Moto3 Interview Raúl Fernández : «J'affronte une année très décisive pour ma carrière sportive»

De Abril Gómez Casares / Motosan.es

Raúl Fernández (23 octobre 2000, Madrid) a terminé cette année sa première saison complète en Championnat du Monde Moto3, après avoir été titré Champion du Monde Junior Moto3 en FIM CEV Repsol en 2018. Le pilote madrilène a débuté à 11 ans avant de sauter de nombreuses catégories, créant ainsi une nouvelle façon d’atteindre le Championnat du monde. Entre 2015 et 2016, il a participé à la Red Bull MotoGP Rookies Cup . En 2016, il avait déjà pointé son nez en Championnat du Monde Moto3 car il avait été le remplaçant de María Herrera lors du GP de la Communauté Valencienne.

Avant de faire le saut dans le Championnat du Monde, Raúl Fernández s’est formé dans le Championnat du Monde Moto3 Junior du FIM CEV Repsol, où il a remporté le titre Moto3 en 2018, ce qui lui a permis de passer dans la catégorie Moto3 du Championnat du Monde MotoGP avec le team Angel Nieto, avec lequel il avait déjà été pilote invité et remplaçant à plusieurs reprises en 2018.

Après sa première saison complète en Moto3, Raúl Fernández doit relever un nouveau défi. Après avoir rompu le contrat avec le team Angel Nieto et avoir connu une saison pleine de hauts et de bas, il signe chez KTM et pilotera avec le team Red Bull KTM Ajo pour sa deuxième année.

Question : Vous êtes arrivé dans le Championnat du Monde après avoir été champion du Monde Moto3 Junior. Qu’est-ce que cela vous a appris et qu’est-ce que vous retirez de cette expérience ?

Réponse : J’ai retiré beaucoup d’expérience du Championnat du monde junior. Au final, les motos sont plus anciennes, mais cela ne change pas par rapport au Championnat du Monde. Là-bas, j’ai retiré beaucoup d’expérience et mon groupe de personnes. C’est un championnat qui commence à beaucoup vous professionnaliser, ce qui est fondamental pour aller plus tard en Championnat du Monde. Si vous n’obtenez pas de bons résultats dans le CEV FIM, alors il est très difficile d’aller en Championnat du Monde et de se battre pour de bons résultats. Passer par le Championnat du Monde Junior FIM CEV Repsol est fondamental pour les pilotes.

Q : Vous avez terminé votre première saison complète en Moto3 cette année, quel a été le bilan de la saison avec le team Angel Nieto ?

R : Le bilan de la première saison complète en Moto3 a été positif et négatif. Je n’ai pas pu profiter de tout ce que je voulais et je ne me suis pas senti complètement à l’aise pendant une grande partie de la saison. Je m’attendais à terminer toutes les courses, et à les terminer dans le top 10, car c’était faisable. Et encore plus, compte tenu de mon année précédente en FIM CEV Repsol.

Q : Comment définiriez-vous cette première saison en Moto3 ?

R : Ce fut une saison d’apprentissage continu. Cette saison, il m’est arrivé beaucoup de choses qui ne doivent malheureusement pas nous arriver à nous, les pilotes, mais bon…, ça m’est arrivé. Je pense qu’avec tout ça, vous apprenez pour l’avenir.

Q : Vous avez connu une fin de saison peu conventionnelle, lorsque vous avez rompu votre contrat avec l’équipe Aspar. Comment en êtes-vous arrivé à envisager une résiliation de contrat ?

R : La rupture avec Aspar, bien que je ne veuille pas trop en parler, aurait pu être plus facile et plus rapide. Et ça m’aurait permis d’avoir les idées plus claires. Si votre tête s’écarte un peu de ce que vous devez vraiment faire, c’est-à-dire rouler à moto et vous amuser, vous n’êtes plus concentré à 100% et les choses ne fonctionnent pas. Et l’équipe ne m’a pas aidé dans ce domaine. Par exemple, mon père ne pouvait pas venir et mon manager n’était pas pris au téléphone.

Q : Maintenant que tout est terminé, qu’est-ce que vous retirez de l’équipe de Jorge Martinez Aspar ?

R : De l’équipe, je prends le Championnat du Monde Junior car, après être arrivé d’une année avec la Mahindra, la vérité est que d’arriver en Championnat du Monde Junior et de passer de la 28ème place à le gagner est incroyable. Je la remercie surtout pour cette année. Maintenant, chacun d’entre nous suit son propre chemin, et j’espère qu’un jour nous pourrons à nouveau nous parler.

P : Votre histoire est liée à KTM depuis la Red Bull MotoGP Rookies Cup, le FIM CEV, jusqu’au Championnat du Monde Moto3. Qu’est-ce que cela signifie pour vous de faire partie de la famille Red Bull maintenant ?

R. Depuis mes débuts en Moto3, à l’exception de 2016 avec Mahindra, j’ai passé toute ma carrière sportive avec KTM. C’est une marque incroyable et on m’a beaucoup aidé. Tous les membres de KTM ont été très impliqués pour moi. C’est incroyable de continuer une année de plus en Moto3, et maintenant, en plus, avec le team Red Bull qui est un rêve que nous avons tous depuis que nous sommes dans la Red Bull MotoGP Rookies Cup. Je repense à 2015-2016, quand je courrais en Rookies Cup: si on m’avait qu’un jour je serai en Moto3 avec Red Bull, je n’y aurais pas cru.

