80 % de nos lecteurs ne s’intéressent guère à la Moto3. Ils ont tort !

Dans cette interview exclusive de Jules Danilo, vous pourrez vraiment plonger au cœur des Grands Prix et voir comment les résultats acquis sur la piste ne sont bien souvent que la conséquence de tout ce qui se passe avant. Avant la pause estivale, Jules a retrouvé une dynamique très positive, et il nous explique pourquoi…

Vu la longueur et la richesse de l’interview, nous la publions en deux parties.


Bonjour Jules. Nous sommes durant la pause estivale, peu avant la reprise de la compétition et, plutôt que de faire un simple point à la mi-saison, il nous semble utile de revenir sur l’année dernière où, après une très bonne première moitié d’année, tes résultats t’ont déçu…

« Effectivement, l’année dernière, à la mi-saison, les choses ont commencé à être compliquées. J’ai eu beaucoup de problèmes dans l’équipe, notamment à cause du départ annoncé de mon chef-mécano quand le team a perdu son pilote italien rapide (Ndlr : Niccolo Antonelli) et son sponsor. Donc ça c’est un peu embrouillé dans tous les sens et il y avait beaucoup de tension, et finalement le sponsor principal est parti. Or il se trouve que c’était surtout avec lui que nous avions une bonne relation, donc ce n’était pas une situation très facile à vivre étant donné que, en début de saison, j’étais très compétitif et je me battais pour le podium. Et tout d’un coup, je me retrouve dans une situation où on m’a promis quelque chose et où il n’y a plus rien.
Pendant ce temps-là, je n’ai pas cherché ailleurs parce qu’on m’a toujours dit que je resterais et qu’il n’y avait aucun souci pour cela. Ainsi, on est arrivés à un point, très tard dans la saison, où je n’avais quasiment plus de guidon pour 2017. Ce n’était pas très facile à vivre et je n’avais pas la tête vraiment tranquille pour me consacrer à 100 % sur le pilotage. »

Donc, pour résumer, les résultats en baisse lors de la deuxième partie de saison, l’année dernière, étaient uniquement dus à une question de mental, et non pas à un quelconque souci technique ?

« Je pense que c’est un peu un ensemble de choses. Tout n’a pas commencé à aller mal soudainement. J’ai eu aussi beaucoup beaucoup de problèmes de boîte de vitesses vers la fin de saison, avec des vitesses qui ne rentraient pas. Je faisais des bonnes qualifications mais j’étais incapable de suivre un groupe en course, parce qu’il y avait des virages où je rentrais en troisième au lieu d’être en première. C’était vraiment pas très agréable car je me donnais à fond, j’arrivais à suivre un moment, puis je faisais des erreurs à cause de la boîte et ça commençait à m’agacer. Donc tout n’était pas en place pour rester aussi compétitif qu’on l’avait été en début de saison, quand il y avait une bonne dynamique. »

Là-dessus, arrive 2017. Dans quel état d’esprit démarres-tu la saison ? 

« Tout d’abord, avec toute la tension qu’il y a eu dans l’équipe, je perds mon chef-mécano et mon mécano avec qui je m’entendais vraiment bien. Ils en avaient un peu assez et ont été remarqués par le staff de Valentino Rossi. Forcément, il y a eu des tensions dans l’équipe et ils en sont partis. À ce moment-là, l’équipe commence à se construire, un peu différemment car ce ne sont plus les mêmes personnes ni le même sponsor puisque Ongetta est parti avec eux. Tout cela se met en place autour de Fenati puisque à peu près au même moment où l’équipe perdait son pilote italien, Fenati se faisait virer. Ils ont donc sauté sur l’occasion ! Le team a donc été un peu construit autour de lui, et moi j’ai une nouvelle équipe technique qui n’a pas forcément beaucoup d’expérience. Ce sont des gens vraiment sympas avec lesquels je m’entends bien, mais sur le papier, mon chef mécano est le mécanicien d’Antonelli l’année dernière. C’est donc sa première année à ce poste et il a beaucoup de choses à apprendre, ce qui n’est pas forcément facile pour lui. Or, d’un autre côté, il fallait que j’emplâtre directement ! Je ne pouvais pas me permettre de commencer la saison en perdant du temps… »

Cette année, on constate une évolution positive après un début de saison assez moyen. Tu finis 5e à Assen. Tout cela va plutôt dans le bon sens…

« Oui, c’est sûr, mais honnêtement, je ne pensais pas galérer autant. On a quand même une Honda, comme l’année dernière, mais le truc c’est que la moto a quand même changé énormément par rapport à l’année dernière. Donc ses réglages aussi. Avec mon chef mécano, on n’a pas pu utiliser les anciens réglages et on a mis beaucoup de temps à comprendre la direction dans laquelle les autres Teams allaient. Et c’était la direction dans laquelle la moto marchait puisque, à chaque fois, la Honda monopolisait presque les places sur le podium pendant les premières courses de l’année. Ce qui nous a pénalisé, c’est que Fenati arrivait à rouler avec un réglage vraiment complètement différent de tout le monde. Et forcément, comme on me comparait à lui, on me demandait pourquoi ça n’allait pas. En fait, on s’est rendu compte que c’était le seul à rouler comme ça, et dès qu’on m’a mis les autres réglages, à partir du Texas, petit à petit j’ai commencé à retrouver de la confiance et tout a commencé à monter à partir de là. Le truc, c’est qu’on a perdu tous les essais de pré-saison et les premières courses.

Donc je ne suis pas arrivé en très bonne condition et j’ai dû continuer à apprendre pendant les Grands Prix ensuite, c’est sûr qu’on a beaucoup amélioré à partir du Texas, je marque mes premiers points et je progresse continuellement. Bien sûr, il y a eu quelques chutes mais je pense que je suis maintenant arrivé à un niveau que je n’avais pas l’an dernier. Je commence à battre tous les chronos que je faisais l’an dernier et je me bats pour le podium pas seulement dans le groupe, mais aussi directement aux positions de podium.

Donc tout cela est positif et le seul problème, c’est que c’est arrivé un peu tard et, maintenant, ça ne nous arrange pas trop pour les négociations. Tous mes derniers Grand prix ont été corrects, au Sachsenring je termine 14 mais je me battais pour la sixième place quand je me suis fait sortir dans le dernier tour. L’essentiel, c’est d’être là à chaque fois et de montrer que j’ai le rythme. Mais il faudrait quand même un coup d’éclat. Par exemple, à Assen, j’étais 3e dans le dernier virage avant de me faire enfermer. Bon, il n’a pas manqué grand-chose mais il faudrait quand même arriver à concrétiser. »

A suivre…

 

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