Le contrôle antidopage positif qui met Andrea Iannone sur la sellette pose question sur une discipline qui, pourtant, dès 2018, a fait l’effort au travers d’une campagne pour éviter exactement ce type de situation. Les suites de l’affaire seront donc particulièrement suivies tandis que resurgissent les doutes qu’avait alors clairement formulé Cal Crutchlow sur les moyens réellement déployés sur le terrain pour contrecarrer le fléau. Des propos qui résonnent aujourd’hui différemment, tout comme la réponse que le Président de la FIM lui avait alors faite…
La saison 2018 des Grands Prix avait été lancée sous le sceau de la lutte contre le dopage. Le directeur médical de la FIM, le Dr David McManus, et la coordinatrice antidopage de la FIM, Evelyne Magnin, avaient animé, lors du Grand Prix du Qatar, des briefings à l’adresse des pilotes Moto3, Moto2 et MotoGP. Ils mettaient en évidence les dangers du dopage et sur ses conséquences sur la santé. Des exemples de substances prohibées avaient été montrés.
Des explications avaient aussi été données sur le Passeport biologique de l’athlète, les Autorisations à usage thérapeutique et le système de gestion antidopage ADAMS. Les pilotes avaient été également sensibilisés à la plateforme d’e-learning (ADeL) et encouragés à participer au programme ALPHA (Athlete Learning Program about Health and Anti-Doping).
Une opération ainsi commentée à l’époque par Carmelo Ezpeleta, CEO Dorna Sports : « la FIM et la Dorna travaillent conjointement sur le sujet depuis quelques années. À vrai dire, c’est un thème très important, surtout pour la FIM en tant qu’organisateur du Championnat du Monde. Alors que notre sport se développe, l’aspect physique occupe une place de plus en plus prépondérante. Il nous semblait donc essentiel de se sensibiliser les pilotes, quant au bon comportement à avoir sur la piste comme en dehors en matière d’antidopage. »
Les pilotes, de façon symbolique avaient matérialisé sur un tableau leur mobilisation. Une belle unité qui s’est consumée lorsque Cal Crutchlow est arrivé et s’est exprimé sur crash.net : « si vous croyez qu’il y a des gens ici, dans le sport majeur de la moto, qui n’essaient pas de transgresser ces règles, alors vous êtes un idiot ». Et il termine : « je pense que la façon dont tout le championnat gère cette question n’est pas bonne. Mais ce que je dis là, je le répète depuis quatre ans déjà. »
Clairement, l’opprobre était lancé. Mais contre qui ? Le pilote LCR donnait alors des pistes de réflexion : « il y a des procédures de suivi volontaire mais très peu font l’effort de les mettre en place. Comment savoir si ceux qui ne se font pas suivre sont propres ? Certains ont jusqu’à sept entraîneurs ! Je ne comprends pas. S’ils n’ont rien à se reprocher alors pourquoi ils n’ont pas le courage de dire qu’on peut les contrôler à n’importe quel moment ? »
Il expliquait aussi les contrôles actuels… « C’est du pipeau ! J’ai été contrôlé une seule fois en 365 jours et jamais après. Puis une seule fois ensuite. Enfin, ces deux dernières années, je n’ai jamais été contrôlé. Jack Miller a été en revanche contrôlé deux fois ces trois dernières années. » Mais quel type de dopage aurait lieu en Grand Prix ? « Il s’agit de se réhydrater plus vite et de contrôler son poids » explique l’Anglais qui termine : « mais cette réunion a été intéressante. J’ai écouté et je n’ai rien appris de ce que je sais déjà ». A méditer aujourd’hui…
Le Président de la FIM aurait pu être agacé par la prise de position du pilote LCR. Mais au lieu de ça, il choisissait d’utiliser la puissance de l’offensive pour l’absorber et la retourner en direction de la cause : « plutôt que de nous nuire, les propos de Cal Crutchlow nous aident au contraire » assurait-il sur GPOne. « Il faut effectivement plus de contrôles et ça montre que la majorité des pilotes sont d’accord. Ainsi Marc Márquez serait le premier volontaire déclaré à se faire contrôler tous les jours. Et c’est parce qu’il veut montrer que ses performances sont propres. »
Alors, où est le souci ? « C’est l’entourage des pilotes qui freine. Ils ont peur qu’on vienne réveiller les pilotes au milieu de la nuit et ainsi les perturber. Dans un monde idéal, il faudrait pouvoir contrôler tous les pilotes et dès la Moto3. Mais pour le moment, nous nous concentrons à l’élite qu’est le MotoGP. C’est l’exemple à regarder et à suivre. Lorsque vous êtes au sommet, vous pouvez être contrôlé systématiquement. »