Max Biaggi était à Jerez. Pas seulement en tant que spectateur ou d’ami de Jorge Lorenzo, mais surtout parce que, à 45 ans, l’ex-pilote italien s’est transformé en team manager et fera son arrivée en mondial l’année prochaine pour aligner des Moto3 Mahindra,
Interrogé par le Corriere dello Sport, la rivalité entre le Corsaire et Valentino Rossi n’a pas mis bien longtemps à être évoqué, mais, comme bien souvent, celle-ci s’est transformée en une sorte de respect avec le temps. Voire plus…
Max Biaggi : « Rossi roule toujours très fort et, récemment, ce qui m’a beaucoup plu est qu’il ait dit que les défis les plus beaux étaient ceux qu’il avait connus avec moi. C’était une belle rivalité et cela me manque un peu. Aujourd’hui, il n’y a rien de comparable. Son vrai ennemi n’est ni Marquez ni Vinales : c’est le temps. »
Tu as couru jusqu’à 42 ans : est-ce qu’il y a un âge pour arrêter ?
« Un âge fixe pour arrêter n’existe pas dans ce sport. Le pilote moto n’est pas un sprinter qui utilise une explosibilité musculaire. Même si celle-là sert aussi. Pour moi, le dernier podium dans le mondial Superbike, à Sepang, à 42 ans, fut un pari gagné, mais j’ai rencontré plus de difficultés que tout ce à quoi je me serais attendu. Lesquelles ! Cela a été difficile de récupérer certains automatismes, mais surtout, la tête pensait mais le corps ne répondait pas exactement comme je me serais attendu. La vitesse… c’est vitesse. Ainsi, quand tu penses placer la roue avant exactement sur une trajectoire, tu la manques peut-être de peu de centimètres, mais ce sont des centièmes et des dixièmes de secondes que tu perds. Puis, à coup sûr, tu en récupères un peu au cours de la course, grâce à l’expérience, mais pas tout. Je me rappelle qu’alors je pensais que, seulement quelques années plus tôt, il me semblait que tout se passait plus lentement. »
Valentino ne semble pas encore à ce point de sa carrière…
« Non, sa chance est qu’il ne s’est jamais arrêté. »
Cependant, récemment, il a dit qu’il avait peut-être perdu un peu de courage, par rapport à quand il était jeune…
« Cela est normal, mais ce n’est pas du courage. Tu perds de l’explosibilité dans les réactions, donc tu commences à piloter différemment. »
Qu’est-ce qui a changé entre l’époque de tes défis et aujourd’hui ?
« Très peu, je pense. Devant, il y a toujours deux Honda et deux Yamaha. J’ai couru avec les deux maisons, je ne peux pas parler sur aujourd’hui, mais à mon époque, le HRC était une structure presque militarisée. Avec l’arrivée de Shuehei Nakamoto, il semble que cela soit devenu plus amical. »
Qu’est-ce que tu as déduit du premier Grand Prix européen ?
« Jerez nous a avant tout rendu un Lorenzo aux avant-postes… cela a été une compétition très difficile parce qu’il a fait très chaud. »
Qui pilote le mieux ?
« Autant Vinales que Marquez me plaisent beaucoup, malgré qu’ils aient des styles très différents. Maverick est un caméléon, il semble s’adapter rapidement. Marc est incroyable, il semble toujours sur le fil du rasoir mais il a un grand contrôle de la moto. »
Honda et Yamaha : il nous semble comprendre que tu n’aies de préférence ni pour une usine ni pour une autre.
« Chez Yamaha, quand je courais, je me sentais plus à l’aise. Cependant, la réalité est que je me suis toujours senti un pilote Aprilia, aussi parce que c’est avec cette usine que j’ai gagné le plus. »
Nous nous serions attendus à te voir avoir un rôle dans le team, maintenant qu’ils sont revenus en MotoGP…
« Ce fut la promesse qu’ils m’ont faite, mais elle ne s’est jamais réalisée. Ce n’est jamais allé au-delà de la proposition. Je me demande encore pourquoi. »