Jorge Lorenzo a accordé une interview au site espagnol Marca dans laquelle il évoque sa nouvelle vie chez Ducati et revient, notamment, sur sa séparation avec Yamaha. Des propos qui mettent une fois de plus en lumière, selon lui, la difficulté d’être le coéquipier de Valentino Rossi…
En voici quelques extraits.
Avez-vous été blessé que quelqu’un (Massimo Meregalli, Team Director Movistar Yamaha MotoGP) ait dit que depuis que vous étiez parti, il y avait une meilleure atmosphère dans le box Yamaha ?
« Je pense que cela n’a pas été une déclaration très heureuse de la part de la personne qui l’a dite, que cela venait beaucoup plus du côté de Rossi. Pour une raison ou une autre, j’ai compris qu’il était plus du côté de Rossi, donc j’ai essayé qu’il ne vienne pas trop dans notre box parce que le premier rival que tu as est ton coéquipier. Donc, cette déclaration est influencée par le fait que j’ai essayé que cette personne ne soit pas beaucoup dans notre box. Mais cette décision a engendré cette déclaration, alors que je n’étais plus chez Yamaha. »
Quelle a été la réalité de ces essais ?
« Cela dépend du circuit. Nous avons beaucoup souffert à Phillip Island. La Ducati 2016 et 2017 ont beaucoup souffert parce que, même Barberá et Baz ont roulé plus lentement qu’avec la 2014, ce qui est un peu étrange puisque, normalement, les nouvelles motos marchent beaucoup mieux. L’interdiction des ailerons a beaucoup joué, car ils étaient très sophistiqués, mais c’est aussi à cause du type de courbes à Phillip Island, très longues, où on passe beaucoup de temps à être incliné. Dans les virages en ‘L’, c’est moins perceptible. Nous travaillons là-dessus. Je pense que sur certains circuits, nous pouvons très bien marcher, essayer de gagner plus de courses que l’année dernière, que les deux qu’ils ont obtenues. Mais pour faire une moto polyvalente sur chaque piste, et peut-être aspirer à remporter le championnat, nous ne savons pas comment cela va se passer; nous devons terminer de nombreuses courses, ou que les adversaires défaillent beaucoup, ce que vous ne savez jamais. Mais pour l’instant, nous avons besoin de travailler dans certains domaines spécifiques, et nous avons beaucoup de travail à faire. »
Durant ces mois chez Ducati, vous avez dit avoir remarqué que vous receviez beaucoup de soutien. Quelle valeur cela a-t-il ?
« Il est évident que s’ils vous apprécient et vous le font savoir, s’ils vous aiment et vous soignent, vous êtes meilleur. Cela est évident. Mais aussi, il faut comprendre le pourquoi de cela. Ducati est une marque qui veut gagner. Elle a signé avec moi pour ce motif. Ils sont très motivés. Je suis la nouveauté, ils veulent me traiter du mieux possible. Mais l’important consiste en ce que cette affection se maintienne dans le long terme malgré les résultats, si les mauvais résultats se succèdent, qu’ils continuent à croire en leur pilote et à y faire attention. C’est comme une relation avec une fille. Au commencement, tout est très joli chacun prend soin de l’autre, on supporte tous les défauts et toutes les mauvaises choses, mais, après, la routine, le temps, cela fait que l’on ne supporte pas autant de choses de cette personne et que l’on est plus paresseux pour les détails. Cela peut diminuer un peu.
Yamaha avait un pilote qui est une icône du motocyclisme et qui devait être soigné car il leur faisait vendre beaucoup de motos et était très médiatique. Là-dessus, il s’est produit que les deux pilotes étaient en lutte pour le championnat et il n’était pas facile de gérer cette situation. Je comprends qu’ils devaient prendre soin de leur diamant, dans le sens de la vente des motos. Qu’on le veuille ou non, malgré les résultats, et il peut rester quelque années sans gagner le titre, il reste médiatiquement très fort et il continue de leur faire vendre beaucoup plus de motos. C’est pourquoi il est difficile d’être traité à égalité, en matière de soutien, dans des situations extrêmes, de confrontation et d’avoir le mauvais rôle de se battre pour un titre, à deux coéquipiers. C’est pourquoi, dans ce sens, j’ai toujours dit que je le comprenais.
Mais plus que le soutien, ce qui m’a fait faire le saut pour déménager chez Ducati a été la motivation. Faire partie des rares pilotes qui ont réussi à être champions avec deux motos différentes, être le seul avec Stoner a gagné avec une Ducati. Et se sentir vivant, essayer un autre type de moto, être avec des personnes différentes, un environnement, des couleurs. De nombreuses années avec les mêmes personnes, la même moto, la même atmosphère et que, qu’on le veuille ou non, éteint lentement un peu. Même si vous êtes très professionnel et très motivé, et avec beaucoup de chance d’être un pilote MotoGP, que vous le vouliez ou pas, la routine éteint lentement ce feu intérieur dont l’athlète a besoin pour donner son maximum. »
Gagner avec Ducati serait le sommet de votre carrière ?
« Ce serait très grand. Pour tous, pour Ducati et aussi pour moi. Ce serait très difficile. Mais j’aime les choses difficiles et j’ai déjà fait des choses difficiles tout au long de ma carrière. Je veux faire une des choses vraiment difficiles, importantes et méritantes, dans ma carrière, avant de partir, ce qui, je l’espère, sera le plus tard possible. »