C’est un patron Sito Pons légèrement agacé et assez critique qui s’est ouvert sur son pilote Alex Rins. Prétendant au titre de Moto2 après être arrivé d’un Moto3 où il a laissé filer par deux fois l’occasion d’être couronné, Rins semble avoir le don de se disperser et de gâcher un talent certain mais qui a besoin de concentration pour s’exprimer. Alors que la saison va reprendre le 12 août prochain en Autriche avec 25 points de retard sur Johann Zarco, Sito Pons appuie où ça fait mal et espère ainsi remobiliser son poulain sur l’essentiel : le titre mondial.
Sito Pons en a vu passer des champions dans son écurie de Moto2. Les frères Espargaró s’y sont révélés, avec un Pol titré en 2013, Tito Rabat s’y est formé et Maverick Viñales a pu montrer tout le bien que l’on pensait de lui. Tout ce beau monde est à présent en MotoGP, une catégorie qui est aussi assurée pour son nouveau fer de lance Alex Rins déjà verrouillé par Suzuki. Pour peu, on croirait voir Rins marcher sur les traces de Viñales. Justement, quelle comparaison peut-on faire entre les deux hommes ? « Les deux sont très bons » commencent prudemment le patron sur Pecino.GP. « Mais avec Maverick, les choses viennent plus naturellement alors que pour Alex, ça demande plus d’efforts ».
Il précise : « lorsque Maverick rentrait au box, tout coulait de source, tout semblait plus facile. Alex est capable d’être aussi performant et aussi efficace que lui mais ça lui demande plus d’effort et de concentration pour s’exprimer au même niveau ». Un constat qui tourne ensuite à la critique : « Johann Zarco est son seul rival pour le titre ». Une évaluation qui ne manquera pas de faire plaisir à Sam Lowes. « J’ai dit à Alex que seul Zarco devait occuper ses pensées, être son obsession, être son reflet dans le miroir tous les matins. Je lui ai dit d’oublier son twitter, les lunettes de soleil et tous ces trucs futiles qui n’ont pas de sens. Il faut être verrouillé sur Zarco s’il veut être Champion du Monde ! Il n’y a pas d’autres manières pour réussir ».
« Sur ce point, Viñales était plus cohérent. Lorsqu’il arrivait sur un circuit, il savait très bien pourquoi il était là. Il ne pensait pas à autre chose que de faire son travail. C’est à Alex de décider de son rôle dans ce championnat. Il n’a pas le droit de rater cette opportunité. L’an prochain, il sera en MotoGP et y gagner y sera bien plus compliqué. Tout est dans ses mains, tout dépend de lui ». Selon Sito Pons, Alex Rins ne se donne donc pas tous les moyens pour réussir. De quoi écorner une réputation, brûler une auréole. Mais celui qui a contacté Fabio Quartararo pour le poste en Moto2 en 2017 regarde aussi les résultats : « Rins a lâché 56 points à Zarco sur les quatre derniers Grands Prix. Psychologiquement, la balance penche du côté de Zarco. Et entre deux pilotes d’un niveau similaire, c’est ce qui fait la différence ». Voilà qui est dit. Et qui met la pression sur un Rins qui ne pourra plus mettre en avant son contrat Suzuki en MotoGP pour faire passer la pilule d’un nouvel échec dans la conquête d’un titre mondial.