Le règlement 2016 a permis une chose devenue rarissime en Grand Prix: deux pilotes privés sont parvenus à remporter une course de la catégorie reine. Le dernier à avoir réalisé cette performance était Toni Elias en 2006 à Estoril au guidon de sa Fortuna Honda.
Lors de la saison dernière, l’expérimenté Cal Crutchlow y est parvenu deux fois (Brno et Phillip Island) et Jack Miller une fois, à Assen. Tous les deux sur une Honda « privée ».
Pour autant, le bilan du pilote australien est pour le moins contrasté. Si son nombre de chutes n’est pas totalement rédhibitoire (Crutchlow en possède une de plus à son actif et, avec 26, le triste record de l’année en MotoGP), le nombre de points marqués est fort éloigné du score du Britannique : 57 pour l’emblème du team Marc VDS contre 141 au pilote LCR.
Au final, une 18e place au classement général (7e pour Crutchlow) que son team manager, Michael Bartholemy, impute sur Speedweek principalement à ses blessures, mais aussi au manque d’expérience du team Marc VDS en catégorie reine.
Michael, dans l’ensemble, vous ne pouvez pas être satisfait de la performance de Miller et Rabat. Le 18ème rang au championnat du monde de Miller sur une Honda avec le contrat HRC déçoit, non ? Cinq Top 10 en deux ans…
« Vous avez raison. Nous pensons également que
nous aurions pu mieux faire dans la seconde moitié de la saison
avec Jack.
Mais si vous regardez avec attention les saisons de Jack: s’il
est en forme, il est déjà rapide! Cela n’a pas suffi pour
certaines courses. Il y a eu deux, trois Grand Prix, après
lesquels j’ai dit: nous nous sommes vendus au-dessous de notre
vraie valeur.
Je pense qu’il est important que nous puissions bien nous
préparer pour commencer la saison 2017 avec Jack, indemne et sans
blessure. Jack s’est blessé avant la saison 2016, puis de
nouveau au warm-up au Spielberg, et une troisième fois à
Misano.
Nous avons testé un bon matériel lors du dernier test en
Novembre, et je pense que nous devrions avoir une réponse positive
à ce sujet. A Valence, après le Grand Prix, Jack a roulé avec
le châssis que Cal Crutchlow utilisait depuis Brno.
L’année prochaine, il y aura 14 motos d’usine parce que
Ducati construit deux machines 2017 supplémentaires pour
Petrucci et
Barbera. Néanmoins, je pense que Jack
peut terminer huitième, neuvième ou dixième au classement final
2017. Je pense que nous pouvons parvenir à cela avec
lui. »
« Je pense aussi que, pour notre deuxième saison
en MotoGP, nous n’avons pas eu le savoir-faire d’une équipe comme
LCR, avec Christophe Bourguignon et Cal
Crutchlow. LCR possède une expérience du MotoGP avec Honda
qui remonte à 2006 et « Beefy » (surnom de Christophe
Bourguignon) a déjà travaillé avec l’équipe d’usine
Kawasaki. Maintenant, il travaille avec la même moto
Honda depuis de nombreuses années.
Chez Marc VDS, l’expérience de la MotoGP est réduite. Nous
avons maintenant comme chef d’équipe pour Jack, l’Espagnol
Ramon Aurin qui a travaillé pendant deux ans pour
Pedrosa. Il s’est étonné de savoir pourquoi
nous avons longtemps utilisé les grands disques de frein, alors que
les autres utilisent les petits. Un bon chef d’équipe peut
accélérer le développement du pilote et tirer davantage
de lui. »
Jack Miller, quant à lui, refuse d’imputer ses
nombreuses chutes à son passage direct de Moto3 à MotoGP,
argumentant que Esteve Rabat, son coéquipier,
pourtant Champion du monde Moto2 2014, a fait moins bien que lui
(Voir ici).
C’est vrai. Et faux en même temps.
En 2016, et malgré 5 forfaits, Miller a marqué 57 points, contre 29
à Rabat pour sa première année.
Mais en 2015, première année de Jack Miller en MotoGP, ce dernier
en avait inscrit 17 à son actif sous les couleurs du LCR.
Le contrat de 3 ans liant le sympathique Jack Miller avec le HRC se terminera à la fin de la saison présente. A seulement 22 ans demain, le pilote australien a encore le temps d’apprendre.