C’est une catégorie Moto2 bien différente de celle qui était en place depuis 2010 qui va se lancer dans la saison 2019. Comme une nouvelle histoire avec un nouveau moteur. Mais aussi des châssis en moins. Parmi ceux qui ont rendu leur dernier souffle, il y a le français Mistral 610 voulu et assumé par l’équipe Tech3. Une gageure, un défi relevé par les hommes d’un Hervé Poncharal qui se dit fier de cette aventure « incroyable ».
Tech3 n’a pas lâché la discipline intermédiaire des Grands Prix lorsque celle-ci est passée des 250 deux temps aux 600 quatre temps. A tel point que les tricolores ont décidé de partir au front comme constructeur. Et non comme assembleur de Kalex, Suter et autres Moriwaki. Bien que plusieurs autres équipes de MotoGP satellites aient, à l’époque, déclaré être intéressées par la création de leur propre machine Moto2, seul Tech3 a finalement relevé le défi.
Le patron Hervé Poncharal se souvient sur crash.net : « nous sommes une équipe. Nous avons des ressources limitées en termes de main-d’œuvre et de budget et nous devons nous battre avec des fabricants comme KTM ou même Kalex… Mais nous l’avons fait parce que c’était une idée folle ! Et nous l’avons fait pendant neuf ans. Nous étions compétitifs en termes de podiums et de victoire. Mais maintenant, nous fermons ce chapitre et en ouvrons un autre sans aucune tristesse. Pas du tout. Cela fait partie de notre aventure. C’est une partie de notre vie ».
Une aventure qui a aussi beaucoup aidé le team dans sa connaissance technique : « nous avons beaucoup appris. Parce que lorsque vous construisez une moto complète autour d’un moteur – châssis, aérodynamisme -, vous comprenez de nombreuses choses qui ont clairement aidé tous les membres de l’équipe à évoluer en ingénieurs. Et lorsque vous parlez à un nouveau fabricant tel que KTM, vous pouvez leur faire part de votre expérience. De plus, lorsque vous devez monter une moto, vous comprenez parfois mieux et plus vite que si vous ne travailliez que comme mécanicien dans un garage ».
Le Français termine : « la Mistral était un projet Tech3 interne et artisanale et tout le monde – même les gars de MotoGP – participait à cette aventure. Je pense donc que cela a élevé le niveau technique de chacun des membres de l’équipe Tech3 ».
Mais à présent, il faut faire autrement : « c’est bien d’avoir beaucoup de projets, mais parfois, si vous êtes un manager avisé – et j’essaie de l’être ! -, vous devez aussi comprendre qu’il y a une limite. De plus, lorsque nous avons lancé le projet de châssis Moto2, il y avait moins de courses. C’était donc une aventure incroyable, mais nous avons maintenant de nouvelles aventures : aider KTM à se développer en MotoGP, à les accompagner également en Moto2 et à s’impliquer en MotoE. Tellement d’autres choses encore… »
On rappellera que la Mistral 610 a remporté la victoire entre les mains de Yuki Takahashi lors de sa première année, le dernier de ses six podiums revenant de Xavi Vierge au Motegi en 2017. Dans l’intervalle, Bradley Smith a remporté le plus grand nombre de podiums (trois) avec cette moto, tous en 2011, avant de rejoindre le MotoGP pour la même équipe française.