Si, contrairement aux deux premiers jours des tests à Sepang, nous n’avons pas publié le débriefing d’Hervé Poncharal, ce n’est pas par manque de temps, mais tout simplement parce que l’homme, bien que très satisfait, ne souhaitait pas rajouter grand-chose, au risque de lasser nos lecteurs.
Et puis, il faut bien l’avouer, le patron du team Tech3 a trop d’expérience pour ne pas oublier qu’en compétition, il faut savoir apprécier son plaisir quand il est là, car personne ne sait de quoi sera fait le lendemain.
Cette phrase résume donc bien l’état d’esprit de l’homme avant de reprendre l’avion pour la France: « Les gens heureux n’ont pas d’histoire, tout se passe vraiment bien, nos deux pilotes sont impressionnants et ça fait vraiment plaisir, parce que ce n’est pas toujours le cas. »
Nous reportons par contre sa réponse à une question d’intérêt plus général…
Johan à parlé de fatigue dans son communiqué de presse. Il a dit qu’il avait beaucoup tiré sur son organisme et a donc fait une pause le dernier jour, avant de faire ses derniers runs. Casey Stoner a dû faire de même le deuxième jour des essais officiels alors il n’avait pas participé au premier jour des essais privés. Même Valentino Rossi et Jorge Lorenzo ont avoué qu’il leur fallait encore améliorer leur condition physique. Pourquoi cette rentrée des classes est-elle si éprouvante pour les organismes ?
Hervé Poncharal: « J’ai eu la chance de
déjeuner avec Johan. Je lui ai demandé à quel point il ressentait
que la MotoGP était plus compliquée à gérer que la Moto2. Il ne
parle jamais pour ne rien dire et m’a répondu « Oui, tu
sens la puissance supplémentaire. Evidemment, tu arrives au
freinage plus vite donc le haut du corps et les bras forcent
davantage, et clairement la moto est plus lourde et plus puissante.
Oui, c’est plus physique que la Moto2. »
Il faut savoir qu’il n’y a jamais d’entraînement aussi bon que
celui de rouler en MotoGP, que tu fasses de la salle de gym, du
motocross ou autre, rien ne remplace le fait de rouler sur une
motoGP. Tous ces pilotes là n’avaient pas roulé depuis fin
novembre. Il fallait donc se dérouiller un peu et on pouvait voir
tout le monde se faire mettre des straps à l’intérieur des mains
pour prévenir des ampoules, alors qu’après, en cours d’année, c’est
fini et tu ne vois plus ça. Il y a aussi le fait que quand tu viens
d’Europe où il fait en ce moment plutôt froid, tu arrives ici et il
fait chaud et humide, et les journées sont intenses : les pilotes
n’arrêtent pas beaucoup entre 10 heures du matin et 18 heures le
soir. Il y a donc un peu des deux, la MotoGP et le fait de sortir
d’une période d’inactivité qui est quand même relativement longue,
le tout avec des températures élevées et sur un circuit qui est
quand même très physique avec ces endroits très rapides, ces
changements d’angle à haute vitesse et ces forts freinage en bout
de lignes droites.
Il faut quand même la bouger, la moto ! Tu passes de plus de 300
km/h à 60 km/h en quelques secondes. C’est clair que quand tu vas
en bord de piste, et moi j’adore y aller sur les circuits hivernaux
car j’ai un peu plus de temps que d’habitude, tu vois comment les
gars alignent les tours et comment ils bossent. Et il n’y en a pas
un tour où ils s’économisent ! Là, tu comprends mieux leur état
quand ils reviennent au box.
Après sa simulation de course, Jonas est rentré et est resté une
quinzaine de secondes assis sur la moto pendant que tout le monde
le congratulait. Et quand il est descendu et qu’il a enlevé son
casque, là tu comprends. Il avait tout donné, avec des cernes sous
les yeux, la sueur qui imprégnait son cuir. C’est vraiment très
très très physique. »