À l’occasion de la fin de la décennie 2010, revenons ensemble sur les dix moments marquants nous ayant fait vibrer, pleurer ou rire. Ces dix moments peuvent être des tournants dans une saison, des transferts ou encore des batailles dantesques. Forcément, les moments des premières années de la décade passée marquent plus, car nous avons le recul pour mieux apprécier leur importance dans l’histoire. Aujourd’hui, penchons nous sur le premier volet de cette série : la blessure de Valentino Rossi dans le cadre du Grand Prix d’Italie en 2010.
C’est une légende. Valentino Rossi, le chouchou des fans de MotoGP dans le monde est au sommet de son art en entamant la saison 2010. Par deux fois, en 2008 et 2009, il est arrivé à mater son jeune coéquipier Jorge Lorenzo, un jeune loup aux dents (très) longues. Rapidement, et presque naturellement, des tensions apparaissent tant les deux pilotes ont un désir de gagner et une fierté importante. Un mur entre les deux boxes fut même dressé : rien ne va plus chez Yamaha.
Sauf sur la piste. Les deux hommes sont absolument monstrueux une fois les feux éteints et nous offrent des batailles d’anthologie, en témoignent les spectateurs présents à Barcelone en 2009.
2010 est là, et « Vale » remet son titre en jeu, faisant figure de favori comme chaque année. Sur Ducati, le très redoutable Casey Stoner n’est jamais très loin : le vainqueur du championnat du monde 2007 est doté d’une vitesse naturelle absolument dingue, tout comme Lorenzo, qui monte de plus en plus. Dani Pedrosa et sa Honda traînent dans les parages, bien évidemment.
Le départ de la nouvelle saison est donné via le Grand Prix du Qatar. Shoya Tomizawa gagne la toute première course Moto2, et en catégorie reine, pas de surprise. Rossi se montre tout de suite dans le coup, remportant la bataille tandis que Stoner commet le premier faux pas de la saison en tombant au bout du deuxième tour alors qu’il tenait la tête. « The Doctor » colle une seconde pleine à Jorge Lorenzo, tandis qu’un Andrea Dovizioso en forme prend la troisième place.
Le rendez vous est donné pour Jerez, pour la deuxième manche. « Por Fuera » est clairement au dessus, et parvient à se défaire de Pedrosa et Rossi à quelques tours du terme. En France, même vainqueur, mais pas tout à fait de la même manière. Le numéro 99 fait une course « à la Lorenzo » en franchissant la ligne 5.6 secondes devant Valentino après que celui-ci ait fait quelques tours en tête. Dovizioso confirme sa bonne forme en terminant une fois de plus troisième.
Puis vient le Mugello, manche incontournable. Rossi est à la maison, absolument tout le monde le supporte : il en a besoin, car il est alors deuxième du championnat, non loin d’un Lorenzo déjà chaud. Ce qui devait être un week-end de fête se transforme en cauchemar pour les tifosi.
Aux essais libres, le pire se produit. Sans doute à cause de pneus trop froids, Vale part en highside et et retombe mal. Le diagnostic est vite établi : fracture ouverte du tibia droit. À la suite d’une opération de deux heures et demi, le docteur affirme que le nonuple champion du monde sera indisponible pour longtemps. Pas de Rossi au départ des quatre prochaines courses. Cette blessure, en plus d’être la pire de la carrière de Valentino, arrive au pire des moments.
Sur quatre Grands Prix manqués, Lorenzo enchaîne trois victoires, une deuxième place et s’envole au championnat. Ce dernier sera tout simplement irrattrapable, écrasant le record du nombre de points marqués dans une saison (avec 383 unités) ; record qui tombera seulement en 2019 par Marc Marquez.
Ce moment est un tournant de la décennie, ainsi que dans la carrière du concerné. Rossi part pour Ducati l’année suivante, quittant Yamaha après sept ans de bons et loyaux services. Il revient fort de cette blessure, mais a du mal à jouer la gagne. Il prend tout de même une victoire lourde de sens en Malaisie. Ironie du sort, Lorenzo est sacré champion du monde pour la toute première fois en terminant troisième de cette joute asiatique.
Cette fracture ouverte change beaucoup de facteurs. « Por Fuera » débute son règne, tandis que Rossi n’a plus gagné de titres depuis. La chasse au fameux « dixième sacre » est toujours ouverte, mais le fusil change d’épaule. Mais ce sera pour le prochain épisode.