Dans cette rubrique, nous n’allons pas directement
évoquer les Grands Prix motos. À la place, nous allons
plonger dans l’histoire de la plus prestigieuse course au monde :
Le Tourist Trophy. La simple évocation de ce nom
donne des frissons à certains passionnés. Petit rappel, pour les
nouveaux. Le « TT » est une course mythique,
prenant place chaque année sur l’île de Man, une petite dépendance
autonome située entre l’Angleterre et l’Irlande du Nord. Elle se
déroule sur un circuit de plus de 60 km, tracé à même les routes,
depuis 1907.
Le voilà, le dernier du clan Dunlop. Après avoir
évoqué
l’oncle,
le père Robert et le
frère ainé, nous voici face au cadet de la famille.
Michael Dunlop fait honneur à son sang. Sans
hésitation aucune, il est l’un des meilleurs pilotes de l’histoire
du Tourist Trophy.
Né en 1989, soit quatre ans après
William, Michael grandit logiquement dans les paddocks
britanniques. Sa jeunesse est rythmée par la mécanique, une
thématique propre à la dynastie des Dunlop et plus largement aux
pilotes de courses sur route. Quand l’on met sa vie en jeu à chaque
sortie, vaut mieux être sûr et certain de son matériel, quitte à
tout vérifier soi-même.
Ainsi, il faudra attendre 2007 et ses 18 ans pour le voir au
départ de son premier TT. Ne vous-y trompez pas : Michael est déjà
rapide et a triomphé de modestes courses juniors, en particulier
dans son Irlande du Nord natale.
2008 est l’une de ses plus importantes années. Durant le weekend de
la North West 200, il perd son père
Robert mais décide tout de même de courir l’épreuve.
Au bout du suspense, Michael remporte la course dans une atmosphère
incroyable.
Cette victoire le place sur la carte. Désormais, on sait qu’il est
le digne héritier des Dunlop, autant que son frère. Son Tourist
Trophy est plus difficile. Malgré un tour canon à 200,8 km/h,
le plus rapide de tous les Dunlop, il ne peut
mieux faire que 10e.
La première victoire le long de la montagne ne tarde pas à venir.
Dès 2009, il ouvre le compteur en Supersport,
avant de confirmer un an plus tard en Superstock. C’est l’une de
ses particularités : Michael est fort partout, peu importe la
catégorie.
En 2013, il réalise un exploit. En plus de remporter le
Classic TT F1, il s’adjuge le
Superstock, les deux courses
Supersport ainsi que le
Superbike. Il doit cependant laisser le Senior à
son concurrent, le mythique John
McGuinness.
S’en suivent d’autres victoires mémorables, repoussant parfois le
record du tour, comme en 2016. Son niveau de performance a diminué
avec les années, mais cela ne l’empêche pas de triompher en
catégorie Lightweight en 2019, dernière édition en
date.
Au total, vingt victoires sur l’île, soit le troisième meilleur
total de l’histoire derrière Joey Dunlop et McGuinness. À 32 ans
seulement, il peut toujours espérer rejoindre le très haut du
panier. Son style spectaculaire, toujours à l’attaque, est
étroitement lié à son caractère sanguin. En effet, ce dernier est
également connu pour ses brouilles, en particulier avec les
écuries.
Impossible de l’attacher à une marque très longtemps. Outre son
équipe MD Racing Yamaha (ainsi qu’Honda TT Legends), il fit les
belles heures de Tyco BMW, écurie de pointe ayant fait courir Guy
Martin ou Peter Hickman. D’ailleurs, Michael n’hésite pas à
enfourcher des vieilles machines, et pas pour trier les
lentilles !
En 2017, il recrée l’exploit
de Bob McIntyre, en roulant à 100 mph (soit 160 kmh)
de moyenne au guidon d’une Gilera replica 1957, en habits d’époque
s’il vous plaît ! Les marques d’un vrai
passionné.
Michael est le seul qui reste. L’on voudrait lui dire d’arrêter, de
s’occuper de sa famille, de ne pas jouer avec la vie. À quoi bon,
la route coule dans ses veines, comme ses
ancêtres.
Photo de couverture : Phil Long