5 février 2018, 8:01
Le pilote suisse a trouvé l’argent pour courir par le biais d’une souscription sur Internet. Est-ce une nouvelle frontière ?
Un véritable appel du peuple. Avec l’aide de son frère, de son manager, et grâce au soutien de ses fans, les « Domifighters », le Suisse Dominique Aegerter, qui en décembre a connu le sérieux risque de rester à pied après les vicissitudes du team Kiefer Racing, a réussi ce qui pouvait paraître comme une mission impossible : réunir le budget (environ 172 mille euros au taux de change actuel) qui restait à trouver pour courir en 2018 en Moto2. Le montant qu’il est en train d’atteindre permettra au sympathique #77 de participer à toutes les courses de la catégorie intermédiaire avec l’équipe Kiefer Racing en 2018. Nous avons interviewé le pilote suisse de 27 ans pour qu’il nous explique comment il a pu atteindre ce résultat, ouvrant ainsi la voie à d’autres qui voulaient essayer cette voie innovante, du moins par rapport aux standards habituels du Championnat du Monde, pour financer leur carrière.
Combien de personnes ont travaillé à votre projet de collecte de fonds ?
« Eh bien, je peux vous dire que mon frère Kevin Aegerter a fait la majeure partie du travail, avec l’aide de mon manager. La plate-forme en ligne suisse ibelieveinyou.ch nous a soutenu avec une équipe de 10 à 12 personnes. »
Vous avez réalisé une opération innovante par rapport à la recherche habituelle de sponsors. Pouvez-vous expliquer pourquoi ?
« J’ai pensé à cette solution parce qu’en décembre le sponsor principal a décidé de ne plus nous soutenir, et je me suis retrouvé à pieds. Il y avait d’autres partenaires mais, à eux seuls, ils n’étaient pas assez pour couvrir le budget pour la prochaine saison, alors à la fin de l’année, plusieurs fans m’ont suggéré d’essayer de recueillir des fonds puisque cela pouvait m’aider de façon positive. »
Il semble que vos fans vous suivent également parce que vous leur avez montré que vous étiez le premier à croire en ce projet. « Je crois en toi » n’est pas seulement un slogan. Comment pensez-vous rembourser cette affection que les « Domifighters » vous ont démontrée ?
« Je pense que ce que mes fans ont fait est incroyable. Cela me donne une motivation supplémentaire pour bien faire la saison prochaine, surtout quand je sais qu’il y a derrière moi un groupe de gens à ce point convaincus. Je voudrais leur rendre la confiance qu’ils m’ont accordée avec un beau spectacle sur la piste. »
Pensez-vous que dans un futur proche, la communication, les réseaux sociaux et une relation encore plus directe avec le pilote sont la clé pour être crédible dans le Championnat du Monde ?
« Je pense que ces aspects sont de plus en plus importants. C’est un moyen de rester en contact non seulement avec vos fans, mais aussi avec les sponsors et les équipes, en temps réel. »
Après l’histoire de Kiefer Racing, vous vous êtes retrouvé au bord du gouffre. Quand avez-vous commencé à penser à utiliser la collecte de fonds comme outil d’autofinancement ?
« Bien, je dois vous dire que c’était une décision prise rapidement. Beaucoup de gens m’avaient déjà parlé de ces initiatives, et donc à Noël, quand j’ai su que le commanditaire principal ne financerait plus la saison prochaine, nous avons mis sur pied l’opération de collecte de fonds en quelques jours. »
Avez-vous peur de ne pas pouvoir atteindre l’objectif que vous vous êtes fixé ?
« Au moment où nous parlons, nous avons presque atteint l’objectif. Nous sommes à 92% du total. L’argent est principalement utilisé pour couvrir les coûts des motos, des pièces détachées, de l’entraînement, un bon télémètre, les voyages et du personnel technique. »
Que représente la confiance que KTM vous a accordée et la mobilisation de vos fans dans le prochain championnat Moto2 ?
« J’ai été très, très surpris et impressionné par la confiance que KTM et mes fans m’ont témoignée. A partir de la mi-décembre, nous avons parlé de ce projet et ils m’ont pleinement soutenu. Je me trouve dans une situation parfaite: tout cela est une grande motivation pour courir pour mes fans, qui ont tant fait pour moi. »
Êtes-vous inquiet de ne pas être à la hauteur des attentes ?
« Non, je ne m’inquiète pas. Je suis très concentré: après plusieurs années en Moto2, j’ai l’expérience nécessaire, je suis dans une équipe compétente, j’ai une moto géniale et je veux essayer d’atteindre les objectifs que je me suis fixés, à savoir être dans le top cinq ou même sur le podium. »
Qu’attendez-vous de la prochaine saison si vous parvenez à boucler votre budget ?
« Eh bien, (rires) pour le moment tout se passe parfaitement bien: beaucoup de sponsors m’ont soutenu en Suisse, la collecte de fonds fonctionne bien, mais il faudra attendre le début de la saison pour savoir ce qui nous attend, si nous allons avoir des « incidents » ou si nous allons rencontrer des situations difficiles. A partir de la mi-saison, tout sera plus clair. »