La saison 2018 s’est soldée pour l’équipe d’Alain par deux podiums obtenus par John McPhee, les troisièmes places en Allemagne et à Valence, alors que l’année précédente son pilote rookie Marco Bezzecchi montait sur la troisième marche du podium à Motegi, alors sur une Mahindra. Pour 2019, Bronec entame la saison avec deux nouveaux pilotes : le Sud-Africain Darryn Binder et le Britannique Tom Booth-Amos toujours sur des KTM RC250GP aux couleurs CIP-Green Power.
Après la 7e place au Championnat de l’Ecossais John McPhee en 2017 sur Honda, avec deux deuxièmes places et une troisième, on s’attendait à un peu mieux que sa douzième place cette année. A-t-il eu du mal à exploiter au mieux sa KTM ?
« Il y a eu effectivement un changement un peu compliqué pour John car il est passé d’une Honda à une KTM, et il a donc fallu que nous nous adaptions un petit peu à son pilotage, pour lui donner confiance.
« Il faut quand même restituer ses performances dans leur contexte : John a chuté quatre fois dans le dernier tour alors qu’il était virtuellement sur le podium. Je prendrais comme exemple les Grands Prix du Qatar et d’Assen, comme celui de Brno où il a été victime d’une crevaison.
« Il est vrai que si on avait eu les seize points de la troisième place parfois en plus au Championnat, ça aurait fait pour nous une très grande différence.
« Nous nous sommes positionnés quatre fois sur la première ligne cette année, et donc avec en plus deux podiums, c’est une bonne saison, et nous regrettons juste que John n’ait pas pu finir certaines courses. »
Darryn Binder est le frère de Brad, Champion du Monde Moto3 en 2016 chez Red Bull KTM Ajo. Il a roulé dans la même équipe en 2018, mais avec moins de succès. Il n’a pas eu beaucoup de chance, victime notamment de blessures (qui entraînaient plusieurs forfaits, à Jerez et en Allemagne), et doit redorer son blason. Penses-tu que sa motivation soit intacte ?
« Darryn et moi avons longuement parlé ensemble lors de la dernière course à Valence. Nous avons signé ensemble notre contrat le samedi du GP au Japon… et le lendemain il montait sur le podium !
« Sa motivation est très grande pour se relancer car c’est vrai que son année 2018 a été difficile. Il connait bien la KTM car ça sera sa troisième saison consécutive sur cette moto. Nous sommes confiants dans son envie de faire des performances excellentes tout au long de cette année avec nous. »
Tom Booth-Amos n’a effectué qu’un seul Grand Prix, en wild card, terminant 21e à Silverstone en Moto3 en 2017 sur une KTM de l’équipe City Lifting/RS Racing. Champion national en Supermotard en 2011, 2012 et 2013, il a remporté le Championnat britannique (BSB) Moto3 en 2017, ainsi que la British Talent Cup la même année, sur KTM. En 2018, il participait au Championnat du Monde Junior, dans le cadre du CEV Moto3, avec comme meilleur résultat une 5e place à Albacete, sur Honda. Alain, penses-tu que son retour sur KTM lui sera profitable ?
« En 2018, son année a été centrée sur sa récupération après ses blessures, il s’est cassé le radius et le cubitus, a été opéré. Son retour trop précoce a limité ses résultats et a rendu sa saison compliquée.
« Pour cette année, ces problèmes sont derrière lui et son envie de rouler sur notre moto KTM, après avoir été Champion du Royaume-Uni sur une machine de cette marque, augmente ses chances de réussite.
« Son style de pilotage correspond assez bien à ce dont on a besoin sur une KTM en Moto3, en particulier la manière de gérer le frein.
« Notre objectif premier est de travailler avec lui pour lui donner confiance. C’est sa première année en Grand Prix, il est impatient et donc nous prendrons du temps pour canaliser son empressement à faire des résultats, afin qu’il termine les premières courses. »
Que penses-tu du nouveau format des qualifications en Moto3 ?
« Il fallait faire quelque chose parce que les dix dernières minutes de la séance qualificative étaient compliquées : tous les pilotes sortaient au même moment.
« Il y avait aussi un autre problème : même si on essayait de faire partir nos pilotes avant ces dix minutes-là quand tout le monde sortait des stands, ils se retrouvaient quand même à rouler avec d’autres pilotes qui s’élançaient des boxes.
« Je pense que se placer directement dans la Q2 à partir du vendredi va vraiment obliger tout le monde à sortir des stands et il y aura un petit peu moins de monde pour la Q2 qui déterminera la pole position. Il n’y aura plus alors que quinze pilotes sur la piste, ce qui sera intéressant. »
Jorge Martín, Marco Bezzecchi, Fabio di Giannantonio, Enea Bastianini, Nicolò Bulega et Philipp Öttl passent en Moto2. Qui vois-tu parmi les favoris pour le titre en Moto3 en 2019 ?
« Avec les quatre premiers du Championnat qui sont partis, le pronostic n’est pas facile. Par exemple il faut considérer un jeune comme Ayumu Sasaki (Petronas Sprinta Racing) qui s’est qualifié deux fois troisième et deux fois quatrième, et qui a terminé septième en Autriche, huitième au Qatar, neuvième au Japon et deux fois dixième. Il va rester des pilotes qui ont deux ou trois ans d’expérience, comme Darryn qui va effectuer sa troisième année avec la KTM. Nos objectifs sont d’accrocher un top cinq final. »
Photo du podium de Motegi en 2018 : Lorenzo Dalla Porta, Marco Bezzecchi et Darryn Binder
Photo de titre : Thomas Booth-Amos et Alain Bronec. Ci-dessus avec l’équipe.
Photos © CIP Green Power, motogp.com / Dorna, Gold & Goose et Chippy Wood pour KTM