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A l’occasion de ses deux premiers Grands Prix dans la catégorie supérieure, le Sud-Africain a fait montre d’un indéniable talent, qui lui valut par exemple de réaliser le troisième tour en course le plus rapide du GP d’Andalousie. Pour un rookie, dans des circonstances extérieures parfois surprenantes et déstabilisantes, il se faisait ainsi remarquer par les experts du paddock, comme par exemple quand il réalisa le troisième temps de la FP2 du Grand Prix d’Espagne, et le troisième de la FP1 du GP d’Andalousie.

Le manque d’expérience en course MotoGP se faisait toutefois sentir, et ce n’était qu’avec trois points que le Champion du Monde Moto3 2016 et vice-Champion du Monde Moto2 2019 arrivait à Brno, en Moravie-du-Sud, le week-end dernier.

L’an passé, c’était à Brno que Johann Zarco réalisait le troisième temps des qualifications sur sa KTM, sa seule première ligne de l’année – et la première fois en première ligne pour KTM en MotoGP. Cette année Zarco réalisait magnifiquement la pole position (sur Ducati) et Binder s’emparait de la victoire.

Pour Florian Ferracci – tout à droite sur la photo de titre ci-dessus – ancien pilote de haut niveau et un des actuels mécaniciens de Brad Binder, le circuit tchèque est-il favorable aux caractéristiques de la RC16 ?

« C’est un petit peu difficile à dire au départ, mais il s’avère qu’en général notre moto de cette année fonctionne bien partout. On a fait des essais en Malaisie où ça s’est bien passé. Puis les premiers tests au Qatar se sont bien déroulés, même si le Circuit de Losail n’est pas une piste très compliquée, où toutes les motos vont bien. Brad n’y était qu’à 0.425 du meilleur temps de Maverick Viñales. Quand nous sommes arrivés à jerez, nous avons constaté que la moto y fonctionnait très bien aussi. Ce fut également le cas par la suite à Brno. Je pense que nous avons donc une très bonne base, mise en valeur par le talent reconnu du pilote. »

Les deux courbes les plus rapides de l’Automotodrom de Brno (la première et la dernière) passent à moins de 140 km/h en MotoGP. L’absence de courbes rapides sur le Circuit Masaryk* est-il un avantage ou un inconvénient pour les KTM ?

*Nommé d’après le premier Président de la République Tchécoslovaque Tomáš Garrigue Masaryk (1850-1937)

« Il est difficile de dire si on est plutôt mieux dans les virages rapides ou dans les virages lents. Notre avantage cette année, d’après les dires des pilotes, c’est qu’on est vraiment très bien en entrée de virage. Le Circuit de Brno est quand même assez sinueux, et il y a eu des difficultés pour tout le monde – nous y compris – avec le grip. Notre moto ne marche pas spécialement bien sur des circuits rapides. C’est une moto homogène, qui va bien partout. »

Cette année, après les FP1 et FP2, Binder était classé onzième, puis seizième après la FP3. Étiez-vous inquiet à ce moment-là dans votre équipe ?

« On n’était pas vraiment inquiets car tous les pilotes étaient très serrés. On était effectivement seizième, mais à seulement 0.693 du meilleur temps de Franco Morbidelli. Là où on était un peu déçu, c’est qu’à Jerez on était passés directement en Q2. Alors qu’à Brno il nous a fallu passer par la Q1, dont la liste des pilotes présents était impressionnante, avec Andrea Dovizioso, Jack Miller, ­Álex Rins, Takaaki Nakagami et Miguel Oliveira. On s’est dit que ça allait être chaud pour finir dans les deux premiers. Moi personnellement j’y croyais à moitié. Il fallait que ça se passe super bien. »

Lors de la Q2, Binder se classait septième. En as-tu été heureux ou déçu ?

« Moi, j’étais très content qu’il réalisât le septième temps. Son but était de se qualifier sur une des deux premières lignes. Il a échoué de 0.157, mais la septième place est bonne sur la grille de départ car derrière dans l’axe de celui qui a la pole position. »

Comment as-tu vécu la course ?

