Après notre interview de Lorenzo Fellon au retour du Texas, voici le communiqué de presse du team SIC58 Squadra Corse de Paolo Simoncelli.
Et si nous voyons le verre d’Austin à moitié plein, ne serait-ce que par le premier point inscrit, mais pas que, le propriétaire de l’équipe italienne semble plutôt le voir à moitié vide, se déclarant certes satisfait du bout des lèvres mais expliquant aussi qu’on n’est pas passé loin de la crise…
Nous sommes passés de la chaleur humide de l’Indonésie à la chaleur torride de l’Argentine et enfin au temps variable et fou du Texas. Trois voyages difficiles et fatigants, trois courses complètement différentes en termes de climat et de températures, et c’est peut-être aussi pour cela que les performances ont été un peu irrégulières, comme la météo. Ces voyages nous ont mis à l’épreuve, nous nous sommes posés beaucoup de questions et nous avons dû faire face à des moments difficiles, ce qui a conduit à la quasi-rupture de samedi…
J’avais oublié combien il est difficile de travailler avec de très jeunes pilotes, qui débutent dans le championnat du monde, comme Fellon qui n’a pas encore d’histoire ou comme Rossi qui essaie d’en écrire une. J’avais oublié cela après tant d’années avec Tatsuki et Antonelli, qui sont maintenant des vétérans matures du Moto3. Il est difficile d’aligner les cartes lorsque les coureurs sont si différents. Lorsque vous travaillez avec votre fils, vous apprenez à le connaître, il grandit avec vous, vous apprenez à travailler et à gérer le weekend de course ensemble, vous entrez automatiquement dans une symbiose. Ici, par contre, vous devez gérer chaque année un garçon que vous ne connaissez pas, qui a déjà ses propres habitudes et rythmes et vous êtes un parfait inconnu pour lui.
Avec Riccardo Rossi nous avons passé des semaines de hauts et de bas, une course indécente en Indonésie l’a fait réfléchir et en Argentine il a fait une course incroyable. Il m’a avoué l’émotion d’avoir enfin pensé « Ici, je peux monter sur le podium ! », une pensée jamais effleurée jusque-là. Au Texas, une chute survenu le vendredi l’a malheureusement fait dévier de sa route et lui a valu deux jours difficiles.
Fellon se développe, nous essayons de résoudre certains de ses problèmes de pilotage, mais lorsque samedi il n’a pas pu boucler un tour chronométré en 15 minutes, cela m’a rendu furieux. Pour un pilote du championnat du monde, il est inacceptable de ne pas se qualifier. Attendre de prendre l’aspiration de quelqu’un, hésiter dans le box et ensuite perdre la chance de faire un temps est de la folie pour moi. Samedi soir, j’aurais bien fermé les portes et pris le premier vol de retour, mais après un briefing au cours duquel il ne m’a fallu que quelques mots pour me faire comprendre, j’ai reporté toute décision sensée au dimanche… où enfin, pour la toute première fois, j’ai vu sur la grille un Fellon calme, qui s’apprêtait à faire ce qu’il aime : la course. Il a terminé 15e, gagnant ainsi son premier point au championnat, et je suis satisfait de la course qu’il a réussi à faire. Je suis également satisfait de la course de Rossi, qui est parti de la 17ème place et qui a failli réaliser le meilleur temps au tour, prenant la 9ème place. Cela a aussi augmenté ma colère car il pourrait et devrait toujours être parmi les 5 premiers pilotes.
Et maintenant, une pause dans les courses extra-européennes, puisque nous allons rester plus près de la maison, et nous allons aller à Portimão. Nous avons eu des semaines intenses, nous avons touché le fond et ce doit être le GP pour redémarrer de la meilleure façon possible, pour les deux pilotes et pour nous tous.
-PaoloSic58-