Le pilote français divise. Pourtant, tout le
monde s’accorde quant à son immense talent au guidon : les
résultats ne mentent jamais. Sur sa Ducati GP19, il réalisa une
année solide, que beaucoup, objectivement, n’apprécièrent pas
assez. Analyse approfondie de cet exercice 2020 sauce
Johann Zarco.
La saison 2020 de notre Johann Zarco national
commence en réalité bien avant le Grand Prix
d’Espagne, disputé le 19 juin sur le tracé de Jerez. Il
faut remonter le temps, jusqu’à son éviction de l’usine
KTM, pour mieux appréhender la question.
À cette époque, Johann se sent délaissé et n’est plus au top de sa
forme mentale. Grâce à une détermination sans faille, un moral
d’acier et une ambition sans limite, il réussit à trouver un
remplacement chez LCR Honda puis guidon chez
Hublot Reale Avintia Racing / Esponsorama pour
2020. Doté d’une Ducati âgée d’un an et épaulé par son ancien rival
Esteve Rabat, le double champion du monde Moto2
savait que la tâche allait être ardue mais l’implication de Ducati
allait rendre les choses plus constructives.
Au final, le français livra une saison remarquable, avec une
pole position, un podium (acquis
en République Tchèque), et sept tops 10. Au-delà
de ça, c’est une forte impression qu’il laissa à tout le
paddock.
Parlons chiffres un instant. Premièrement, il faut signaler que
Johann Zarco est désormais le meilleur pilote de
l’histoire du team. En une année seulement, c’est un sacré
accomplissement. Aucun pilote Esponsorama n’était
monté sur la boîte ou s’était qualifié en pole position auparavant.
Héctor Barberá détient toujours le record de
points sur une saison, avec 102 points et une 10e place au général
en 2016.
Sur un total de 18 courses, cela représente un peu plus de
5,6 points de moyenne par course.
Johann est dans ses basques, à 5,5
pile. Autre statistique intéressante : Si l’on enlève
les abandons (les deux connurent le même nombre de courses hors des
points, soit trois chacun), Héctor pointe à
6,3 points par course. Zarco le
devance assez largement, avec 7 points par
course.
Ceci aide à mettre en perspective la performance du français, qui,
de plus, ne connaissait pas la machine. L’écart de points entre
Johann Zarco (77) et son coéquipier
(10) fut le plus important l’année dernière. Ceci
exclut les duos où l’un était blessé, comme LCR –
Honda et Ducati Pramac Racing.
Même en n’évoquant pas les statistiques, son intensité sur la piste fut indéniable. À Brno, il livra une véritable masterclass pour terminer sur le podium. Dans l’intensité de course, ce fut irréprochable. Beaucoup s’attardent sur les chutes. En effet, Johann Zarco est le pilote qui chuta le plus au cours de la saison. Certains pilotes ont besoin de ces chutes pour trouver les limites de la machines, et ceci prouve qu’ils en veulent énormément, sont très dévoués. À l’inverse, ne jamais tomber n’est pas forcément synonyme de grande performance, et ce fait est trop souvent oublié.
Danilo Petrucci ne s’est trouvé que deux fois à
terre cette année et fut tout de même, au regard de sa vitesse et
régularité précédente, décevant. La saison de
Zarco fut éclipsée par des faits non négligeables,
dont l’accident de Spielberg en tête.
Si son pilotage sanguin lui joue parfois des tours, il lui permet
également de s’affirmer en piste. En tout cas, nul ne peut dénigrer
son talent brut. Tout ceci promet une belle saison 2021,
sur une moto, on l’espère, compétitive.
Photo de couverture : Michelin Motorsport