Mattéo Roman n’est pas encore un nom connu du grand
public mais il fait partie de l’Équipe de France Vitesse 2024, avec
Enzo Bellon et Benjamin Caillet.
Nous avons profité de la pause estivale pour mieux connaître ces
jeunes garçons qui rêvent d’accéder au MotoGP
pour prendre la succession de Fabio Quartararo et
Johann Zarco. Certes, le
chemin est encore long pour ces trois Français courant actuellement
en European Talent Cup, la catégorie qui précède le JuniorGP,
l’antichambre des Grands Prix, mais accompagnés par la Fédération
Française de Vitesse et surmotivés, tous les espoirs leur sont
permis.
Commençons aujourd’hui par Mattéo Roman, alias « Moustic Rider », qui arbore sans superstition le numéro 13 sur sa Moto3 Honda NSF 250 R (Type MR03).
Mattéo Roman : « Je m’appelle Mattéo Roman, j’ai 16 ans. J’habite dans le Vaucluse, à côté d’Aix en Provence. Là, en septembre, je vais rentrer en première, en section sportive athlétisme, en tant qu’interne. Je fais de la compétition moto depuis l’âge de mes 4 ans. J’ai commencé par le trial, après j’ai évolué sur une PW avec l’école de Zarco, j’ai gravi les échelons pour accéder en 125 Promosport, et par la suite en OGP pour arriver en ETC. »
Qu’est-ce qui t’a poussé à faire de la compétition moto
? Il y a un papa motard, il y a un papa qui a fait de la course
?
« Non, mon père est un motard du dimanche, on peut dire ça. Il
regardait la MotoGP seulement pas longtemps avant que je
naisse, parce qu’il avait un ami que ça intéressait. Donc c’est
venu de moi même. J’ai découvert ça en regardant les courses à la télé et c’est devenu une nouvelle
passion pour moi. »
Oui, mais tu dis que tu faisais de la compétition
à 4 ans. C’est vraiment très tôt…
« Vu que mon père aimait bien quand même les motos, j’ai
commencé le vélo très très tôt. Et j’ai bien aimé, comme tout ce
qui avait deux roues, la trottinette, le BMX, et ça me faisait
rêver à chaque fois que j’étais dans la rue et que je voyais une
moto passer. Du coup, après, je suis passé sur une petite moto et
au fur et à mesure j’ai évolué. Et au départ, à 4 ans, j’étais plus
sur le trial, mais à 6 ans, pour mon anniversaire, mes parents
m’ont offert la possibilité de faire une détection, un essai, dans
l’école de Zarco qui faisait une journée roulage pas loin de chez
nous. Donc j’ai découvert un peu la piste comme ça, et ça a
accroché.
On imagine que ton parcours jusqu’à l‘ETC (European Talent
Cup), qui est quand même de très haut niveau puisqu’il s’agit du
pré-Mondial, a surtout été permis par l’environnement
familial
« Oui, jusqu’en Pré-Moto 3, je faisais les courses uniquement
avec mon père, il n’y avait aucun encadrement de team ou quoi que
ce soit: c’était mon père et moi, déplacement avec la caravane,
comme en Championnat de France. »
Aujourd’hui, tu fais partie des 3 pilotes sélectionnés
pour l’Équipe de France Vitesse. Selon toi, pourquoi, et quand
as-tu été repéré ?
« Je pense que la FFM croit en moi, car c’est ma 3e année
d’ETC, et que chaque année je progresse régulièrement. Donc ils
connaissent mon niveau depuis longtemps car ça fait déjà presque 4
ans que je suis dans la filière Haut Niveau de la fédé, depuis le
moment où j’ai commencé l’OGP, 2021. Donc ils connaissent mon
niveau, ma marge de progression et mon sérieux dans la mise en
application et la réussite de mes objectifs. Donc c’est pour ça que
je pense qu’ils ont confiance en moi et que je suis en équipe de
France cette année. »
D’accord, c’est seulement cette année, car l’an dernier
tu ne faisais pas partie des sélectionnés…
« Non, l’année dernière je vivais en Espagne donc je ne
pouvais pas faire partie des sélectionnés, car je ne pouvais pas
venir aux entraînements. Mais cette année, je suis revenu en France
pour pouvoir en bénéficier. »
Est-ce qu’on peut détailler un petit peu l’aide que
t’apporte la Fédération, en plus sans doute d’une petite
contribution financière ?
« La fédération apporte une grosse aide au niveau du coaching
grâce à Alexis Masbou, lors des stages organisés dans le cadre de
la filière vitesse, et pendant les entraînements et les weekends de
course. Par exemple Alexis peut m’apporter un point de vue
extérieur que je ne peux pas avoir sur la piste, donc il va se
positionner tout le tour du circuit et se mettre à des endroits
stratégiques pour prendre des vidéos de certains autres pilotes
rapides et comparer avec moi. Il me détaille bien les endroits là
où je dois travailler, là où c’est bien, quelle technique à
utiliser, quelle stratégie à appliquer durant la séance, etc.