Q : Comment faites-vous face au transfert vers Red Bull KTM Ajo ?

R : Le défi 2020 avec KTM est différent. Je l’aborde avec un état d’esprit différent. C’est ma deuxième année dans le Championnat du Monde et beaucoup des situations que j’ai vécues cette année m’ont énormément appris pour l’année prochaine. J’ai vraiment hâte et je veux remercier KTM, Red Bull et Aki Ajo, parce qu’ils ont milité très fort pour moi, et c’est vraiment important. Nous sommes confrontés à une année très décisive dans ma carrière sportive, et si nous travaillons bien, nous pouvons nous battre pour le podium, et constamment pour le top cinq.

P : Vous avez bénéficié d’une semaine d’entraînement avec les autres pilotes KTM. Comment s’est passée l’expérience ?

R : C’est une chose incroyable que Red Bull a fait avec nous, pour faire une grande équipe. Le soutien qu’ils nous apportent est incroyable et cela nous aide, c’est très bien quand il s’agit de faire une équipe avec tous les gens de Red Bull. Je leur suis très reconnaissant car notre formation est essentielle et le soutien qu’ils nous apportent est très important.

Q : De plus, fin novembre, vous avez effectué les premiers essais avec la KTM. Quelles ont été les sensations lors de ces premiers essais Moto3 ?

R : Les premiers essais ont été très bons et l’ambiance avec l’équipe est incroyable. Je me suis retiré beaucoup de pression parce qu’à aucun moment ils n’ont exigé quoi que ce soit de moi. Il s’agissait simplement de rouler, d’apprendre et de s’amuser, surtout d’apprécier. Ils m’aident beaucoup à passer un bon moment sur la moto, et les résultats viendront plus tard.

Q : Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés avec l’équipe pour la saison 2020 ?

R. Bien que l’équipe ne se fixe pas d’objectifs, vous savez que quand vous arrivez dans une équipe avec tellement de potentiel, la moto ne sera jamais mauvaise et l’équipe ne se trompera jamais, donc vous adoptez un état d’esprit où vous savez qu’il n’y a pas d’excuses. L’objectif est donc de se battre pour le top 5 et le podium tout au long du championnat. Il faut d’abord bien travailler, mais nous avons l’enthousiasme et la motivation.

Q : Tu as commencé à piloter plus tard que d’habitude. C’était un handicap ou un avantage ?

R : Commencer à piloter si tard a été un handicap, surtout à cause de toutes les étapes des petites catégories que j’ai sautées. J’ai commencé en mini-motos, 140 et pre-moto3. J’ai franchi les étapes à pas de géant et j’ai sauté plusieurs catégories. Ce que j’ai fait peut très mal tourner. Il est très difficile de le faire si vite et de sauter autant de catégories: il y a plus de risques que ça se passe mal que de chances que ça aille bien pour poursuivre votre carrière sportive. Heureusement, ça s’est passé pour moi. Bien que la compétition en mini-moto m’ait manqué, car je n’y ai fait qu’une seule course, puis j’ai sauté en 140cc.

Q : Vous êtes passé en Championnat du Monde, mais plus que jamais concerné par le FIM CEV. La raison, Adrian Fernandez, votre frère. Souffrez-vous plus pour lui que pour vos propres courses ?

R : En ce moment, mon frère, Adrian Fernandez, court dans le FIM CEV et il y passe un mauvais moment. Il est très difficile de me rendre à une de ses courses sans passer un mauvais moment, parce qu’il ne contrôle pas ce qu’il fait. Et parce que vous ne l’avez pas entre vos mains, vous devenez beaucoup plus nerveux que lorsque vous courez. Je ne le lâche pas, et si je peux, l’année prochaine je serai aussi avec lui, pour l’aider.

Q : Comment décririez-vous la catégorie Moto3 ?

R : En un mot, folle. Il est très difficile de gérer une course Moto3 avec autant de pilotes. C’est fou qu’en seulement deux virages, vous passez cinquième ou vous doublez cinq pilotes à la fois. Ou de passer de la première à la 15ème place en un tour, c’est une folie incroyable.

Q : Si vous pouviez changer quelque chose dans la catégorie Moto3, ce serait quoi et pourquoi ?

R : La qualification, parce que c’est complètement fou. Vous pouvez être très bien ou très mal placé. Je ferais une super pole pour la qualification, comme ils le font en MotoE. Ce serait différent et ils devraient rendre cette phase de qualification plus douce.

Q : Enfin, quels conseils donneriez-vous aux pilotes qui sont encore à leurs débuts en compétition moto ?

R : Je dis à tous les gamins qu’à partir du moment où ils commencent à faire de la moto ou leur première course, ils ne pensent pas à arriver en Championnat du Monde. C’est très difficile, ce n’est pas aussi facile qu’il y paraît d’atteindre le Championnat du Monde. Vous avez besoin de beaucoup d’aide et vous devez être au bon endroit au bon moment. Participez au championnat où vous êtes et vous appréciez le moment avant tout, et vivez-le avec votre famille. C’est un monde très difficile et, au final, ce qui vous reste, que vous arriviez ou non en Championnat du Monde, ce sont les moments que vous aurez vécu au cours de votre carrière sportive. Que cela soit très agréable, qu’ils profitent de tout ce qu’ils peuvent avec leur famille, parce que ce seront les seules personnes à vous aider dans les moments difficiles.