Après de bons débuts en Grands Prix avec la troisième place du GP du Japon en 2017 sur une Mahindra du team CIP, Marco Bezzecchi, avec Florian Chiffoleau comme « crew chief » et une KTM de l’équipe Redox PrüstelGP, a remporté en 2018 les GP d’Argentine, d’Autriche et du Japon en Moto3.
Avec au total 9 podiums en 2018, soit à un Grand Prix sur deux, l’espoir italien terminait troisième du Championnat du Monde. Son année 2019 était décevante, comme celles de tous les pilotes équipés de KTM Moto2, à l’exception notable de Brad Binder qui plaçait la seule machine autrichienne de cette catégorie dans le top 10 final du Championnat.
Florian, on va commencer par le plus récent, comment expliques-tu qu’il n’y ait eu que trois KTM parmi les vingt-deux premiers du Championnat du Monde Moto2 ?
« Il est vrai que l’on espérait mieux des pilotes KTM dans
cette catégorie, mais tous les premiers au classement sont des
pilotes d’expérience, sauf Jorge Martin (qui a terminé onzième).
Martin a bénéficié de l’aide de son coéquipier Brad Binder qui a
fini en deuxième position au Championnat et qu’à trois points du
vainqueur final Álex Márquez. »
« Je ne remets pas du tout en compte son talent, car Martin est un très bon pilote. L’aide qu’il a reçu de son coéquipier lui a donné un coup de pouce. Après il a lui-même concrétisé en réalisant de très bons résultats en course, ce qui n’a pas été le cas pour Marco (Bezzecchi) malheureusement, même si la deuxième moitié de la saison a été plutôt honorable. »
Comment avais-tu vécu votre saison avec Marco chez PrüstelGP en Moto3 en 2018 (3e du mondial, 3 victoires) ?
« Ça a été une saison incroyable ! D’une part, par la
performance pure, c’est certain. Mais aussi avec tous les
évènements qui se sont produits, comme les victoires, les chutes…
»
« C’était un ensemble très complet avec les joies et les déceptions. Il y a eu beaucoup de tension émotionnelle pendant cette saison, ce qui a fait que nous avons vécu une année incroyable, ça c’est clair. »
L’an prochain, malgré son année 2019 décevante (23e du mondial en Moto2), l’équipe Sky Racing Team VR46 fera confiance à Bezzecchi et lui confiera une Kalex. Que penses-tu de cette opportunité pour lui ?
« J’ai été très content qu’il ait pu trouver un guidon comme ça, parce que c’est une très bonne opportunité. Même lui avait peur à un moment donné pendant la saison, parce qu’il s’est bien rendu compte que ses performances n’étaient pas là et il avait peur de ne pas trouver de moto.
« C’est donc une chance qu’il doit saisir. Il doit surtout concrétiser avec des bons résultats l’année prochaine parce qu’une fois de plus il sera comparé à Jorge Martin. Cette comparaison depuis l’année dernière est systématique au niveau des médias, et de tout le monde de manière générale car ils se sont battus pour le titre mondial Moto3 l’année dernière tous les deux.
« Ils avaient la même moto cette année, ils auront la même moto l’année prochaine, donc à ce moment-là il n’aura plus d’excuse et il faudra qu’il saisisse cette chance. C’est une bonne opportunité au sein de l’équipe Sky Racing Team VR46, avec son groupe. A lui maintenant de concrétiser en obtenant de bons résultats en course ».
Tu as décidé d’arrêter la compétition à la fin de cette année. Quels sont les meilleurs souvenirs que tu garderas de tes 12 années sur les circuits ?
« J’ai conservé beaucoup de souvenirs. Chaque année il y en
a eu des bons comme des moins bons. Mon premier grand souvenir
remonte à ma première année, chez MG Compétition avec Sylvain
Barrier en Superstock 1000. C’était une première année de
découverte, que je ne pourrai pas oublier. »
« Il y a eu ensuite ma troisième année, qui était ma
première saison chez Tech 3, avec la fantastique victoire de Yuki
Takahashi à Barcelone en Moto2. Ce fut un moment vraiment
important. Cette première victoire, c’était quelque chose !
»
« Comme grand moment, il y eu aussi la victoire de Marco l’année dernière en Argentine. Là, c’était pour moi encore plus fort. J’ai représenté le team sur le podium, j’ai tenu le trophée, ça a pris encore une autre dimension. C’était vraiment bien. Après, il y a eu de bons souvenirs chaque année. »
As-tu rencontré des gens particulièrement attachants, ou émouvants ?
« On rencontre en fait beaucoup de gens, d’une manière
générale, dont beaucoup de personnes sympas. Avec beaucoup de
caractère, parce que dans ce métier il faut du caractère.
»
« Il y a des manières de travailler différentes qui sont
très formatrices pour notre manière de faire personnelle. Chacun
prend le bon où il le trouve. »
« J’ai rencontré beaucoup de gens sympas, qui donnent des conseils, qui prennent des nouvelles selon les résultats… On forme un petit groupe et on devient presque des amis parce qu’on voyage de circuit en circuit en étant toujours plus ou moins ensemble. On reste toujours en contact de manière générale. »
Si c’était à refaire, le referais-tu ? Est-ce un métier que tu conseillerais à un jeune, et quel(s) conseil(s) lui donnerais-tu ?
« Si c’était à refaire je le referais, parce qu’en fait c’est une expérience de la vie. On est souvent avec nos collègues, et la vie en communauté est très importante. On voyage, on voit des choses différentes au niveau des paysages et des manières de vivre, ce qui est vraiment une expérience unique. »
« Après, pour un jeune, s’il est vraiment motivé, il faut qu’il le fasse dès que possible tant qu’il est jeune et disponible. Ensuite, il faut pouvoir vivre en communauté, c’est quelque chose de très important car on est toujours tous ensemble. »
« Il ne faut pas se dire que c’est un monde tout beau ou
tout rose. Il y a toujours des parties qui sont plus difficiles à
vivre. Forcément, c’est normal. C’est pour ça qu’il faut de la
persévérance, parce que, dans ce milieu-là, si tu pars, on t’oublie
vite. Pas de problème pour trouver un remplaçant car il y a du
monde qui souhaite rentrer dans ce domaine. »
« Il faut toujours essayer de s’améliorer et de progresser dans son travail. C’est ça qui fait que la personne qui veut rentrer dans ce milieu pourra y rester de toute manière. Je dirais que les deux choses les plus importantes sont de persévérer et de toujours s’améliorer. »
Valentino Rossi et Marco Bezzecchi
Florian Chiffoleau et Marco Bezzecchi
Lorenzo Dalla Porta, Marco Bezzecchi et Darryn Binder (GP du Japon 2018)
Photos © motogp.com / Dorna, PrüstelGP, Red Bull KTM Tech 3