Après avoir amené Álex Crivillé au titre mondial en 500 cm3 en tant que chef d’équipe en 1999, Gilles Bigot gère maintenant la partie technique du team de Xavi Vierge, coéquipier du leader du Championnat du Monde Álex Márquez.
Après neuf Grands Prix et alors qu’il en reste encore dix, nous avons fait le point avec Gilles sur la situation en ce milieu d’année.
Quelles sont les améliorations apportées par le moteur Triumph à la catégorie Moto2 ?
« Je dirais que pour le moment les pilotes commencent à mieux comprendre le caractère de ce moteur, ils gèrent mieux la courbe de puissance. Cette gestion est primordiale pour un maximum d’efficacité, il ne faut pas être trop agressif car il y a beaucoup de couple et de frein moteur. De ce fait sur certain circuits la vitesse de passage en courbe est un peu plus lente qu’avec la motorisation Honda. Ensuite le nouveau pneumatique arrière de 200 (introduit pour le GP de Jerez) plus gros (surtout plus grand en diamètre) et en fonction de leur style de pilotage cela a perturbé certains pilotes car pour compenser la hauteur du pneumatique arrière il a fallu changer l’assiette de la moto, ce qui a eu une incidence sur l’équilibre de la moto ».
Álex Márquez a remporté quatre des cinq derniers Grands Prix. A-t-il eu un déclic à partir du GP de France ?
« Vous oubliez Jerez, Álex était déjà fort aux essais à Jerez, mais sa chute provoquée par celle de Remy Gardner devant lui à la sortie du premier virage, lui a enlevé l’opportunité de remporter son premier GP 2019. Je pense que le déclic s’est produit lors du GP à Jerez, Le Mans fut la confirmation de sa forme ».
Pourquoi les Kalex dominent-elles nettement, alors que les KTM sont à la peine ?
« Chez Kalex c’est toujours les mêmes personnes qui travaillent sur le Moto2 et ils ont fait des essais en 2018 avec J.Folger pour comprendre le moteur Triumph, donc ils ont plus d’expérience que chez KTM où il y a eu du changement de personnel, ce qui retardé le projet 2019. Je pense que l’explication est là ».
Quel est pour toi le bilan d’ensemble et les enseignements de cette première demi-saison ?
« C’est intéressant mais plus difficile que prévu, et bien que ayons déjà fait 9 courses, il reste encore beaucoup de points d’interrogations. Lors des premiers essais nous avions la sensation qu’il y avait un gros potentiel mais pour le moment personne n’a trouvé la formule magique, si il y en a une, et puis Dunlop a introduit ce gros pneus un peu trop tôt à mon avis car cela a influencé la dynamique de la moto et on ne l’avait pas encore maitrisée ».
Quel est ton bilan pour ton pilote Xavi Vierge, 6e à Jerez et 5e au Mans, mais parfois à la peine sur d’autres tracés ?
« Oui pas très bien au Mugello où il termine 12e. Ensuite Barcelone pas très bon aux essais et lors de la qualif 1 ratée, où il termine 6e, il apparaît sur nos écrans de TV et il ne semble pas vraiment à l’aise sur sa moto ce qui nous a conduit à revoir sa position de pilotage sur la moto pour le warm-up. Il part très bien et se retrouve 8e au premier tour, ce sera aussi sa place à l’arrivée après s’être battu avec Luca Marini et Marcel Schrötter pour la 6e place. Viens ensuite Assen et un 3e chrono à la qualif. Bonne course car il se bat avec le groupe de devant, c’est assez chaud, plusieurs touchettes avec Augusto Fernández, lors du 20e tour à la sortie du virage 5, nouveau contact entre Xavi et Augusto et cette fois ci, Xavi chute ».
« Au Sachsenring après un bon départ il est 5e, au 13e tour il entre un peu large au premier virage et Tom Lüthi qui se trouve derrière pense profiter de la situation. Mais Tom est trop vite et vient percuter Xavi qui chute une nouvelle fois, ce qui fait 3 chutes en course (la première fut au départ de la course à Austin accroché par la moto de Joe Roberts) mais 3 chutes qui ne sont pas vraiment de son fait. Des points perdus pour lui et l’équipe et pas bon pour le moral non plus. Espérons que pour les prochaines épreuves il soit épargné de ce genre d’incident et qu’il puisse terminer les courses et montrer son potentiel ».
Il n’y a que huit points d’écarts entre Álex Márquez et Tom Lüthi. Comment envisages-tu la lutte entre les deux dans la deuxième partie de la saison ?
« Si Álex continue avec la même dynamique, il sera un candidat au titre. Tom a gagné le GP au Texas et il est régulier, mais pour être champion il faudra gagner des courses aussi. La deuxième partie du championnat va bientôt commencer : après un reset peut être allons-nous voir d’autres pilotes venir se mêler à la lutte. Binder était plutôt véloce lors du GP au Sachsenring et si la KTM, va mieux, il faudra le surveiller ».
Photos © Team Estrella Galicia 0,0 Marc VDS