Champion d’Italie en 2015, Marco Bezzecchi a débuté cette année-là en GP en effectuant deux wild cards à Losail et au Mugello. C’est à Motegi en 2017 qu’il se révèlera en terminant troisième du Grand Prix du Japon sur une Mahindra engagée par l’équipe CIP d’Alain Bronec. Il vient de monter l’ultime marche du podium en Argentine avec une KTM de l’équipe Pruestel GP, dont le Directeur technique est Florian Chiffoleau. Les essais libres argentins ne pouvaient pas mieux commencer. Ça a dû être très positif que Marco réalise le meilleur temps de la première séance d’essais libres ?
« Oui, tout à fait, affirme Florian. On a bien commencé ce week-end en Argentine. Marco a été directement compétitif, même dans des conditions un peu particulières, mais c’est quelque chose qu’on avait déjà travaillé lors des tests IRTA à Jerez. Cette première place directement en FP1 a été positive pour débuter le week-end. »
En obtenant le deuxième temps des qualifications, Bezzecchi a du bondir de joie de se trouver pour la première fois de sa carrière en GP en première ligne ?
« D’un côté il était très content, mais de l’autre il espérait vraiment obtenir la pole position. Malheureusement les conditions météo sont venues, une fois encore, un peu perturber cette séance. Il s’est arrêté pour qu’on change les pneus, mais il s’est remis à pleuvoir pendant le tour où il s’est arrêté. C’est à ce moment que Tony Arbolino a fait la pole position, et Marco était vraiment déçu parce qu’il pensait pouvoir obtenir cette pole position. Il était quand même néanmoins très content de sa performance. »
La course de Marco a été impressionnante de vitesse, mais aussi de précision et de gestion. Il avait 4 secondes d’avance au quatrième tour, et il a franchi la ligne d’arrivée avec 4 secondes. Comment a-t-il fait preuve d’une telle maîtrise ?
« Les tests de Jerez ont été très importants car on y a vu que notre rythme sur les conditions mixtes était très bon. D’autre part, au Qatar il s’était fait bousculer et il avait chuté, et ça lui avait servi un peu de leçon. Il avait fait deux petites erreurs en s’écartant deux fois et c’était ça qui l’avait poussé à la faute.
« Là mentalement il était très fort et c’est pour ça qu’il a pu gérer la course de bout en bout. Dans sa tête, il s’est dit qu’il était capable de creuser l’écart au départ, car Arbolino était parti en slicks. On s’est donc dit sur la grille de départ qu’Arbolino, de toute façon, n’arriverait pas à suivre. Après il y avait Gabriel Rodrigo, mais j’ai dit à Marco d’utiliser le rythme qu’il avait à Jerez pour creuser l’écart. C’était la partie la plus difficile. Pendant la deuxième moitié de course, il fallait pouvoir la gérer et garder un bon rythme seul, et c’est ce qu’il a réussi à faire. »
Ça a dû être une grande émotion que d’être félicité par Valentino Rossi ?
« Ah oui, ça l’a touché énormément. Valentino, à chaque séance ou très souvent, lui envoie un petit message d’encouragement pour le féliciter. Le fait qu’il soit venu personnellement le féliciter l’a beaucoup ému. »
Marco est actuellement troisième du classement provisoire du Championnat du Monde. Penses-tu qu’il pourra donner du fil à retordre aux Espagnols Aron Canet et Jorge Martin ?
« Oui, je pense, c’est en tout cas le but. Martin a une grande expérience de sa Honda et de la Moto3, tout comme Canet. Mais Marco a montré à Jerez, puis au Qatar et en Argentine qu’il allait être présent toute la saison. Le but est donc de rester dans le top 5 pour pouvoir rester régulièrement parmi les premiers au Championnat. »
Quelle a été ta carrière avant de devenir Directeur technique de l’équipe PruestelGP ?
« J’ai commencé il y a un peu plus de 10 ans en Championnat du Monde Superbike, d’abord deux ans avec Sylvain Barrier en Superstock 1000, dans deux teams différents. Je suis allé chez Tech 3 en 2010 au début du Moto2. J’y ai travaillé 6 ans avec Mike di Meglio pour la première fois en tant que chef d’équipe (« crew chief »), puis avec Louis Rossi, Ricky Cardus, Xavi Vierge, puis avec Dominique Aegerter chez CGBM, puis ma première saison en Moto3 l’année dernière chez PruestelGP avec le jeune Finlandais Patrik Pulkkinen. C’était une saison un peu prématurée pour lui et malheureusement il n’a pas retrouvé de guidon cette année. Cette saison je suis resté chez PruestelGP, avec Marco Bezzecchi.
Les KTM en Moto3 ont l’air cette année beaucoup plus compétitives face aux Honda. Comment l’expliques-tu ?
« Les moteurs KTM ont évolué par rapport à la saison dernière. La KTM a une puissance suffisante, on est très fort en vitesse de pointe. Les Honda sont un peu plus compétitives que les KTM en accélération. »
Photo de titre : Florian et Marco
Photos © PruestelGP