Cette saison en Grand Prix n’est pas de tout repos pour une usine KTM qui ne peut que compter sur l’enthousiasme et le courage de Pol Espargaró en MotoGP pour avoir matière à satisfaction. Car ailleurs, c’est morne plaine. Les autres pilotes en RC16 sont loin du compte tandis que la bataille est rude en Moto3 face à des Honda qui mettent les machines autrichiennes sous pression. Mais le pire est vécu en Moto2 où le châssis n’est pas dans le coup. Pire, le cap est perdu. Mattighofen en est à son troisième cadre après six courses sans résultat et KTM cherche maintenant un nouveau chef de projet qui serait le troisième depuis le début de l’année…
La crise est réelle chez KTM en Moto2. Dans trois des six Grands Prix de Moto2 2019, aucun châssis de la marque ne figurait dans le top dix. La troisième version du châssis s’est avérée être un flop. Maintenant, un nouveau designer est fébrilement recherché.
KTM avait déjà remplacé le project manager Raimund Mandl par Kevin Ranner après les premiers tests compliqués de janvier dernier à Jerez, mais les deux cadres aciers qu’il a amenés n’ont pas été des succès. Pour Le Mans et le Mugello un bras oscillant plus rigide a été présenté, sans plus de réussite.
KTM n’a placé aucun des neuf pilotes de Moto2 dans le top 10 à Doha / Qatar, pas même dans le top 15 au Texas. Brad Binder a même testé l’ancien châssis (version 2) entre Las Termas et Austin à Jerez.
Lors des deux dernières qualifications au Mugello, une seul KTM figurait parmi les 18 meilleures machines. Le champion du monde de Moto3, Jorge Martin, a pris le départ à la douzième place de la grille, à 0,647 seconde du poleman Marcel Schrötter. Le Bavarois peut être heureux chaque jour de ne pas avoir donné suite en juin 2018 à l’offre Red Bull KTM. Avec sa Kalex, il a déjà conquis trois pole positions en 2019 et deux podiums (3ème à Doha et 2ème à Austin). KTM attend toujours le premier podium en 2019.
On rappellera enfin que Brad Binder, champion du monde de Moto3 2016, trois fois vainqueur du Grand Prix 2018 et troisième du Championnat du monde, occupe la dixième place après 6 courses sur 19, à 49 points du leader Baldassarri …
Autant d’éléments qui exaspèrent le patron de la marque Stefan Pierer qui cependant, reste ferme sur ses bases : KTM poursuivra avec la philosophie du cadre tubulaire acier. « Les châssis en acier font partie de l’ADN de KTM. C’est une religion pour nous « , a déclaré Stefan Pierer. Ce sera la feuille de route du nouveau chef de projet. Qui reste cependant encore à trouver… ».
Et les noms sont rares sur le marché. Selon Speedweek, deux sortent du lot. Il y a d’abord l’Espagnol Xavier Soldevila qui travaille depuis plusieurs années dans le team usine MotoGP. Il a conçu une machine Moto2 appelée FTR M210 chez FTR pour le compte du chef d’entreprise Steve Bones pour le rapide espagnol Alex Debón en 2010. Soldevila a ensuite construit un châssis pour les équipes de Moto3 Honda chez FTR pour la saison 2012, faisant de Maverick Viñales presque le champion du monde. Soldevila serait une solution évidente car KTM est sous la pression des équipes, des pilotes et de son partenaire Red Bull.
Il y a aussi Alex Giussani qui a construit pour Suter Racing les machines Moto2 à châssis en aluminium. En 2011 et 2012, ses motos ont remporté le titre de champion du monde de la marque et, en 2012, Marc Márquez a également remporté le titre de champion du monde de pilote Moto2. Il y a un an, Giussani a construit le nouveau cadre en acier tubulaire, qui est maintenant utilisé par Aegerter et Manzi, pour le compte de MV Agusta à Suter Industries à Turbenthal (CH).
Cela signifie qu’il est un concepteur connu et intelligent peut traiter des concepts d’aluminium et d’acier. Et Giussani sait que le concept de châssis en acier peut être couronné de succès. KTM l’a prouvé lors du Championnat du Monde Moto2, au moins en 2017 et 2018, avec un total de neuf victoires. En attendant, cette campagne 2019 semble d’ores et déjà à mettre entre parenthèses pour la marque autrichienne.