne s’attendait à revoir le double Vice-Champion du Monde de 46 ans au plus haut niveau. Lui non plus d’ailleurs : « J’ai eu des propositions pour revenir en Mondial durant ces douze dernières années, et également pour les motos électriques. Beaucoup de personnes me faisaient des commentaires du genre « pourquoi tu ne le fais pas ? » Mais ils me le disaient simplement parce qu’ils savaient que j’allais dire non. Et ma réponse était non, mais le seul à avoir posé la question et insisté a été Sito. »
Bien évidemment, après autant d’années loin du sport de haut niveau, il va falloir que le pilote espagnol se remette en forme, mais son programme est assez simple et il reste parfaitement conscient de ses limites : « Je vais rouler à moto. Cela fait un an et demi que je ne le fais plus, même à la maison car entre ma fille et mes autres projets, je n’avais plus trop le temps. Je me fiche que l’on dise que je ne suis pas à la hauteur. Je sais pourquoi je reviens. Je reviens avec toute la joie et toute l’humilité de savoir que j’ai deux fois l’âge de presque tous les pilotes que je vais affronter et que cela fait douze ans que je n’ai pas couru en Mondial. Je sais tout cela. Personne n’a besoin de me le dire. C’est moi qui suis cinglé ! Lorsque je me vois dans les journaux je me dis que je suis fou. Mais en même temps cela me fait tellement plaisir de prendre part à ce projet. Ils sont en train de créer quelque chose que je veux partager avec tout le monde. C’est quelque chose que je n’avais pas lorsque je courais. A cette époque, j’avais un objectif pour moi-même, tandis qu’aujourd’hui je souhaite que les gens avancent avec nous. On l’a proposé à beaucoup de personnes de mon âge, ils ont tous dit non, sauf moi. »
L’idée de revoir Gibernau se battre pour la victoire rappelle forcément ses passes d’armes du MotoGP et surtout le titre qu’il n’a jamais remporté. Celui-ci pourrait donc, en quelques sortes, être compensé par un possible sacre en MotoE, mais le Catalan voit les choses autrement : « Pour moi ce n’est pas comparable. C’est simplement une autre étape. A l’époque j’exigeais, pour moi-même, de gagner car j’avais les capacités, l’âge, l’envie et c’était le moment. Avoir cette mentalité aujourd’hui serait une erreur. J’ai passé douze ans chez moi, dont les deux derniers à ne pas dormir et à donner des biberons, je ne peux pas arriver en pensant que je vais être le plus rapide. Que va-t-il se passer ? Je ne sais pas, je crois juste en moi. Mais ce n’est pas la raison qui me fait être là. Si je termine dixième, je serai content. Quatorzième, pareil. Avant, ce n’était pas le cas. »
C’est en tout cas un Sete Gibernau heureux et plein de rêves qui s’apprête à aligner sa machine sur la grille en 2019 : « J’aimerais que les gens voient que même à 46 ans on peut continuer à avoir des rêves et à se réinventer du moment que l’on a des opportunités, et la vie nous les offre. Il n’est jamais trop tard pour poursuivre un rêve. C’est bien sûr différent, mais il n’y a pas qu’à 20 ans que l’on peut rêver. A 46 ou 60 ans on le peut également du moment que l’on ne se ment pas à soi-même. »