Il n’avait pas goûté aux joies de la victoire depuis le Motegi 2017, et il était revenu dans le paddock des Grands Prix après une attitude en course contre un adversaire qui l’avait voué aux gémonies. Poursuivi jusque dans sa vie privée, il avait été mis au ban par ses pairs. Lorsque son retour a été annoncé en Moto3, au sein du team Snipers qui l’avait lâché au moment de l’incident en Moto2, beaucoup étaient curieux de voir comment cela allait tourner. Lors du Grand Prix d’Autriche, on a vu. Et c’est tant mieux…
Romano Fenati en a donc a priori fini avec son purgatoire. Le voilà à nouveau vainqueur et même objet de sollicitations en vue de 2020. Une situation qu’il doit à un homme pour le coup providentiel : Stefano Bedon, le responsable de l’équipe Snipers. Ce dernier a déclaré dans un entretien accordé à la Gazzetta dello Sport : « c’était la clôture du cercle. J’ai toujours eu le doute qu’il avait peur de monter sur le podium, d’entendre les sifflets du public. Revenir dans le paddock en croisant les autres pilotes l’embarrassait. Nous nous sommes enfermés autour de lui pour le protéger ».
« Après le Qatar, il a eu une sorte de répulsion. Déjà là, vous avez vu qu’il faisait des trajectoires anormales, évitait le peloton, il ne voulait pas être dans le groupe, il considérait ça comme dangereux. Dimanche à Zeltweg, il a fait la course parfaite, il a pris la tête et il est parti ».
Malgré l’opportunité qui lui était offerte alors que beaucoup ne voulaient plus parier sur lui, il n’était pas facile pour Fenati d’accepter la relégation en Moto3. Mais d’ici 2020, un nouveau saut en Moto2 est attendu. Bedon confirme : « je ne l’ai jamais vu aussi heureux que dimanche, c’était la fin du cauchemar. Lui faire refaire du Moto3 était peut-être une erreur. En Moto2, il aurait eu une charge différente, mais il n’y avait pas d’autre choix. Maintenant, il a des offres de Biaggi et KTM pour le Moto3, mais en 2020, il doit courir en Moto2 ».
L’option la plus citée est un passage dans l’équipe Gresini, qui devrait également accueillir Nicolò Bulega, en partance du groupe Sky Racing Team VR46 : « les chances sont excellentes. C’est une équipe très professionnelle et après trois ans, Romano a besoin de changer d’air. Il n’a plus besoin d’une équipe familiale, mais d’une équipe qui travaille de manière plus schématique ».