Ce Grand Prix de Jerez a été plus qu’animé ! Alors que les dépassements étaient incessants dans le groupe de tête qui était composé de quinze pilotes, une erreur d’Arón Canet quatre tours avant la ligne d’arrivée a provoqué une chute collective, entraînant ses deux principaux adversaires Jorge Martín et Enea Bastianini, ainsi que Tony Arbolino.
La course se passait pourtant très bien : le leader du Championnat Jorge Martín était en position d’attente derrière l’Allemand Philipp Oettl, et semblait commencer à se préparer à attaquer pour donner l’assaut final. De son côté, Arón Canet avait réussi à faire oublier sa mauvaise qualification en étant remonté de la quatorzième place. Quant à Enea Bastianini, il réalisait une bonne course et s’apprêtait lui aussi à attaquer. Enfin, Tony Arbolino venait de réaliser une splendide remontée depuis la vingt-et-unième place, et espérait monter sur le premier podium de sa carrière.
Malheureusement, à quatre tours de la fin, Canet est entré de façon trop optimiste dans un virage, et n’a pu faire autrement que de percuter Martín qui a percuté à son tour Bastianini et Arbolino. Avec trois des favoris pour le titre au tapis, les choses ne pouvaient pas en rester là. Dès les secondes qui ont suivi la chute, nous avons pu voir Jorge Martín, furieux, parler à Arón Canet.
Ce dernier, très embêté, s’est expliqué auprès de Motociclismo : « J’ai eu un petit problème avec mon gant gauche, or c’est de ce côté que j’ai le frein arrière, du coup je ne pouvais pas bien freiner. J’ai fait comme j’ai pu durant la course, et à quatre ou cinq tours de l’arrivée je me suis dit qu’il fallait commencer à attaquer, comme on le fait toujours. J’ai commencé à dépasser et lorsque je suis arrivé sur Jorge (Martín), j’ai vu que nous étions très, très près. Ils ont tous freiné très tard et je ne m’y attendais pas. J’ai vu une possibilité de passer et ai freiné de la même façon qu’eux en m’engageant pour le faire, mais avec mon problème de frein je n’ai pas pris une bonne direction et Jorge a justement freiné au même endroit, fermant la trajectoire pour bien prendre le virage. Je me suis retrouvé en difficulté avec mon train arrière et j’ai du coup entraîné Jorge, Bastianini et Arbolino avec moi. Je m’excuse auprès d’eux, c’était involontaire. Ce sont des erreurs que des pilotes expérimentés après trois ans dans le Mondial comme moi ne peuvent pas commettre. Je suis désolé. Je n’ai pas encore parlé à Jorge car en piste nous étions tous très chauds, j’irai le voir après. Nous sommes amis depuis que nous avons sept ans, mais c’est le genre de choses que n’importe qui prendrait mal. »
Effectivement, Jorge Martín n’a pas du tout apprécié la manœuvre de Canet, et n’a pas mâché ses mots « à chaud » : « J’ai vu que c’était Canet et cela m’a encore plus énervé. C’est un rival, et non pas un pilote un peu fou comme Arbolino ou Toba. S’il n’a pas les armes pour nous battre en piste, qu’au moins il ne le fasse pas en nous faisant tomber. J’avais une bonne relation avec lui mais je pense que c’est fini. »
De leur côté, Enea Bastianini et Tony Arbolino ne se sont pas trop exprimés, indiquant juste leur grande déception dans leurs communiqués.
Quelques heures plus tard, Jorge Martín est revenu sur ses déclarations : « « A chaud » on dit beaucoup de choses. Nous commettons tous des erreurs, et encore plus en course de groupe. J’espère juste que cela ne se reproduira plus. De mon côté tout va bien, rendez-vous au Mans ! »
Les deux pilotes, amis d’enfance, semblent avoir parlé entre temps, et les choses sont rentrées dans l’ordre. Malheureusement pour Arón Canet, la FIM MotoGP a décidé de le sanctionner. Il aura donc un sérieux handicap au Grand Prix de France.