Né le 4 décembre 1994 à Rome d’un père italien et d’une mère brésilienne, Franco Morbidelli fait déjà figure de « Monsieur » dans le paddock, avant même son arrivée en MotoGP.
Outre un talent incontestable, toujours calme et accessible, parlant un anglais impeccable, celui que l’on surnomme « Franky » a également des valeurs et n’entend pas les oublier.
Ainsi, interrogé jeudi dernier en conférence de presse sur ce que Valentino Rossi et sa VR 46 riders Academy lui avaient apporté, le tout récent Champion du monde Moto2 a été clair : « beaucoup, beaucoup de choses ! Ce serait une longue liste… Globalement, tout ce que je sais, je l’ai appris de lui et de son environnement. C’est donc vraiment une très longue liste. » Puis, après quelques secondes de silence, Franco Morbidelli se retourne à Valentino Rossi et dit simplement « Merci ! ». Le Docteur lui tape alors sur l’épaule en souriant.
Voici notre transcription de ses propos lors de la conférence de presse qu’il a tenue après la course des Moto2.
Ça y est, maintenant vous êtes champion du monde…
« Oui ! Je suis champion du monde et c’est fantastique. Hier, il s’est passé ce qui s’est passé et j’en suis désolé pour Tom. Cela aurait été super de me battre pour le titre avec lui, mais au final, c’est la compétition, vous pouvez vous blesser et c’est ce qui s’est passé pour lui. Je suis désolé. Mais je suis heureux pour mon titre. »
C’est un jour très important pour vous…
« Oui ! Je n’arrive pas en ayant suivi les chemins habituels que chacun emprunte. Je viens d’un autre monde et cela a été dur au début. Nous ne savions pas si c’était le bon choix ou si la marche était trop haute, mais finalement, avec ce titre, nous avons montré que nous avons fait le bon choix. »
Et avoir un titre est la meilleure façon d’arriver en MotoGP…
« Fantastique, oui. C’est la meilleure façon et il n’y a pas de meilleure façon d’arriver en MotoGP. »
Quelles ont été la meilleure course et la pire course que vous ayez faites cette année ?
« Indiscutablement Assen. Assen a été une course super, nous nous sommes bagarrés et je pense que cela a été la seule vraie bagarre avec Tom. Et c’était bien de se battre avec lui et de le battre dans le dernier tour. Cela a été une course super, un grand moment dans le championnat, un moment crucial dans le championnat, et définitivement, je pense que cette victoire a été la meilleure. »
L’année dernière, vous avez été très proche de pouvoir remporter des victoires mais il vous manquait souvent quelque chose en deuxième partie de course. Quels changements avez-vous faits dans votre entraînement cette année ?
« En fait, nous avons beaucoup travaillé sur la moto pour me permettre d’être également rapide dans la dernière partie des courses. Et sincèrement, la nouvelle Kalex a directement été meilleure pour ce que je recherchais l’année dernière. Quand nous avons essayé la Kalex 2017, j’ai dit « waouh, c’est parfait ! ». Cela a vraiment été utile tout au long de cette année. »
Comment pensez-vous que sera la transition avec Tom, en passant de rivaux à coéquipiers ?
« La façon dont cela va se passer sera intéressante. Je ne sais pas. Je veux dire que j’essaierai d’apprendre de ses talents, de regarder ses datas, de regarder ce qu’il fait. Je peux apprendre de lui. Il a une grande expérience et a passé beaucoup d’années dans ce championnat. Donc je dois apprendre aussi de lui. »
Vous avez débuté la saison sans aucune victoire en Moto2 et vous devenez champion du monde avant même la fin du championnat, comme Zarco en 2015. Pensez-vous que vous allez pouvoir suivre ses traces et faire ce qu’il a fait ?
« Et bien, Johann est un grand pilote, très talentueux, et une belle personne. Je le connais depuis longtemps, depuis que nous étions de jeunes enfants, et je l’apprécie vraiment. En tant que personne et en tant que pilote. J’espère vraiment que je pourrai être similaire à lui. Pourquoi pas ? »
Après la nouvelle de ce matin (forfait de Tom Luthi), comment avez-vous géré la situation et la course ?
« Et bien, le moment d’euphorie de ce matin a été très court. Cela a duré trois ou quatre secondes durant lesquelles j’ai été très heureux quand ils m’ont dit que j’allais être champion du monde. Puis, la pression du week-end est revenue à nouveau, avec toutes ces choses que vous avez en tête quand vous participez à un week-end de course. Elles sont toutes revenues directement dans ma tête, donc j’ai de nouveau été concentré assez rapidement, et j’ai juste pensé à la course. Vous savez, il est vrai que sans la pression du championnat, vous pilotez mieux et de façon plus fluide. Et je pense aussi que je me suis senti mieux durant la course d’aujourd’hui et que j’ai été en mesure d’essayer de rester avec les KTM qui, en ce moment, ont franchi une marche et qui sont très rapides. J’ai regardé les chronos et j’ai vu que j’ai été le seul en mesure d’arriver au moins assez proche des KTM. Donc, oui, bien. »
À propos de pression, avez-vous quelqu’un pour vous aider dans ce domaine ?
« Non. Je veux dire que je fais des courses depuis que j’ai sept ans. Je gère la pression depuis mes sept ans. Je me bats pour un championnat depuis que j’ai sept ans. C’est ma vie et c’est ce que je sais faire. C’est ce que je dois gérer depuis que je suis un petit garçon, donc remporter ce championnat est aussi important que l’était le fait de vouloir gagner le championnat d’Italie de mini motos quand j’avais sept ans. C’est la même chose quand j’étais petit enfant et maintenant. Donc je suis assez habitué à la pression, et ça n’a rien de spécial pour moi. »
Qu’avez-vous pensé durant le dernier tour, et juste après le drapeau à damier ?
« J’ai essayé de simplement apprécier le moment. Dans le dernier tour, j’ai beaucoup ralenti. J’ai pensé essayer de rattraper Brad et de me battre avec lui pour la deuxième place, puis je me suis dit « OK, laisse-le un peu et fini la course en appréciant le dernier tour. Et essaie de faire un beau Wheeling dans la ligne droite ». Mais je ne l’ai pas fait (rires). Après le drapeau, c’était le blanc total. Rien ! »
Vous dîtes que vous n’avez pas suivi le chemin habituel. Pouvez-vous nous donner quelques détails ?
« Et bien, je voulais devenir pilote de moto de course, donc j’ai commencé avec les mini motos comme tout le monde. Puis je suis passé en 125cc, mais l’année durant laquelle j’aurais dû passer en championnat d’Espagne, nous n’avions pas assez d’argent, donc nous avons dû suivre un autre chemin. Nous sommes passés en 600 Stock, ce qui était bien moins cher. J’ai fait le championnat d’Italie, puis le championnat d’Europe que j’ai gagné, ce qui m’a donné l’opportunité de venir en championnat du monde Moto2. La marche était haute et nous avions tous peur de cela, mais finalement, ça s’est révélé bien. »
Cette année, sur les 17 courses Moto2 auxquelles il a participé, Franco Morbidelli en a remporté huit, est arrivé trois fois troisième.
Crédit photo: MotoGP.com