Après nous avoir expliqué hier (voir ici) comment il voyait la situation actuelle, le manager et ami de Johann nous parle ici des rapports avec Yamaha, de la deuxième saison de Zarco en MotoGP, de Marc Marquez et de Gigi Dall’Igna.
Il semblerait logique que Johann roule sur une moto d’usine en 2019. Son avenir est-il certain chez Yamaha ?
« Je préfèrerais ne pas trop rentrer dans cette question parce que c’est un peu compliqué. Je t’explique : Yamaha, ils ont Valentino. Ce n’est plus l’époque de Jean-Claude Olivier. Maintenant ça devient compliqué l’histoire. Personne de chez Yamaha ne m’a appelé pour Johann Zarco, personne n’est venu me voir, personne ne m’a rien dit. Ça devient compliqué. C’est bizarre après la saison qu’il a faite. Quand tu as un bon ouvrier qui travaille bien, si tu ne veux pas qu’il aille à la concurrence, tu viens le voir. »
« Moi ça me déçoit parce que je suis Yamaha dans l’âme. Notre école est équipée de Yamaha qu’on prend depuis des années chez Dubois Motos, un concessionnaire qui nous aide, tout comme Yamaha France qui nous aide beaucoup pour l’école, ainsi que Claude Michy qui nous donne un grand coup de main. Mais c’est compliqué, moi je suis un peu déçu. »
Penses-tu que la deuxième année en MotoGP sera plus dure pour Zarco que la première ?
« Il va apprendre. Dur ou pas dur, il a montré qu’il était là, qu’il était capable. Même si c’est dur, il va apprendre des choses. Et il faut qu’en 2019 il ait la moto d’usine. Il faut automatiquement la moto d’usine parce que même si c’est plus dur en 2018 mais qu’il arrive à faire des podiums et gagner une course dans l’année, au contraire ça va lui former le caractère et il sera ensuite encore plus fort. En Moto2, il a fait sa deuxième année qui lui a permis d’arriver en MotoGP encore plus fort, avec plus d’expérience. »
« « Donc il faut rester calme, il faut patienter, attendre les tests. On va y aller petit à petit. Mais par contre c‘est sûr, en 2019 il faut une moto d’usine. »
Qui va être le plus fort ? Marc Marquez et son pilotage, ou Gigi Dall’Igna et sa Ducati ?
« Monsieur Dall’Igna est un grand monsieur. Il est arrivé chez Aprilia où il a conçu la RSA qui était incontournable. Il a gagné le Championnat du Monde. Cette moto, je m’en rappelle à Jerez du bord de piste, elle faisait peur. »
« Là il arrive chez Ducati. Et Andrea Dovizioso, qui n’est pas Marc Marquez, a fait de belles choses. Je pense qu’il faut se méfier de la Ducati. Il faut vraiment s’en méfier parce que ce monsieur est un grand technicien. »
« Marquez est un travailleur, c’est un génie. Johann peut être là de temps en temps comme l’année dernière, et il ne faut pas sous-estimer KTM dont la moto a fait de belles courses lors de sa première année avec Pol Espargaro. Il était sur la même moto que Johann l’année précédente. C’est une bonne moto. Beaucoup de choses risquent de se passer cette année, mais attention à la Ducati. »
Ton fils Lorenzo va rouler en European Talent Cup, donc en CEV, avec une Honda NSF250R. Où en est-il actuellement dans sa progression ?
« Je suis dans le team d’Aki Ajo parce qu’avec Johann on a toujours bien travaillé avec Aki. Pour moi, c’est la meilleure équipe. J’utilise la même méthode qu’on avait employée avec Johann, c’est-à-dire qu’on y va petit à petit. Après c’est lui qui doit aimer la moto, pas moi. Il doit faire son job et y aller progressivement. Après je ne sais pas. Je ne suis pas un papa qui crie les louanges de son fils. Il grandit, il a comme Johann chaque année un examen. »
« On ne sait jamais comment ça va tourner. Il faut savoir qu’avec Johann à un moment tout aurait pu s’arrêter. Il faut donner la chance, il faut laisser grandir les gens, il faut faire le maximum et ne rien laisser au hasard. C’est lui qui doit avoir envie de bien s’entraîner, de bien apprendre à l’école. Et puis après on verra bien. »
Photo © Tech 3