Il y a un peu plus d’un mois, nous vous faisions découvrir le chef mécanicien de Francesco Bagnaia, David Muñoz Torras, dans une interview croisée amusante réalisée par le Sky Racing Team VR46. Détendus et souriants, les deux hommes semblaient en harmonie. Et un mois plus tard, les voilà leaders du Championnat du Monde Moto2 grâce à un excellent parcours réalisé en seulement quatre courses. Une alchimie parfaite entre un pilote talentueux et un chef mécanicien expérimenté ayant travaillé avec des pilotes tels que Maverick Viñales et Álex Rins.
David Muñoz Torras s’est confié à Pier Paolo Alessi pour Sky Sport, dans une interview où il raconte les dessous de ce début de saison, ses analyses techniques et sa relation avec Bagnaia.
Leader du Mondial, trois podiums en quatre courses dont deux victoires. La question est simple : t’attendais-tu à un début de saison comme celui-ci ?
« Nous savions que nous étions compétitifs et que nous pourrions jouer devant, mais je ne m’attendais pas à un début pareil. Gagner deux des trois premières courses était évidemment quelque chose de difficile à prévoir compte tenu du niveau de nos adversaires. Remporter la victoire à Austin l’était encore plus. En 2017 nous avions eu du mal, alors que cette année nous avons réussi à gagner. C’est beaucoup d’émotion. »
Beaucoup disent que l’une des raisons de ces résultats est le passage aux suspensions Ohlins…
« Cela a évidemment été un grand progrès, mais de façon générale c’est tout le package technique et toute l’équipe qui ont rendu ce résultat possible : pilote, team, méthode de travail et solutions techniques. Pecco s’est tout de suite trouvé à son aise avec les Ohlins, surtout en terme de confiance avec le train avant. Sur ce point cela a fait une vraie différence par rapport à l’an dernier. »
Qui a le plus souhaité le changement pour les Ohlins ?
« C’est une décision prise en commun par toute l’équipe. L’année dernière, Pecco voyait les pilotes équipés des suspensions Ohlins avoir quelque chose en plus dans certaines parties de la course. Nous avons comparé et sommes arrivés à cette décision, partagée par toute l’équipe et la structure technique. »
Parlons du pilote. En quoi Pecco a-t-il progressé depuis 2017 selon toi ?
« Avoir déjà un an d’expérience dans cette catégorie aide sans aucun doute. Dès les premiers tests nous avons mis en place une méthode de travail avec le nouveau package technique qui a fonctionné. Chaque week-end nous travaillons dès la première séance d’essais en pensant toujours à la course. En Moto2 la différence se fait lorsque l’on arrive à être forts dans les derniers tours. L’an dernier nous avions un peu de mal au début, avec le réservoir plein, alors nous avons comparé plusieurs réglages pour trouver le bon. Sur ce point les Ohlins nous ont bien aidés afin de définir un réglage agréable pour le style de Pecco. »
Tu partages le box avec Bagnaia depuis deux ans, mais tu as travaillé par le passé avec des pilotes du calibre de Maverick Viñales et d’Álex Rins. Quels points communs trouves-tu entre ces trois pilotes ?
« L’envie de gagner ! J’ai toujours vu cela en eux, c’est une chose que l’on retrouve chez tous les bons pilotes. Qui Pecco me rappelle-t-il le plus ? Peut-être Maverick. Ils sont tous les deux très exigeants et sensibles, ils ressentent chaque petit changement sur la moto. »
Apparemment tu as été le seul à ne pas t’agiter à la fin de la course au Qatar, lorsque Baldassarri a doublé Pecco, comme si tu savais qu’il allait riposter…
« Connaissant Pecco, je savais qu’il n’aurait pas attendu le dernier virage pour essayer de reprendre la tête de la course, alors je m’attendais à son dépassement. »
Parlons maintenant de ton travail. Il se dit que la Moto2 est une catégorie moins « technique », même par rapport à la Moto3. En quoi un chef mécanicien peut faire la différence ?
« C’est vrai, en Moto3 un chef mécanicien a plus la possibilité d’intervenir, mais en Moto2 il y a différents éléments à prendre en compte. Avec des moteurs similaires, le réglage est fondamental. Il faut trouver un bon compromis pour se servir au mieux des pneus, surtout en fin de course. Ce n’est pas simple. »
Comment vois-tu le passage de la Moto2 aux moteurs Triumph et à l’électronique Magneti Marelli en 2019 ?
« Je m’attends à une année difficile pour tout le monde car tout sera vraiment nouveau : moteur, électronique… Avant de juger il faudrait connaître la marge de manœuvre qui sera possible en 2019, surtout du côté de l’électronique. En tout cas, c’est sûr qu’il y aura beaucoup de travail à faire. »