Dans cette nouvelle rubrique, nous n’allons pas directement
évoquer les Grands Prix motos. À la place, nous allons plonger dans
l’histoire de la plus prestigieuse course au monde. Le
Tourist Trophy. La simple évocation de ce nom donne des
frissons à certains passionnés. Petit rappel, pour les
nouveaux : le « TT » est une course mythique,
prenant place chaque année au moins de juin sur l’île de Man, une
petite dépendance autonome située entre l’Angleterre et l’Irlande
du Nord. Elle se déroule sur un circuit de plus de 60 km, tracé à
même les routes, depuis 1907.
Une fois de plus, nous attaquons ici un vrai morceau. John
McGuinness, véritable légende vivante. À 48 ans, il est
encore capable d’affûter sur deux-roues et ne lâchera pas le guidon
de si tôt. « Conçu pour la vitesse », comme il le dit si
bien.
Depuis tout petit, McGuinness baigne dans le monde de la moto, son
père tenant un garage. Pourtant, il attendra ses 18 ans pour
débuter sur le mythique circuit d’Aintree, dans le
cadre d’une course d’endurance, fin 1990.
Passionné par le Tourist Trophy et désireux de le
faire un jour, comme tous les motards, le jeune Johnny ne lâche
rien. Course après course, chute après chute, le voilà au départ de
son premier TT en 1996. Sa première victoire vint trois ans plus
tard, en catégorie 250cc. Pour l’anecdote, il participa à quelques
manches de Grands Prix à la fin des années 1990, sans grand
succès.
Et depuis, il ne s’est plus arrêté de gagner. En 2006, il réalise
même le triplé Supersport,
Superbike et Senior tout en
abaissant le record du tour. Record qu’il explose en
2007. Puis en 2009. à l’heure actuelle, il dénombre 23
victoires le long de la montagne. Seul le regretté Joey Dunlop fit
mieux, avec 26 unités.*
John semblait en mesure d’aller chercher le record de son
mentor. Malheureusement, une grave blessure ralentit le « missile
de Morecambe » lors des essais de la North West 200
2017. Vertèbres touchées, en plus de côtes cassées et de
multiples fractures à la jambe droite.
Son long partenariat avec Honda prit fin. Il est clair que
McGuinness aura du mal à remporter la course une nouvelle fois,
mais il n’en reste pas moins un compétiteur exceptionnel, qui,
malgré les blessures, court toujours. En 2019, il renoua avec la
marque ailée via Padgett’s pour les courses Supersport, qu’il
termina en 15e et 17e place.
McGuinness est une institution, une encyclopédie à lui seul. Mieux
que personne, il analyse le tracé d’un œil d’expert, tout en
sachant s’économiser pour rester sur ses roues. Peut-être moins
vite qu’un Peter Hickman ou Michael
Dunlop sur un tour, mais plus régulier au fil des
années.
John est quelqu’un de très généreux. Tout le monde peut
s’identifier à lui et dans ce sens, il est possible d’affirmer
qu’il prit d’une main de maître la relève de
Joey Dunlop en tant que « pilote du peuple ». Cette
année, il est sacré membre de l’empire britannique. A juste titre.
Ce qu’apporta McGuinness à son sport est indéniable, tout comme son
amour pour la vitesse, peu importe la monture. Un grand
parmi les grands.
Photo de couverture : Ken Long