Nous perpétuons à l’occasion de ce Grand Prix d’Espagne notre habitude de vous reporter intégralement les propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans aucune mise en forme ou déformation journalistique.
A côté de la communication parfois un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité du team Monster Yamaha Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefings passés dans notre rubrique “Interviews“).
Il y a toujours le petit détail qui nous fait plonger chaque jour davantage en immersion dans le monde de la MotoGP…
Cela n’a pas été le week-end le plus facile en terme de vitesse, mais vous obtenez votre 8e première ligne consécutive. Comment avez-vous réussi à gérer ce tour rapide ?
Johann Zarco : « depuis vendredi, tout allait bien et je me sentais bien sur la moto puisque je pouvais bien contrôler les séances pour être au minimum dans le top 10. Mais en FP4, comme les températures ont commencé à s’élever et il faisait plutôt chaud, nous avons rencontré des problèmes. Nous avons fait beaucoup de tours et il n’était pas facile de piloter la moto. En qualifications, il n’était pas facile d’avoir un bon feeling comme le vendredi ou le samedi matin. Je me suis donc demandé ce que je pouvais faire, mais je sentais des points forts sur la moto et des points faibles. Lors des 2 derniers tours, j’ai vraiment essayé avec le pneu médium, qui pour moi est celui qui fonctionne le mieux, de faire encore plus. Et je suis content car j’ai trouvé de nouvelles limites à la moto. Et grâce à cela, j’ai décroché la 3e position, ce qui, je pense, est très important pour demain ».
Les Honda apparaissent fortes et, d’une façon générale, les chronos des 15 premiers sont serrés. Avez-vous un pronostic réaliste pour demain ? Le top 5 ?
« Je débuterai la course en pensant podium car c’est le plus bel endroit où vous pouvez être le dimanche. Mais c’est vrai que les Honda ont une allure plutôt rapide, meilleure que moi. Mais avec les informations que nous avons recueillies en FP4 et avec également ce que nous avons appris lors de la qualification, peut-être que nous pouvons trouver quelques réglages et choisir les bons pneus pour la course ».
Quels sont les problèmes rencontrés sur la M1 quand les températures s’élèvent ?
« Je pense que c’est le même problème que pour tout le monde, mais peut-être que nous souffrons davantage. Nous perdons beaucoup d’adhérence sur l’angle maximum. Et comme je pense que la Yamaha est une bonne moto plein angle dans les virages, si vous perdez l’adhérence vous rencontrez énormément de problèmes. Pour moi, cela été ce problème en FP4 et un peu en qualification, et je pense cela peut également être la même chose pour les autres M1 ».
Allez-vous utiliser les pneus médium demain ?
« Oui. Je pense qu’on utilisera au moins les pneus médium. À l’avant et à l’arrière. S’il fait chaud et que nous avons plus d’informations, je n’ai pas essayé le dur, et c’est pourquoi c’est compliqué de dire si je partirai avec le pneu dur demain, mais pour le moment le tendre n’est pas un choix possible pour la course. Avec les températures élevées, il ne fonctionne pas assez bien. Pour moi, le pneu avant est bon et nous verrons après 25 tours. Pour l’arrière, il n’y a pas beaucoup de différence entre le médium et le dur, donc si je me sens bien sur le médium, cela peut être la meilleure solution. C’est seulement pour l’avant que je peux avoir quelques doutes ».
Penses-tu que ton équipe technique de pouvoir te faire une moto compétitif pour demain ?
« J’espère ! De toute façon, on fait du bon travail et on est sans cesse en train de progresser ensemble, donc le fait d’avoir eu des difficultés en FP4, c’est presque un avantage parce qu’on sait qu’au moins ça, il ne faut pas le faire ».
Ta signature chez KTM est quelque chose qui fait beaucoup parler. Est-ce que cela te perturbe un peu ce week-end ou absolument pas ?
« Non, pas du tout ! De toute façon, il fallait s’y attendre : vu les résultats actuels, je serai critiqué sur ce choix. Mais moi je suis à l’intérieur de ce paddock et sur la moto, et mes sensations font que j’ai choisi KTM. Donc non, j’ai suffisamment de maturité pour m’écarter de tous ces commentaires ».
Le fait que tu sois en tête du classement des qualifications, c’est anecdotique ou c’est important ?
« Non, c’est cool ! C’est cool parce que gagner la BMW, c’est extra, c’est un cadeau énorme. Je ne suis pas encore un pilote qui gagne des millions et qui peut rouler en Lamborghini ou en Ferrari tous les jours. Donc je prends ça vraiment comme un très beau cadeau, mais on est seulement à la 4e course, donc le chemin est encore long ».
Est-ce que ça veut dire que tu maîtrises la technique de la qualification ?
« Oui, je crois quand même qu’on est en bonne situation pour pouvoir dire oui. Il faut continuer comme ça, en progressant sur la qualité de course pour être beaucoup plus souvent sur le podium. Et c’est en ayant beaucoup de podiums que j’obtiendrai des victoires ».
Qu’est-ce que les FP4 t’ont appris, à un horaire qui sera celui de la course ?
« On a beau toujours le savoir, mais ce que j’ai pu apprendre c’est que dès qu’on dépasse une certaine température, la moto ne fonctionne plus pareil du tout. Mais c’est finalement à cause des pneus, donc à mon avis le choix des pneus est important. Mais par contre je suis content car on sent qu’il y a une logique dans le choix des pneus : plus il fait chaud et plus on peut monter en dureté. On va dire que ça simplifie le problème. La contre-performance de la FP4, c’était simplement parce que j’avais une gomme soft avec beaucoup de tours, et c’était vraiment un choix de notre part d’insister là-dessus ».
