Depuis qu’il a atteint le sommet avec le titre de Champion du Monde 500 cm3 en 1999 avec Alex Criville, Gilles continue ses pérégrinations de paddock en paddock. En 2017, il terminait deuxième avec Tom Lüthi du mondial Moto2 derrière Franco Morbidelli, mais devant Miguel Oliveira, Alex Marquez et Francesco Bagnaia, sur une Kalex du team CarXpert Interwetten. Cela valait à Tom d’être promu en MotoGP, toujours avec Gilles comme chef d’équipe, chez Marc VDS en 2018.
Le Suisse finissait 29e sans marquer de point, avec la Honda de l’équipe désertée en cours d’année par Michael Bartholémy. Quel est le bilan de cette saison en MotoGP ?
« Ce fut intéressant de faire cette saison de MotoGP mais difficile de nier que ce fut aussi une grande frustration de ne pas avoir réussi à marquer le moindre petit point, intéressant car lorsque l’on est « spectateur » c’est-à-dire sans avoir jamais travaillé dans une équipe de MotoGP (pas de Moto3 ou Moto2) il est difficile de comprendre ou deviner ce qu’un pilote de MotoGP doit affronter et sur ce point ce fut enrichissant. »
L’équipe Estrella Galicia 0,0 Marc VDS quitte la catégorie MotoGP (comme Aspar Martinez) alors que Petronas arrive. Qu’en tires-tu comme conclusion ?
« Ce sont deux cas assez différents, Aspar a été invité à quitter faute de budget et Marc VDS se retire du MotoGP car il veut seulement être présent en Moto2, rappelons au passage que Marc VDS est plus un mécène qu’un sponsor.
Ensuite il ne faut pas se faire d’illusion, c’est avant tout un monde d’affaires avec de gros budgets en jeu et lorsqu’une entreprise comme Petronas arrive avec un gros budget et des idées, il est difficile de lui dire non. Cela permet au MotoGP d’avoir des équipes pérennes qui ont une certaine stabilité financière. »
Depuis les essais de Jerez fin novembre en Moto2, tu es chef d’équipe pour Xavi Vierge, qui a disputé 59 GP dans cette catégorie depuis Indianapolis en 2015 chez Tech3, avec 2 deuxièmes places au GP du Japon en 2017 et d’Argentine en 2018, avec la pole position en Argentine cette année et 5 premières lignes. Quels sont vos objectifs pour cette nouvelle saison ?
« Comme tous pilotes, Xavi espère se retrouver sur une des marches du podium et le team Marc VDS Moto2 aimerait voir ses deux pilotes se batailler pour la victoire. »
Lors des récents tests de Jerez, Xavi s’est classé 10e sur 31, à 0.7 de Luca Marini. Comment se sont déroulés pour vous ces essais ?
« Ce fut laborieux car c’était notre « première fois » en tant qu’équipe et avec Xavi, donc il a fallu découvrir la Moto2 avec le moteur Triumph et découvrir aussi Xavi qui lui découvrait le moteur Triumph assez différent du moteur Honda. Comme beaucoup de monde, nous aurions bien aimé avoir une météo plus clémente pour pouvoir rouler plus et trouver de meilleurs réglages car nous devions apprendre à connaitre le pilotage de Xavi et savoir ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas. Dans l’ensemble ce fut intéressant, le 3 cylindres Triumph coupleux requièrt un pilotage différent, Dunlop avait mis à disposition de chaque pilote un nouveau pneu arrière plus performant mais faute de temps nous ne l’avons pas essayé avec Xavi car nos réglages n’étaient pas encore optimums. Alex Marquez lui a pu le faire et le gain au tour était assez net entre 0.4 et 0.5.
« Le nouveau moteur semble prometteur et en théorie les performances de la Moto2 devraient être en hausse mais ce n’est que le début, donc soyons prudents car bien souvent à Jerez le niveau d’adhérence est bon l’hiver et cela gomme certains défauts que l’on va sans doute retrouver ailleurs. Il va falloir attendre les premiers essais de février à Valence pour en savoir un peu plus mais c’est cool pour la catégorie et pour toutes les équipes de Moto2 de travailler avec une autre motorisation. »
Que penses-tu du nouveau format des qualifications Moto3 et Moto2 ?
« Du bien, car en fait lors des qualifications la fenêtre pour faire un chrono est petite et le spectacle en pâtit car les pilotes font un grand nombre de tours et cela manque d’intensité. Certainement aussi moins de problèmes à résoudre pour la Direction de course avec les pilotes qui attendent des roues, avec la nouvelle formule cela va rendre les séances de qualifications plus attractives. »
Sur les plans sportif et technique, ainsi qu’au niveau du spectacle, que vont apporter comme changements le passage au moteur Triumph et à une électronique plus élaborée ?
« On peut espérer voir une amélioration des chronos par rapport au moteur Honda, le couple du moteur Triumph associé à « un peu d’électronique » devrait être un gage d’efficacité supplémentaire. Au niveau du spectacle moins de motos en travers ou en glisse lors des freinages, et c’est un challenge aussi pour les pilotes car il faudra aussi avoir du doigté avec la poignée de gaz…. »
Vidéo : Tom Lüthi au GP du Japon à Motegi (©TeamEG00MarcVDS)
— Elf Marc VDS Racing Team (@ElfMarcVDS) October 20, 2018
Photos © Garage Plus Interwetten (en titre, en 2016) et Estrella Galicia 0,0 Marc VDS