Enfin, c’est un gros gros coaching, et en plus de ça, lors des
entraînements et des roulages de la fédé à Alès, ou même en amont
lors des pré-tests, il peut être encore plus en avant,
contrairement aux courses où la Dorna bloque un peu les
accès. Sur les entrainements, là il
a toute la possibilité de nous coacher, de nous voir, d’aller se
mettre en bord de piste, donc ça c’est vraiment
bien. »
Donc en gros, il y a des stages, des entraînements, des
pré-tests et il y a la présence d’Alexis Masbou à toutes les
compétitions ?
« Oui, et en plus de ça, depuis l’an passé la fédé fait un
stage à Vichy, qui n’a rien à voir avec le pilotage moto proprement
dit, mais plus sur les autres aspects de la performance, dont le
physique ou la nutrition, par exemple. Donc là, en fait il y avait
toutes les équipes de France motos, donc vitesse, cross, trial,
etc., et on s‘est tous retrouvés dans le complexe pour les JO
pendant 4 jours, pour faire du sport pour nous préparer avant la
saison. Donc ça je pense que c’est un point vraiment bien, parce
qu’en plus de nos performances sur la moto, ils nous suivent
vraiment bien sur les performances physiques. Ils nous demandent
aussi de partager nos séances sportives qu’on fait, qu’on
enregistre avec nos montres, comme ça ils voient notre révolution
sur toute l’année, donc ça c’est vraiment bien. »
D’accord, oui, un suivi physique, et on peut aussi
imaginer que ce genre de stage permet aussi de renforcer l’esprit
collectif, l’émulation et le mental…
Par rapport à tes attentes, comment juges-tu ta saison jusqu’à
présent ?
« C’est un début de saison très compliqué, car j’ai eu
plusieurs blessures qui m’ont empêché d’être performant
directement. Du coup, j’ai vraiment commencé le championnat à
Portimao, car les résultats n’étaient pas ceux que je visais pour
le début de saison. On travaille donc vraiment dur cet été pour
pour vraiment être prêt à Jerez. Mais c’est sûr que le début de
championnat a été compliqué à cause de de grosses blessures que je
me suis faites en pré-saison, et même à Misano où je me suis fait
percuter dès la première séance d’essais, en me cassant le poignet,
puis en revenant de blessure à Estoril je me suis cassé le
tibia. »
Ce sont effectivement de grosses blessures. Es-tu
revenu à 100 % ?
« Oui, je suis à 100 % depuis
Portimao, et je passe tout mon été à m’entraîner pour revenir à
bloc à Jerez. »
As-tu une anecdote à nous raconter, dont tu es
particulièrement fier dans ta carrière de pilote ?
« Pour moi, ce ne sont pas vraiment des résultats ni des
places, c’est plus d’être arrivé là où j’en suis, en ETC avec
l’Equipe de France, après toutes les étapes que j’ai pu franchir
durant ma carrière, on va dire de pilote. Donc c’est vraiment ça,
ce n’est pas vraiment un résultat en particulier. »
D’accord, c’est plus une qualité, la ténacité, tu ne
lâches rien pour arriver là où tu veux…
« Exactement ! »
D’accord, donc ça rejoint la question de savoir ce qui
serait ta plus grande qualité de pilote. La ténacité ?
« C’est plus d’être travailleur, mais ça rejoint d’être
tenace. On va dire que ça peut aller ensemble mais en l’occurrence
ma plus grande qualité c’est d’être travailleur. »
Et là, où tu penses qu’il y a encore une marge de
progression ?
« En ce moment, c’est d’être trop cérébral et de me mettre à
la pression. Oui, c’est ce qui pêche en ce moment, et c’est pour ça
qu’en plus d’avoir Alexis Masbou comme coach, j’ai un coach mental
qui me permet justement de gérer cette pression et être
mieux. »
Comment tu vois ton avenir, à quelle échéance ? Tu te
donnes encore combien de temps en ETC, puis en JuniorGP, si tout se
passe bien évidemment ?
« Mon but, c’est de
devenir pilote professionnel et d’accéder à la Moto3 mondiale
d’ici à peu près 3 ans. Mais en parralèle, c’est important pour moi
quand même de continuer mes études dans le domaine de l’ingénierie.
Donc j’essaie de faire les deux le mieux possible car c’est un
domaine que j’apprécie aussi. Mais mon objectif c’est quand même
d’arriver en Moto3 d’ici 3 ans. Après, à voir si je passerai par le
JuniorGP, car c’est un chemin qui peut changer. »
Quel est ton pilote MotoGP favori, et pourquoi
?
« Pour moi, c’est Pedro Acosta, parce que c’est un pilote qui
est très travailleur et professionnel avec son équipe. Il se remet
en question tout le temps, ce qui le fait progresser plus vite. Et
en plus de ça j’ai une anecdote, c’est que quand il était en Moto3,
à l’époque chez Ajo, il a gagné sa première course au Qatar en
partant des stands. Ça m’a rappelé ma première course en OGP à
Magny-Cours, où je suis parti fond de grille et j’ai gagné la
course avec 13 secondes d’avance. C’est pour ça que j’aime ce
pilote (rires). »
Crédit photo : Manu Tormo
Crédit photo : @anthonyahunon