Max Biaggi divise, c’est le moins que l’on puisse dire. Sa rivalité avec Valentino Rossi marqua considérablement les Grands Prix motos au début de ce siècle, où il était tout simplement impossible de rester indifférent devant « le corsaire ».
Des pilotes clivants, il y en a eu. Par dizaines. Mais Biaggi est dans une catégorie à part, car en plus d’avoir un comportement parfois jugé limite, il n’en était pas moins un pur talent. Pour sa première année complète en mondial, catégorie 250cc, il est déjà impressionnant. En bref ? Une victoire, quatre podiums, quatre pôles. Cette catégorie, c’était la sienne.
Il refait parler de lui en 1993, alors passé d’Aprilia à Honda, mais tombe sur trois clients plus forts : Harada, Capirossi et Reggiani. Seulement voilà : il ne fallait pas l’énerver. De 1994 à 1997, il remporte quatre titres d’affilé dans la catégorie. La concurrence n’existe pas.
Sa saison de référence reste 1995, avec 283 points et 8 victoires sur 13 courses, dont 9 pôles. Juste intouchable. Pour sa première course en 500cc, il enregistre pole position, meilleur tour en course et victoire. Une performance rarissime et incroyable, inégalée depuis. Cependant, la catégorie reine ne lui vas pas si bien. Il finit vice champion du monde à trois reprises dans sa carrière, et trois fois sur la troisième marche mais sans pouvoir chatouiller un Rossi intouchable.
Passé chez Yamaha, puis de retour chez Honda en 2003 non sans bruit, il se retire à la fin de la saison 2005, huit ans après son arrivée en 500cc/MotoGP.
À ce jour, il reste l’un des trois pilotes à avoir gagné le plus de courses sans remporter le championnat, devancé seulement par Pedrosa et Dovizioso avec 13 réalisations. Plus tard, une seconde partie de carrière l’attend en Superbike. À 36 ans, il fait le grand saut pour encore prendre deux titres de champions du monde, dont un en particulier assez mémorable : en 2012, il est couronné face à Tom Sykes pour un demi point, au bout de l’effort !
L’enfant du pays était revenu chez Aprilia en 2009, pour quitter la maison de Noale en 2012, après son titre. À 41 ans, le corsaire raccroche les gants. Il viendra cependant faire quelques piges en 2015 toujours pour le compte de la marque qu’il l’a fait débuter, mais sans résultat. Il était la personnification de l’Italie. Quelqu’un de franc, avec le sang chaud, et qui pilotait avec le cœur, un très gros cœur.
D’abord destiné au football, il transposa sa « grinta » aux Grand Prix motos, afin de nous livrer des souvenirs en pagaille. Même si la catégorie reine ne lui a pas tant réussi, il n’en reste pas moins l’un des meilleurs pilotes de 250cc et de Superbike de l’histoire.
Impliqué dans le développement de jeunes loups, il est très présent dans les paddocks. Il est aujourd’hui patron du team Sterilgarda Max Racing Team en Moto3, qui fait courir Arón Canet. Ce dernier joue le championnat dans la plus petite catégorie et remonte actuellement sur son concurrent direct Lorenzo Dalla Porta, après une victoire impressionnante à Aragón. Le jeune espagnol peut compter sur l’expérience de Biaggi, qui peut être décisive dans une fin de championnat tendue.
Par ailleurs, on l’aperçoit souvent aux côtés de Jorge Lorenzo : le quintuple champion du monde bénéficie aussi de ses précieux conseils.
Détesté par beaucoup mais respecté de tous, ce n’est pas sans un brin de nostalgie que l’on se rappelle de l’empereur romain. La nostalgie d’une autre époque, avec un fond de fumée bleue et une odeur particulière. La nostalgie de bagarres en course, et en conférence de presse ou des rivalités italo–italiennes exacerbées. Nous avons tous pesté contre Biaggi à un moment ou à un autre, mais dans le fond, quand on pense à lui, impossible de ne pas sourire.
Crédits photo de couverture : OZ