Penses-tu faire un essai de pneu avant dur, demain matin au Warm up ?
« Non. Je pense les meilleures informations, c’est presque celles des autres pilotes. pour ma part, au Warm up on va voir les conditions, mais rouler plutôt vite et à l’aise, et prendre confiance pour la course, même si les pneus seront différents de ceux que j’utiliserai en course ».
Valentino Rossi t’a suivi ce matin et on lui a demandé ce qu’il pensait de ton style. Il a dit que tu usais moins les pneus parce que tu étais plus petit et léger. Es-tu d’accord avec cette analyse ?
« Si c’est Dieu qui le dit (rires), oui ! C’est vrai que j’utilise moins les pneus, mais le pilotage évolue et je vois que je suis de plus en plus insistant dessus. C’est peut-être signe de progression ».
Il fera très chaud demain, et il devrait y avoir du vent. Comment abordes-tu la course par rapport à cet élément là ?
« Simplement regarder la direction du vent pendant la journée, on va dire que ça oblige, une fois que l’on sait dans quel sens il va, à ne pas s’inquiéter si par exemple on a des problèmes dans certains virages. C’est à cause du vent, il peut te pousser ou te ralentir. Mais comme je me sens bien sur la moto, je vais pouvoir jouer avec et passer plus lentement dans les virages où il sera contre, et peut-être placer plus vite là où il peut aider ».
Vas-tu utiliser une stratégie particulière demain ?
« Déjà, partir 3e est une chance. Je sais que Pedrosa sera très rapide au niveau du rythme. Donc je vais voir. Je vais essayer de contrôler l’agressivité pour peut-être trouver le meilleur rythme et tenir ce rythme jusqu’à la fin de la course. Si je prends la bonne manière de piloter et la relaxation, j’espère que je peux être sur le podium ».
Pit Beirer nous a dit que ce n’est pas toi qui devrais t’adapter à la KTM mais que ce serait la KTM qui s’adapterait à toi. C’est plutôt agréable, non ?
« Oui, oui, c’est très bien ! De toute façon, j’ai un super rythme actuellement, et la manière dont je vis et je travaille, c’est pour garder ce rythme le plus longtemps possible et continuer de progresser. Je n’ai pas fini de progresser, donc je serai encore en phase de progression en arrivant dans cette équipe et il faudra qu’on y aille ensemble. Je ne peux pas dire que la moto s’adapte à moi que je m’adapte à la moto, c’est un couple et il faut que le couple aille bien ».
Jerez MotoGP J.2 : Chronos
1 | 35 | Cal CRUTCHLOW | Honda | 1’37.653 | |||
2 | 26 | Dani PEDROSA | Honda | 1’37.912 | 0.259 | 0.259 | |
3 | 5 | Johann ZARCO | Yamaha | 1’37.956 | 0.303 | 0.044 | |
4 | 99 | Jorge LORENZO | Ducati | 1’37.969 | 0.316 | 0.013 | |
5 | 93 | Marc MARQUEZ | Honda | 1’37.977 | 0.324 | 0.008 | |
6 | 42 | Alex RINS | Suzuki | 1’37.984 | 0.331 | 0.007 | |
7 | 29 | Andrea IANNONE | Suzuki | 1’37.987 | 0.334 | 0.003 | |
8 | 4 | Andrea DOVIZIOSO | Ducati | 1’38.029 | 0.376 | 0.042 | |
9 | 9 | Danilo PETRUCCI | Ducati | 1’38.086 | 0.433 | 0.057 | |
10 | 46 | Valentino ROSSI | Yamaha | 1’38.267 | 0.614 | 0.181 | |
11 | 25 | Maverick VIÑALES | Yamaha | 1’38.281 | 0.628 | 0.014 | |
12 | 43 | Jack MILLER | Ducati | 1’38.522 | 0.869 | 0.241 | |
Q1 Results: | |||||||
Q2 | 4 | Andrea DOVIZIOSO | Ducati | 1’38.074 | |||
Q2 | 25 | Maverick VIÑALES | Yamaha | 1’38.349 | 0.275 | 0.275 | |
13 | 41 | Aleix ESPARGARO | Aprilia | 1’38.389 | 0.315 | 0.040 | |
14 | 30 | Takaaki NAKAGAMI | Honda | 1’38.481 | 0.407 | 0.092 | |
15 | 21 | Franco MORBIDELLI | Honda | 1’38.544 | 0.470 | 0.063 | |
16 | 44 | Pol ESPARGARO | KTM | 1’38.598 | 0.524 | 0.054 | |
17 | 53 | Tito RABAT | Ducati | 1’38.610 | 0.536 | 0.012 | |
18 | 12 | Thomas LUTHI | Honda | 1’38.752 | 0.678 | 0.142 | |
19 | 36 | Mika KALLIO | KTM | 1’38.759 | 0.685 | 0.007 | |
20 | 19 | Alvaro BAUTISTA | Ducati | 1’38.838 | 0.764 | 0.079 | |
21 | 38 | Bradley SMITH | KTM | 1’38.961 | 0.887 | 0.123 | |
22 | 55 | Hafizh SYAHRIN | Yamaha | 1’39.135 | 1.061 | 0.174 | |
23 | 17 | Karel ABRAHAM | Ducati | 1’39.146 | 1.072 | 0.011 | |
24 | 10 | Xavier SIMEON | Ducati | 1’39.708 | 1.634 | 0.562 | |
25 | 45 | Scott REDDING | Aprilia | 1’39.918 | 1.844 | 0.210 |