La semaine dernière, Johann Zarco ne s’est pas rendu seul à Carthagène, puisque le Français a invité dix de ses compatriotes à le rejoindre pour partager la piste ensemble. Parmi eux, Lucas Mahias, champion du monde de Supersport en 2017. Revenu dans cette catégorie à temps plein en 2024, après avoir évolué en Superbike. Nous avons donc pu évoquer avec lui la saison remplie de défis qu’il vient de vivre.
En pleine trêve hivernale, après une saison compliquée, Lucas Mahias se remet toujours de la blessure qu’il a subie après son accrochage avec Valentin Debise à Magnicourt, lors du 8e meeting de la saison de Supersport, et seule unique à se tenir en France.
Lorsqu’il faisait une pause, entre entraînement personnel et coaching privé pour la jeune génération, nous nous sommes rendus dans son box afin de revenir sur ce retour en mondial SSP et ses ambitions pour la suite, sans oublier d’évoquer ses sensations au guidon de la nouvelle R9 de Yamaha.
Ne manquez pas nos entretiens déjà publiés avec Barry Baltus et Johann Zarco.
Bonjour Lucas Mahias, pour commencer nous allons revenir
sur cette saison 2024. Sur le plan sportif, tu penses que tu as été
à la hauteur de ton potentiel pour ce retour en Supersport
?
« Je pense que c’était relativement correct. Le
niveau était là, la vitesse était là. On a manqué pas mal de
réussite, et de chance à certains moments. Avec des mauvais choix
de pneus, lors de certaines courses. C’est ça qui fait que ça s’est
mal terminé. À Magnicourt, un mauvais week-end : deux chutes, deux
résultats blancs, alors qu’il y avait moyen de faire des choses
intéressantes. Donc je pense que le potentiel était là, mais que
tout ne s’est pas goupillé. Les planètes ne se sont pas alignées.
Mais pour un retour en Supersport, après trois ans de 1000 et de
Superbike, c’était quand même intéressant. »
L’accrochage avec Valentin Debise à Magnicourt t’a
laissé avec des séquelles…
« J’ai toujours mal, je me
suis vraiment arraché tous les ligaments de la clavicule. J’ai
encore la clavicule en l’air. J’ai encore des douleurs. Je suis
encore sous anti-inflammatoires, et je roule toujours avec des
bandages. Mais on ne peut pas opérer, donc pour l’instant c’est
comme ça. »
Tu as déjà renouvelé tes ambitions de décrocher le titre
mondial, tu penses en être capable dès l’an prochain ?
« Autant l’année dernière, j’y croyais moyen, en sachant que la R6
arrivait un peu en bout de course, que je sortais de trois années
de Superbike. C’était assez compliqué de s’adapter à nouveau à la
600 à ce niveau-là. Donc voilà, les ambitions étaient de refaire un
podium, et de gagner une course. La case podium, je l’ai cochée, la
case victoire non. Mais voilà, après avoir essayé la nouvelle moto,
il y a quelques mois, je veux me battre pour le titre l’année
prochaine. »
Tu pourras compter sur la R9 pour atteindre tes
objectifs ?
« Oui, pour l’instant c’est une moto qui me convient. On n’a pas
roulé assez pour vraiment juger tout le potentiel, mais avec le peu
de roulage que j’ai fait, je peux dire que dans le pilotage, c’est
quelque chose qui me plaît. »
Ici à Carthagène, tu roules beaucoup avec Bartholomé
Perrin…
« Oui, Alexandre Leroy, c’est la personne qui s’occupe de mon
électronique en mondial Supersport cette année. Et il s’occupe
aussi du nouveau team qu’il a monté en championnat de France, pour
faire rouler Barth. Donc voilà, Barth c’est un petit jeune qui a
envie. Si je peux apporter un petit peu mon expérience, parce que
j’ai toujours aimé partager ce que je sais faire, dans la mesure du
possible, c’est cool. »
C’est important pour toi de transmettre son savoir à la
jeune génération ?
« Je pense qu’au bout d’un moment, on arrive à un stade de notre
carrière où on est un petit peu âgé, autant lui [Johann Zarco] que
moi. Ça se fait naturellement, ce n’est même pas une envie, c’est
comme ça. À un moment, quand tu sais faire des choses, t’as envie
de le montrer, t’as envie que les gamins s’en sortent. Moi, on m’a
tendu la main plein de fois dans ma carrière, comme pour Johann je
pense. Donc on peut le rendre à un certain moment. Si je pouvais
faire plus, et si j’avais les moyens, si j’avais gagné des millions
et que je pouvais monter des équipes, je le ferais. Maintenant, je
peux juste apporter mon savoir. Je peux encore rouler un peu, et
j’ai encore la vitesse. Moi aussi ça me fait du bien de côtoyer des
jeunes. Ça permet de rester jeune dans sa tête, et dans son
pilotage. »
Johann Zarco et Lucas Mahias, ce sont aussi deux pilotes
de marques rivales qui s’entraînent ensemble.
« J’ai un bon contact avec Johann depuis pas mal d’années. On ne se
voit pas trop, mais on s’écrit régulièrement, en fonction des
courses, quand l’un ou l’autre fait de bonnes courses. C’est un
personnage que j’aime bien, un peu atypique. Un peu comme moi au
final, dans une autre mesure. Donc voilà, ça s’est fait
naturellement. »
Tu suivras également Johann en janvier à Jerez
?
« Oui, je serai à Jerez, mais là du coup, on sera vraiment en tests
avec notre équipe. L’hiver passera vite. Là je te dis, on a le test
à Jerez dans quinze jours. Il y a les fêtes de fin d’année, et au
final c’est assez court. Dans un mois et demi, on part déjà pour
l’Australie, pour un autre test. Donc à part s’entraîner, faire du
physique, et de la moto régulièrement, le programme sera de se
coucher tôt et de bien manger. »
Qu’est-ce qu’on pourrait te souhaiter pour la prochaine
saison ?
« [L’objectif], c’est toujours le titre.
Maintenant, en étant un petit peu réaliste, l’objectif sera de
gagner des courses, de faire des podiums, et de revenir à un niveau
assez élevé. »
Lucas Mahias