« Je l’ai vécu du panneautage, en bord de piste. Il a réalisé un super départ et s’est trouvé tout de suite dans le groupe de tête. Il était bien qu’il suive ce groupe, ne s’affole pas, et on allait voir ce qui se passerait. En vérité, on a vu qu’il était très rapide et qu’il remontait sur les premiers, jusqu’à revenir sur Fabio et le suivre du 2e au 8e tour. On voyait qu’il était plus rapide que Fabio, qu’il l’accompagnait vraiment facilement, mais pendant ce temps-là, les pilotes qui les suivaient avaient tendance à revenir sur eux. »

« J’étais un peu inquiet, et souhaitais qu’il double vraiment Fabio, parce qu’ils allaient de faire rattraper par Johann, Pol et Alex Rins. Et puis finalement dès qu’il a pu doubler Fabio, il est parti, il l’a lâché. »

« On n’y croyait pas ! Il était à ce moment-là en deuxième position (derrière Morbidelli). Pour nous déjà c’était un rêve… On savait qu’on avait travaillé vraiment sur le rythme de course plutôt que sur un unique tour de folie. On a montré que dans ce domaine on était au point. »

« Il est sûr que la course a été longue, surtout quand tu étais comme ça dans le paquet de tête. Une fois qu’il a eu passé Morbidelli et pris la tête, il était toujours le plus rapide et on avait encore du mal à y croire. Il roulait très régulièrement, même si à la mi-course les chronos de tout le monde ont baissé, car chacun a perdu du grip. »

« Lors des derniers tours, on a commencé à réaliser et souhaité ne pas avoir de problèmes. Lui, je voyais qu’il avait une absolue confiance en lui. Il était propre dans son pilotage. On redoutait les soucis comme ceux qu’on avait pu avoir lors des deux courses de Jerez. »

Ces soucis de Jerez ne l’ont pas bloqué du tout à Brno ?

« Non, parce qu’il avait tourné la page. Nous, on souhaitait obtenir finalement un résultat en course. Lui et nous, on savait qu’on valait mieux que les trois points qu’on avait marqué au Championnat en deux courses. On était bien conscients de son potentiel et de celui de notre moto. »

« Il fallait que toutes les conditions soient réunies. Brad a un talent fou. Quand il a des petits soucis, de grip par exemple, il s’adapte en changeant son pilotage. Il est très intelligent sur la moto, c’est incroyable. Quand le pneu arrière commence à patiner par exemple, il gère ça très bien avec la poignée. »

Il va y avoir maintenant deux courses en Autriche, chez KTM, puis tout le reste du Championnat. Comment vois-tu la suite des évènements ?

« Il est certain qu’on va avoir deux courses en Autriche peut-être un petit peu stressantes, mais il a montré ce dont il était capable, malgré ce que peuvent dire les détracteurs de KTM qui critiquent les cadres en acier et les suspensions WP, car la preuve : c’est que ça marche ! »

« Les autres pilotes KTM ont aussi bien roulé, avec le meilleur temps du warmup pour Pol Espargaró, et les deux premiers tours en course pour Brad et Pol, ainsi que le 7e temps en course pour Oliveira. Notre moto a gagné alors qu’elle n’en est qu’à sa quatrième année. KTM a gagné dans toutes les compétitions où le constructeur s’est engagé. »

Quand et comment as-tu intériorisé la victoire ?

« Ce lundi matin, en rentrant dans le stand, j’ai vu la coupe en cristal de Brad et celle du team, qui étaient restées sur les caisses à outils. Je me suis dit « c’est bien vrai. On a bien gagné hier ! » C’est normal, c’est humain, on n’est pas des robots. Je suis content de faire partie de ce grand projet. J’apprécie chez KTM cette passion de la compétition que l’on retrouve au sein d’autres entreprises comme par exemple Michelin. Ils ont ça dans le sang ! »

Le résumé de la course de Brad :

Photos © Polarity Photo pour KTM

 

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