Vue de l’extérieur, l’incroyable progression d’El Diablo a de quoi surprendre. Comment un pilote n’ayant gagné qu’un seul Grand Prix en 87 départs (31 en Moto3, 36 en Moto2 et 20 en MotoGP) a-t-il pu mettre à genoux dimanche dernier, dès le début de sa deuxième saison en MotoGP, Maverick Viñales et Valentino Rossi avec des motos strictement identiques ?
Trois hommes sont bien renseignés de ce côté-là, qui constituent le triumvirat de l’équipe Petronas SRT, Razlan Razali, Wilco Zeelenberg et Johan Stigefelt (ci-dessus en photo avec Fabio). Ce dernier, ancien pilote suédois en GP 250 (huitième en Argentine en 1998 sur Suzuki et à Donington en 2000 sur TSR-Honda) et 500 cm3 (treizième au Portugal en 2001 sur Sabre V4), termina sa carrière en mondial Supersport (cinquième au Qatar en 2006 sur Honda).
Il monta sa propre équipe en Supersport (avec entre autres Yoann Tibério), puis passa en GP Moto3 avec Luis Salom, avant d’être choisi ensuite comme team manager pour le Caterham Moto Racing Team en 2014 en Moto2 avec Johann Zarco. Il devint enfin Directeur de l’équipe du Sepang International Circuit en 2015 en Moto3, alors nommé le Drive M7 SIC Racing Team.
Concernant son pilote Fabio Quartararo, Stigefelt a expliqué à
Mat Oxley pour Motor Sport Magazine
qu’il est « difficile de décrire la technique de pilotage de
Fabio, mais il ne se trompe jamais. Il met toujours la moto au même
endroit, même dans la zone de freinage, partout il est le même. Il
est très précis et il ne fait jamais d’erreur, c’est ce qui nous
surprend vraiment quand on vérifie les données. Les autres pilotes
font toujours des erreurs – ils freinent trop tard ou rentrent trop
vite dans un virage, mais Fabio est plus précis. C’est son avantage
sur les autres. »
« Lorsque nous regardons les données de Fabio, les pneus fonctionnent vraiment bien pour lui, même s’ils ne fonctionnent pas parfaitement pour tout le monde. Si nous regardons Franco [Morbidelli], il se débat un peu plus – il est un peu plus agressif sur les freins, il utilise un angle plus prononcé et il tire un peu plus sur l’accélérateur.
« En MotoGP, en ce moment, il s’agit de savoir comment on
apprend à rouler avec les pneus et comment on les entretient. C’est
l’autre grand talent de Fabio, qui sait si bien gérer ses pneus.
Dimanche dernier, Maverick [Viñales] a vraiment eu du mal avec les
pneus et Fabio non, même si la façon dont leurs motos sont réglées
est très similaire. »
« Fabio est aussi incroyablement cool et ses pieds sont
vraiment sur terre. Il sait la chance que nous lui avons donnée
l’année dernière et combien nous travaillons dur pour lui. Au
moment où nous l’avons engagé, il n’était pas un choix évident pour
le MotoGP parce qu’il était surtout un pilote Moto2 médiocre. Il a
vraiment profité du contrat et des possibilités que nous lui avons
données. Quand il est venu nous voir pour la première fois, il
était déjà mature dans son esprit, dans la façon dont il expliquait
le fonctionnement de la moto, mais maintenant c’est un homme, pas
un garçon. »
« Tout le monde sait que la Yamaha fonctionne bien à Jerez,
mais il y a des pistes difficiles qui se présentent à nous, comme
Brno, puis Spielberg. Nous en sommes conscients, c’est donc déjà
dans notre plan que les trois prochaines courses seront difficiles.
Nous ferons de notre mieux, en utilisant la vitesse de virage de la
Yamaha. Nous pourrons probablement nous en sortir à Brno, mais
l’Autriche sera très, très difficile, même si nous avons
certainement plus de chevaux que l’année dernière. À Spielberg, il
faut beaucoup de vitesse de pointe, mais malgré cet inconvénient,
Fabio y a très bien roulé l’année dernière et a obtenu un podium.
»
« Nous avons à l’esprit qu’une fois arrivés à Misano, les choses iront mieux pour nous, puis probablement à nouveau au Mans et à Valence aussi. »
Wilco Zeelenberg, Razlan Razali, et Johan Stigefelt
Photos © Petronas SRT