A la mi-saison, le moment est venu de faire le point avec Didier, technicien piste chez Suter, sur les surprises constatées en MotoGP et l’évolution de la Suter Moto2 qui a fait ces débuts en Championnat du Monde cette année au Grand Prix du Qatar.
Pourquoi en MotoGP le vainqueur change-t-il à chaque course ?
« A mon humble avis, comme pour la Moto2, les valeurs se resserrent. Je m’explique : les constructeurs qui étaient à la peine ont travaillé plus que ceux qui dominaient et qui sont restés trop conservateurs. Ensuite nous avons de nouveaux pilotes qui sont arrivés et qui bousculent la hiérarchie qui s’était établi ces dernières saisons.
« Vous avez vu comme ces pilotes n’ont aucun complexe (Zarco et Folger en particulier.) Cela a pour effet de déstabiliser les pilotes qui visent le titre mondial car les calculs qui auparavant étaient simples sont maintenant presque impossibles à faire.
« Ils apportent leur pilotage de la Moto2, à savoir beaucoup de vitesse de passage en courbe, et la gestion des pneus car en Moto2 la différence se fait principalement au pilotage car peu ou pas d’électronique et pas de choix de pneus (deux gommes assez proches pour chaque GP.)
Quelle est l’influence des pneus sur les résultats en MotoGP ?
« Importante comme toujours, mais je voudrais ajouter deux remarques à cela : ce qui fait la difficulté, c’est que presque à chaque GP cette année nous avons eu une météo très variable d’où cette complexité pour déterminer le choix des pneus de course.
« Un autre facteur à prendre en considération est cette épée de Damoclès au-dessus de la tête de tous les prétendants au top 10 : à chaque séance libre, il leur faut absolument faire un bon temps car si les cieux s’en mêlent, cela peut les placer en situation de repêchage, d’où la difficulté d’établir une hypothétique stratégie pour les pneus.
« Mais, comme toujours, il y en a un ou plusieurs qui ont fait les bons choix. Je voudrais ajouter que bien souvent on accuse le pneu, car effectivement bien souvent c’est lui qui flanche. Mais la question est de savoir ce qui a provoqué cette dégradation. Pour moi il y a deux facteurs, le pilotage et le réglage de la moto. On ne peut vraiment accuser les pneus que lorsque durant la course tous les concurrents ou presque ont eu des problèmes semblables. Ce qui m’amène à dire que l’on peut observer quelles équipes réussissent à régler au mieux leurs motos pour le moment adéquat !
Les Suter sont en nets progrès, comme l’a prouvé la présence de Sandro Cortese en première ligne au Grand Prix d’Allemagne, puis une belle course avec son équipier du Team Dynavolt Intact GP Marcel Schrotter ensuite. Quel est le bilan à la mi-saison ?
« Nets progrès ce n’est pas tout à fait le terme car, je pense que depuis le début de la saison nous évoluons constamment avec du mieux et du moins bien, suivant les circuits et la réussite de nos pilotes (assez peu nombreux pour l’instant). On développe en permanence à chaque course. Je pense que les bons essais et les résultats au Sachsenring sont dus un peu à l’extra motivation de nos deux pilotes allemands.
« Le bilan de cette demi saison est assez modeste mais il faut considérer que c’est une année de reconstruction pour nous (absent de la Moto2 ces deux dernières saisons). Nous avons deux nouveaux teams ex-Kalex, notre nouvelle moto, et pour compliquer le tout un mouvement de personnel et de pilotes à l’intérieur de ces deux teams, donc de petites ratés dues au manque de symbiose de ces ensembles. Mais je te rassure tout cela commence à se mettre en place.
On note un rapprochement des constructeurs, comme par exemple aux qualifications du Grand Prix d’Allemagne avec Kalex, Suter, Tech 3, KTM et Speed Up représentés parmi les 8 premiers. Quelle en est la raison ?
« Oui et ce n’est pas pour nous déplaire (plus on est de fous et plus on rit). Franchement un Marcel Schrotter sur une Suter 2ème temps à 0,046 de Morbidelli en FP2, ça a de la gueule. Les autres aussi n’étaient pas en reste.
La conception des nouvelles partie-cycles pour moteur Triumph occupe-t-elle actuellement beaucoup les concepteurs des différents constructeurs de Moto2 ?
« Oui bien sûr, mais nous attendons encore les éléments 3D et les précisions du règlement pour pouvoir plancher plus précisément sur le projet.
« Il faut savoir, qu’en ce qui nous concerne la conception d’un tel projet peut se réaliser en trois mois chez nous. Pour exemple la conception de la Mahindra complète (moteur, châssis) nous avait pris six mois. »
Photos © Michelin pour MotoGP et motogp.com pour Moto2