La Suisse, malgré son absence de circuits, est une
grande nation des sports mécaniques. Depuis les débuts du
championnat du monde motocycliste en 1949, des Helvètes se sont
illustrés au plus haut niveau, mais surtout en side-car.
Cette saga en trois parties vise à mettre en lumière des pilotes
méritants mais oubliés. Vous nous suivez ? C’est parti
!
Bien entendu, l’exhaustivité n’est pas le but recherché, mais un
bon nombre de héros seront cités, ne vous en faîtes pas. Pour ne
pas se perdre, nous allons essayer de respecter un ordre
chronologique.
Florian Camathias (1924-1965)
Débutons avec un side-cariste.
En effet, il se cultive en Suisse une véritable tradition pour
cette discipline, et nous allons en retrouver quelques-uns au fil
de ces lignes. Bien évidemment, nous ne pourrons tous les citer.
Florian Camathias, originaire de Saint-Gall, était l’un des
meilleurs dans les années 1950.
Comme beaucoup de ses compères, il aimait la mécanique. Ceci est
une tradition dans le monde du side-car, et d’ailleurs, les
meilleurs pilotes du monde actuels ont toujours un œil avisé sur
leurs moteurs et châssis. Camathias n’a jamais été champion du
monde, mais possède un palmarès très étoffé, marqué par une
importante victoire au TT Assen 1958. Tragiquement
disparu à Brands-Hatch, une coupe porte son nom,
récompensant le vainqueur de manches historiques.
Luigi Taveri (1929-2018)
Peut-être le meilleur Suisse de tous les temps, du moins sur deux
roues. Taveri était un monstre en petites catégories. Nous avons
affaire à un triple champion du monde 125cc
(1962/1964/1966), fort de 30 victoires en carrière
y compris au Tourist Trophy. Le Suisse, né à
Horgen (non loin de Zürich), a été pilote officiel pour
Ducati,
Kreidler, MZ et
Honda. Extrêmement convoité, c’est avec la firme
japonaise qu’il remplit son palmarès.
La régularité au fil des années caractérise Taveri. 11 ans séparent
son premier et son dernier succès, qui, cerise sur le gâteau, a
scellé son ultime titre de champion du monde. Luigi nous a quitté à
88 ans il y a quelques années, et reste l’une des références en
125cc.
Fritz Scheidegger (1930-1967)
Voici le premier Suisse champion du
monde de side-car. Scheidegger était
l’un des spécialistes de la discipline dans les années 1960. Ceci
commença quelques années plus tôt : En 1959, il remporte son
premier Grand Prix à Charade, suivi par d’autres victoires
marquantes en Allemagne et au Tourist Trophy. Le
natif de Langenthal (canton de Berne) s’est imposé en mondial deux
années consécutives, en 1965 et 1966.
Le premier titre est important. Acquis sur BMW, il met fin à
l’hégémonie Max Deubel de la plus belle des
manières. 1966 est une autre histoire. En effet, le duo
Scheidegger/Robinson remporte toutes les manches
mais est accusé d’utiliser une essence non conforme. Le championnat
est attribué à Deubel, avant de retourner dans les mains de
Scheidegger à la suite d’un appel, quatre mois après la fin de
saison. Fritz décède dans un accident de sidecar lors d’une course
à Mallory Park un an plus tard.
Gyula Marzovszky (1936-2004)
Là encore, excellent pilote. Suisse d’origine hongroise,
Marsovszky eut une carrière très étendue et a
scoré de gros points dans les catégories les plus prestigieuses. Il
faudra attendre son association avec Matchless, à
l’aube de 1963, pour le voir performer. En 500cc, Gyula s’empresse
de monter sur le podium sans jamais arriver à remporter la moindre
course.
En 1968, sa régularité lui permet de terminer troisième du mondial,
derrière Agostini et Findlay.
L’année suivante, il confirme sur Linto et prend
la deuxième place, toujours précédé par le « roi
Ago », intouchable. Ceci constitue le meilleur classement
pour un Suisse. Il fallut attendre le Grand Prix des
Nations 250cc en 1971 pour le voir s’imposer. Le Suisse
prit sa retraite en 1975, 14 ans après ses débuts. Encore
aujourd’hui, Marsovszky figure dans le top 10 des meilleurs pilotes
à ne jamais s’être imposé en 500cc.
Werner Geiger (1949-1974)
Geiger était un excellent pilote. Malheureusement, sa mort
prématurée ne nous permit pas d’observer tout son potentiel. Engagé
en mondial pour la première fois en 1973, il impressionna le petit
monde des Grands Prix en terminant quatrième du championnat 500cc
derrière Phil Read, Kim Newcombe
et Giacomo Agostini, excusez du peu. Cette saison
fut marquée par deux podiums, dont une deuxième place en Allemagne
suite à l’abandon des favoris.
Sa saison 1974 était nettement plus compliquée, mais fut écourtée
en raison de l’accident qui mit fin à sa vie lors d’un entraînement
en Finlande.
C’est tout pour aujourd’hui ! Rendez-vous prochainement
pour (re)découvrir d’autres profils légendaires !
Photo de couverture : Joop Van Bilsen ANEFO