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À l’époque moderne, les team managers cherchent de plus en plus à associer des pilotes très forts, et préfèrent le travail d’équipe aux exploits individuels. Honda a été précurseur durant les années 1990 (voir la partie I), et la tendance se confirme durant l’ère MotoGP.

Après la fin de la dynastie Repsol Honda de Doohan, Itoh, Crivillé et consort, les Grands Prix motos entrent dans une nouvelle ère. Le MotoGP fait son introduction, et un certain Valentino Rossi commence à enfiler les titres comme des perles. Personne ne semble pouvoir lui contester. Ce dernier fait équipe avec différents pilotes, mais qui ne s’avèrent pas être en mesure de le déranger. Que ce soit avec Nicky Hayden, Colin Edwards ou Tohru Ukawa, Rossi domine. Il prend lui aussi cinq titres de rang, avant que le regretté « Kid du Kentucky » puis Casey Stoner ne viennent l’embêter sérieusement.

Yamaha, qui a par le fait amassé deux titres, désire relancer la machine. Dans le même temps, en 250CC, un ogre grandit. Jorge Lorenzo, sucette à la bouche, prend deux couronnes coup sur coup dans la catégorie intermédiaire, avec la manière. Les bleus décident de le recruter pour l’an 2008. Avaient-ils conscience de ce qu’ils venaient de réaliser ?

Si les débuts se passent plutôt bien entre les deux hommes, l’orgueil et surtout la faim de victoires – comme ils le disent aujourd’hui si bien – altéreront la suite des événements. Les premières tensions apparaissent. Puis un mur. Littéralement. Entre les deux boxes. Vu de l’extérieur, nous pouvons logiquement penser que ces comportements minent les résultats, comme ce fut le cas par le passé dans d’autres sports mécaniques.

 

Jorge Lorenzo et Valentino Rossi dans la même équipe. Quelque chose que l’on pourra raconter à nos enfants. Ici au Sachsenring 2009. Photo : Morten Jensen

 

À une différence près. Ce sont deux des tout meilleurs pilotes de l’histoire. Rossi est alors au top de sa forme, et parvient a prendre les titres 2008 et 2009, boosté par son coéquipier qui se fait lui aussi remarquer. Ce dernier est un chirurgien en piste. Un métronome. Ce style de pilotage ne s’était alors jamais vu, et scotche tout le monde. Avec le recul, nous pouvons en déduire que mettre ces deux monstres l’un à côté de l’autre était une excellente décision. Ceci a permis à « Por Fuera » d’avoir quelqu’un avec un mental finalement très similaire au sien, l’expérience en plus. Rossi, devant tant de talent, a du se surpasser, effacer ce qu’il avait appris et se donner à 200 %. Les deux se sont élevés mutuellement, et ceci nous a donné trois des plus belles années du championnat du monde.

Rossi quitte Yamaha pour 2011, avant d’y revenir deux saisons plus tard. La réunion de 2013 était plus délicate pour « The doctor ». Lorenzo maîtrisait son art à la perfection, et devançait clairement le vétéran. Mais en 2015, les deux ténors ont eu l’occasion de s’expliquer en piste, avant qu’un dénouement bien étrange vienne sceller les débats.

En 2011, un trio fort intéressant s’est formé. Le MotoGP n’était alors pas au mieux de sa forme, et il fallait remplir la grille. Repsol Honda s’est vu attribuer trois motos officielles moyennant finance, cela économisant une place de plus sur la grille. Les trios sont rarissimes de nos jours, et encore plus rares quand ils renferment autant de talent. Casey Stoner, Dani Pedrosa et Andrea Dovizioso. Une domination outrageuse de la formation espagnole était en marche.

 

Rarissimes, les formations à trois pilotes portent parfois leurs fruits. Dovi, Dani et Casey compilent aujourd’hui 83 victoires. Photo : Box Repsol

 

l’Australien, à peine arrivé dans la légendaire équipe marche déjà sur le MotoGP, ne faisant qu’une bouchée d’un Jorge Lorenzo bien esseulé. Un cumul de 797 points à trois pilotes, « Dovi » terminant troisième, soit une place devant Pedrosa. En chiffres, cela donne trois Honda Repsol dans le top 4 et 18 podiums, 12 pole, 13 victoires au cumulé. Malheureusement, la firme ne peut reproduire l’exploit des années 1990 en perdant Dovizioso puis Stoner en un laps de temps assez court.

Plus récemment, comment ne pas évoquer le sensationnel duo Pedrosa/Márquez  ? Il dura tout de même six ans, bien qu’une domination outrageuse du n°93 se fit grandement sentir quand les derniers instants furent compliqué pour Dani. Honda Repsol restait cependant toujours craint, Pedrosa étant capables d’exploits monumentaux.

Barros/Lawson, Rainey/Kocinski Dovizioso/Iannone… Autant de duos qui ont fait rêver. Mais deux s’en dégagent. Alors ? Êtes vous plus du genre Honda, qui possédait la meilleure force de frappe globale au milieu des années 1990, ou Yamaha réunissant deux pilotes sans doute individuellement plus forts, mais qui a moins duré. Et mieux, qui nous fera le même effet dans le futur ? Les frères Márquez ? Un retour fracassant de Suzuki avec Mir et Rins ? La piste choisira.

Photo de couverture : Alex Simonini

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