S’extasier sur la douzième place de John McPhee en Autriche peut sembler excessif, sauf que derrière cette position finale se cache une remontée admirable, comme le prouve l’étude des chronos tour après tour telle qu’elle figure ci-dessous. Son team manager Alain Bronec nous explique ce week-end compliqué.
En Autriche, John McPhee a réalisé le meilleur temps de la deuxième séance d’essais libres, ça vous a donné confiance dans l’équipe ?
« Oui, effectivement. On savait que John roulait vite en Autriche et que les KTM y étaient performantes. Nous n’avions pas de soucis particuliers et nous sommes arrivés assez confiants. Ce meilleur temps de la deuxième séance d’essais le confirmait. »
McPhee a été crédité du 30e temps lors des qualifications en Autriche, ce qui l’a contraint à partir dernier. Pourquoi cette place sur la grille ?
« La difficulté est qu’il a beaucoup plu avant le début des qualifications. La piste était légèrement séchante mais il est vrai que nous sommes tous partis en pneus pluie. John a fait une petite chute dans le premier run. Ça l’a contraint à rentrer au stand, où nous avons pu réparer, puis le faire repartir.
« La piste était en train de sécher mais après sa chute John avait besoin de se rassurer et il a voulu repartir avec un train de pneus pluie pour essayer de comprendre ce qui s’était passée et assurer un temps.
« Il est tombé à nouveau lors d’un gros freinage en bloquant la roue avant. L’amortisseur de direction a été tordu, ce qui a fait qu’il n’a pas pu ramener la moto. C’était à 12 minutes de la fin et il nous a été impossible de repartir. Son chrono a donc été réalisé sous la pluie puisque c’était celui du deuxième tour lancé du premier run. »
John était 16e au huitième tour, soit au premier tiers de la course (8e tour sur un total de 23), 13e à la mi-course, puis 7e à 2 tours de la fin. Malheureusement Fabio di Giannantonio élargissait et emmenait l’Ecossais du CIP avec lui, qui ne pouvait franchir que 12e la ligne d’arrivée. Pour toi, a-t-il fait une belle course ?
« Si on examine la course point par point, le départ a été assez moyen. Il est parti dernier et il n’a pas vraiment gagné de place au départ.
« Ensuite il a commencé à prendre confiance dans ses pneus et à attaquer. A partir du quatrième ou du cinquième tour, il a vraiment augmenté le rythme et a commencé à remonter. Ce qu’il a fait de très intéressant, c’est qu’il a réussi à rattraper un groupe, puis à s’en extraire pour rejoindre le groupe précédent, pour s’en extraire à nouveau, et ainsi de suite.
« Au 22e tour (sur 23), il menait le deuxième groupe, derrière le premier formé de Bezzecchi, Martin, Masia, Arenas, Bastianini et Dalla Porta. Et là, on ne peut que regretter de ne pas être parti depuis la deuxième ou la troisième ligne de la grille de départ, parce que vu le rythme qu’il avait, il aurait été de toute façon dans le groupe de tête. Bien sûr, on ne peut pas refaire la course après, mais on voit nettement son potentiel actuel.
« Nous sommes également content de la course de Stefano Nepa qui découvrait le circuit et qui a beaucoup progressé autant sur piste mouillée que sur piste sèche. »
Comparaison des temps au tour de Bezzecchi et de McPhee :
Le plateau est maintenant à peu près complet pour la catégorie MotoGP. Pour 2019, on parle de McPhee en moto3. N’est-il pas un peu étonnant qu’à 24 ans il ne s’essaie pas à la Moto2 ?
« C’est une question d’opportunité. Je ne suis pas son manager, mais je pense qu’il était intéressé pour aller en Moto2, avec le nouveau moteur et la nouvelle électronique. Mais il y a des pilotes Moto3 qui ont déjà signé en Moto2, donc il ne reste pas beaucoup de bonnes places. Toutefois, je pense que son objectif pour l’avenir est de passer en Moto2. »
Pour ton équipe, as-tu déjà une idée de tes pilotes pour l’année prochaine ?
« En cette période de l’année, les choses sont toujours un peu compliquées. Toutefois les résultats qu’on fait en ce moment montrent le potentiel de nos pilotes, mais aussi celui de l’équipe qui arrive à fournir une bonne moto à ses pilotes, plus de 20 dépassements en course pour John, malgré peu d’essais et des chutes.
« On a réussi à faire une bonne course en Autriche compte tenu des circonstances, même si le résultat n’a pas été tout à fait là. Donc on a des pilotes qui nous sollicitent pour qu’on essaie de travailler ensemble. »
Tu n’as pas de nom à nous donner ?
« Il est trop tôt pour donner des noms, nous en saurons plus à Silverstone. »
Photos © CIP Green Power et motogp.com / Dorna