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Lors du Grand Prix d’Espagne à Jerez, Pol Espargaro a eu beau faire tout ce qu’il pouvait, il n’a pas pu empêcher Mika Kallio de le devancer sur la ligne d’arrivée.

On le sait, ce dernier disposait d’un nouveau moteur qui apporte visiblement un net progrès à la KTM RC 16.

Dans le paddock, tout le monde suppose, sans doute avec raison, que la firme autrichienne essayait en course son moteur tournant dans le sens inverse des roues, une technologie adoptée par toutes les autres usines. Les Yamaha en sont équipées depuis longtemps, les Honda beaucoup plus récemment.

Sans rentrer plus en avant dans la technique, cette configuration permet à la fois de contrer la tendance au wheeling par un appui de l’ordre d’un kilo à l’accélération, tout en augmentant notablement la maniabilité.

Par contre, elle nécessite un arbre intermédiaire entre le vilebrequin et l’arbre primaire de boîte de vitesses, qui impose la refonte complète des carters moteur. C’est sans doute pourquoi les KTM, bien que bénéficiant des avantages de Concession, ne disposeront pas de ce nouveau propulseur en course avant la mi-saison: il faut tout simplement le temps d’en fabriquer une petite série !

Pol Espargaro a néanmoins pu tester ce moteur lors des essais IRTA du lundi suivant le Grand Prix.

Enchanté, il ne tarit pas d’éloges à son sujet : «On a gagné une seconde ! »

On connaît l’enthousiasme légendaire du pilote né à Granollers, à une portée de pierre du circuit de Catalunya, mais celui-ci sort des chiffres : «Nous avons été beaucoup plus rapides. Hier, nous étions autour des 1’40.3, 1’40.4 et aujourd’hui avec un pneu de course, nous avons fait 1’39.4, donc une seconde de gagnée ».

Pour le pilote KTM, voila l’explication : «C’est mieux pour pouvoir tourner. Ce qui manque à notre moto, c’est cette capacité à tourner, or cette moto tourne deux ou trois fois mieux, alors peut-être que nous perdons à d’autres endroits mais dans l’ensemble, c’est beaucoup plus rapide ».

Le numéro 44 pense qu’il s’agit là d’une étape décisive dans le développement de la RC16: « Evidemment, c’est bien d’avoir quelque chose dans la poche, même si nous ne pourrons pas l’utiliser dans les prochaines courses. C’est bien d’avoir une arme dans la poche. Cela nous permettra de continuer à travailler, même sur les choses que vous pensez ne pas être super. »

Le Catalan concède quelques inconvénients, tout en les minimisant : « Moins l’adhérence quand la moto est droite, mais c’est le genre de choses que nous pouvons améliorer par les réglages, par le châssis, le bras oscillant, ou quoi que ce soit, mais en tournant, je pense que nous avions atteint un point fixe. Nous ne pouvions pas nous améliorer, c’est pourquoi il est bon de trouver une nouvelle façon de faire ».

Pol Espargaro de conclure : «Après les deux jours d’essais, je suis très impressionné et heureux des améliorations à venir pour le futur. Le meilleur est encore à venir mais nous nous améliorons aussi avec notre moto de course actuelle, et nous avons essayé beaucoup de choses et enregistré beaucoup d’infos. J’en suis heureux. Nous continuons à apprendre sur cette moto, nous travaillons comme des fous et, un jour, je suis sûr que nous serons régulièrement dans le top 10 ».

La même positivité se retrouve chez Bradley Smith qui s’est davantage concentré sur le châssis : « Nous avons fait des progrès certains pendant le GP dans différents domaines, et cela nous a permis d’obtenir un meilleur résultat. Le test consistait alors à essayer de construire à partir de cela et de progresser dans mes domaines les plus faibles. Nous avons travaillé pour l’avenir sur un grand nombre de pièces différentes, comme le châssis et le bras oscillant de la nouvelle moto de développement,  apporté quelques améliorations à la suspension et donné des idées pour aider à progresser. Après avoir roulé sur les trois motos, nous avons une bonne compréhension de notre situation. Tout est très clair et il ne nous manque rien même si cela implique de mélanger certains éléments des trois. Je me rends au Mans heureux de nos progrès. C’est une piste avec des freinages très durs et, par temps froid, il est important de bien chauffer le pneu. Nous y avons travaillé un peu aujourd’hui. Nous finissons notre travail ici, heureux et en meilleure forme pour le GP de France ».

Le mot de la fin revient à Sebastian Risse, le Directeur Technique du projet KTM MotoGP : « Beaucoup de choses se sont accumulées – beaucoup de pièces et d’idées – que nous n’avons pas pu essayer lors des courses outre-mer, et même certaines choses qui restaient des tests de pré-saison. Nous avions aussi des doutes et des décisions à prendre, donc ce test était important. Nous avons eu de bonnes conditions climatiques et nous sommes très satisfaits des résultats. Non seulement le rythme a été bon, mais nous avons fait un pas en avant dans de nombreux domaines et nous devons maintenant le prouver sur d’autres circuits et dans d’autres circonstances. Nous avons découvert des réponses que nous n’avions pas trouvées lors du week-end de course à Jerez, donc cela a déjà été très positif à cet égard. Nous sommes également satisfaits de certaines idées à plus long terme que nous avons confirmées avec les pilotes du GP. Maintenant nous attendons avec impatience la prochaine course ».

Une seconde au tour donnerait mathématiquement un gain de 25 secondes lors du Grand Prix d’Espagne… et donc une victoire de Pol Espargaro (ou de Mika Kallio).

On a évidemment beaucoup de mal à y croire, mais si ce nouveau moteur (et le reste) pouvait rendre les KTM 2019 un peu plus compétitives, ce ne seraient sans doute pas les supporters de Johann Zarco qui s’en plaindraient !

 

 

 

 

 

 

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