Johann est actuellement sixième du Championnat avec 109 points, derrière Dani Pedrosa cinquième avec 148, et devant Jorge Lorenzo avec 90. Est-ce que cela correspond aux attentes de Zarco et de son ami et mentor Laurent Fellon, et quels seront leurs objectifs pour les six derniers Grands Prix, le dernier tiers de la saison ?
« Le but est de conserver cette sixième position. Si Johann arrive à passer cinquième, c’est parfait, mais s’il termine sixième, ce sera bien et il aura rempli son contrat. Le but c’est d’être premier rookie, et dans les huit premiers au classement général. Donc c’est bien. Pour la première année, moi je trouve que c’est super bien.
Johann reste constant au niveau des résultats, mais termine maintenant ses courses plus frais physiquement. Comment expliques-tu cette progression ?
« C’est normal. Il faut d’abord s’adapter à la catégorie. L’accélération n’est pas la même entre une Moto2 de 120 chevaux et une machine de MotoGP de 270 chevaux. Il y a un temps d’adaptation, c’est humain. C’est normal, comme si tu sors d’une 4L et qu’on te met dans une Ferrari. Quand tu vas accélérer, ça va te changer la vie.
« Le cerveau humain doit être programmé. C’est pour ça qu’on fait de l’entraînement, ça permet d’acquérir des automatismes et petit à petit de s’adapter à la vitesse. C’est humain, tu ne peux pas changer les choses.
Une image m’a frappé à Silverstone : celle du sourire de Johann alors qu’il venait de réaliser le meilleur temps de la FP3. En raison de l’état de la piste, personne n’avait pu améliorer son temps de la veille, mais Zarco donnait l’impression d’avoir pris un plaisir fantastique, même sans enjeu sportif. Son sourire montrait une certaine pureté de sa passion. Est-ce important ?
« Il était content parce qu’il était premier. Tout le monde est content quand on est premier. Après, voir ça comme ça, c’est de la poésie je pense.
« Il était heureux d’être premier, surtout en tant que rookie. Tout sportif est content quand il est premier. Ça mérite d’avoir le sourire ! Beaucoup de pilotes aimeraient bien être à la place de Johann, n’est-ce pas ?
« Quand tu montes sur une moto, que c’est ta première année parce que tu découvres la catégorie, et que tu es devant tous les ténors, si tu arrives à faire ça, c’est super bien.
Quelle est ton impression au sujet de la fantastique progression d’Andrea Dovizioso cette saison, à 31 ans ?
« A la base, c’était déjà quelqu’un qui allait très vite. Il a une très bonne moto, la Ducati a bien évolué. Il a été intelligent pour comprendre la Ducati, et Gigi Dall’Igna c’est quand même un Monsieur. C’est lui qui avait conçu la 125 RSA et les Aprilia. Quand il met sa note à un endroit, on sait que ça va être positif.
« Dovi a bien compris la Ducati. Il la conduit très bien. C’est quelqu’un de méthodique. A un moment, il a mangé son pain noir. Il a dû patienter. Il a été Champion du Monde en 125. Ensuite, il a effectué deux saisons en 250, mais sa Honda ne marchait pas comme celle avec laquelle Aoyama a été Champion du Monde. Il a un peu galéré, même s’il a fait de belles courses.
« Ensuite chez Tech 3 il a réalisé de belles performances. Chaque fois qu’on parle de lui chez Tech 3, ils gardent un bon souvenir. C’est quelqu’un de méthodique et travailleur, comme Johann.
« Il arrive maintenant à l’aboutissement de son travail, et tout est conçu autour de lui pour lui permettre d’être Champion du Monde. On ne l’attendait pas. Je pense que chez Ducati, ils attendaient plus Lorenzo que Dovizioso. Mais si Andrea est Champion du Monde, ce sera un titre mérité humainement et grâce à son travail.
« Et puis l’équipe technique Ducati est très bonne. Quand tu travailles beaucoup et que tu y crois, tu y arrives.
Les équipes d’usines ont fait des tests à Misano en vue de préparer le GP qui y aura lieu ce 10 septembre. Le fait que Johann n’y ait pas participé (comme à ceux du GP de France) est-il un handicap ?
« On ne va pas parler de handicap, il est premier rookie. Lors de ces tests, il n’y avait que les usines. Il faut se dire que si Johann termine cinquième ou sixième, voire quatrième, ou troisième sur le podium, ce sera parfait. Il faut savoir que c’est sa première année.
« Les usines y sont allées, nous pas, il ne faut pas se lamenter à ce sujet. Il faut continuer à travailler et arriver à l’objectif. On ne va pas commencer à se plaindre. S’il fait ce qu’il a fait jusqu’à présent, ce sera déjà très bien. Le but c’est de finir premier rookie et dans les six, sept ou huit premiers. »
Photos © Tech 3