Après avoir parlé de Franco Uncini , il est temps de se pencher sur l’un de ses compatriote, Marco Lucchinelli. Pourquoi l’un après l’autre ? Tout simplement parce que leur carrières se ressemblent étrangement, présentant parfois des coïncidences assez impressionnantes. Malheureusement, lui aussi, est oublié lorsque l’on parle des champions du monde 500cc. Premier point commun avec Franco, donc.
Ce dernier commence sa carrière sur Laverda, tout comme Uncini. Lui préfère l’endurance, et se fait remarquer suite à de belles piges dans des courses de longue distance. Son style de pilotage le caractérise. Il envoie du bois sec dès ses premières années. Le natif de Bolano interpelle Yamaha, et se voit offrir une pige en 350cc au Grand Prix des Nations à Imola, en l’an 1975. Terminant 7e, il fait très forte impression.
C’est une pépite, comme il y en a peu. Suzuki Gallina y voit un gros potentiel, et décide, pour sa deuxième année seulement au plus haut niveau de lui donner un guidon de choix en 500cc. Dans la formation, il est seul, ce qui est parfois un handicap pour un rookie. Mais lui, n’aime pas les généralités. Pour sa première course, il est déjà le plus rapide en piste et monte sur la 3e marche du podium. Une course plus tard, il est déjà 2e.
Même si le soufflé tombe (comme lui d’ailleurs, son style de pilotage favorisant les chutes) dans les courses suivantes, il parvient à se hisser 4e du championnat du monde. Mais tout comme Uncini, ce ‘golden boy’ galère pendant quelques temps. La faute, majoritairement, à des faux pas en course. Il gagne alors le surnom ‘Crazy Horse’, ou ‘cheval fou’ en français, d’après son style bestial caractéristique.
Entre 1977 et 1979, il ne termine que 14 courses sur 30. Il n’est jamais sorti du top 10 quand il voyait le drapeau à damier. Mais c’est aussi pour cela que l’on aime ces légendes. Certes, ça ne paye pas au général, mais on voyait un guerrier en mission, un animal tentant de maîtriser la mythique RG500.
Cependant, sa première victoire met du temps à arriver. À plusieurs reprises, il n’est pas loin, mais échoue dans les derniers instants. Tout se débloque en 1980 : il commence à enregistrer ses premières pole positions, mais chute encore trop pour tenir la distance face à Kenny Roberts et Randy Mamola. Il termine l’année sur une belle victoire en Allemagne, et avec la troisième place du championnat.
L’année 1981 s’annonce épique. Randy Mamola, autre chien fou, arrive aussi à maturité. Randy entame l’année parfaitement, et tient un solide rythme durant le premier tiers de la saison. À Monza, Lucchinelli termine à une frustrante 5e place après avoir signé la pôle et décide de passer la démultipliée. Il ne fallait pas l’énerver Marco. Il signe six pole positions d’affilées (!) et quatre victoires en cinq courses. Le championnat est d’ores et déjà emballé.
Avec cette série de coups de massue, l’avantage psychologique est pris sur Mamola. Seul une course ratée à Silverstone permet à l’Américain d’espérer, c’est plié une course plus tard, en Finlande. La pole, le meilleur tour en course, la victoire sur Mamola avec 20 secondes d’avance. Merci, au revoir.
Le titre de champion du monde est amplement mérité. Un champion du monde fait de feu, de flammes, mais qu’on a pourtant tendance à oublier. Pour 1982, ce dernier décide d’accepter me challenge Honda, et laisse sa place à …Franco Uncini, qui sera champion du monde avec son ancienne monture. Ces deux là ce seront croisés, recroisés, mais au final, nous en retenons deux champions magnifiques. Et comme Franco après son accident, il n’arrivera plus à se battre avec les hommes de têtes.
Après une disette de deux ans, il accepte l’offre de Cagiva, mais c’est la fin. Il décide de mettre un terme à la moto au plus haut niveau au début de l’année 1986. Pourtant on l’apercevra sur quatre roues, en bon passionné. Il décidera même de remonter sur une Ducati en Superbike, pour prendre deux victoire en 1988 et la 5e place du championnat.
Marco Lucchinelli, comme Franco Uncini, est un homme très difficile à classer. Ils sont champions du monde, et restent dans les mémoires de ceux qui ont senti la gomme cramée et les bruits stridents. De vrais arsouilleurs, des purs italiens. Ça ne nous rajeunit pas tout ça…