Le mois dernier à Carthagène, l’ancien pilote des Grands Prix, Alexis Masbou, encadrait les trois jeunes représentants français en ETC (David Da Costa, Gabriel Pio et Enzo Bellon), dans le cadre de sa reconversion en tant que coach pour la Fédération Française de Moto (FFM), que nous avons eu l’occasion d’évoquer dans la première partie de notre entretien. La deuxième partie de nos échanges, se consacre cette fois aux projets d’Alexis Masbou en piste, mais pas seulement…
Depuis son retrait du Moto3, à la fin de la saison 2016, Alexis Masbou enchaîne les saisons dans le championnat d’Endurance moto, à la recherche de nouveaux défis à relever en piste. À 37 ans, en quête d’un nouveau défi pour 2025, le Français nous parle de ce qui sera peut-être sa dernière année en piste, lui qui se concentre désormais pleinement à la transmission de son savoir pour la jeune génération.
En-dehors de ton métier de coach pour la FFM, tu as
d’autres casquettes…
« Exactement, mon école de pilotage, sur Albi, pour les adultes et
les enfants. Maintenant, j’ai moins le temps de faire des stages
adultes, mais j’essaie quand même de garder ce programme. J’essaie
d’enseigner à tous les niveaux, et à toutes les générations. Je me
concentre un peu plus sur les jeunes, car il faut de jeunes pilotes
pour former de futurs vieux (rires). Ce n’est pas du tout la même
façon de faire, pas du tout la même approche. Même avec des pilotes
du même âge, en fonction des niveaux, l’approche est complètement
différente. Je pense que c’est ça que j’aime bien. »
C’est quoi pour toi être un bon coach ?
« Pouvoir faire des journées avec un adulte débutant, qui a tout à
apprendre, et passer à un jeune de douze ans, qui veut aller vers
la compétition. Et le lendemain, se plonger beaucoup plus dans les
détails avec les pilotes de l’Équipe de France. J’aime passer de
l’un à l’autre, et m’adapter à chaque public. Pour moi, être coach,
c’est plus s’adapter au pilote que l’on a en fasse, qu’être présent
en bord de piste. On est beaucoup à pouvoir voir ce qu’il se passe
en bord de piste, mais le transmettre avec les bons mots, en
fonction du public, c’est une autre histoire. Et c’est vraiment
intéressant. »
Tu as aussi l’Endurance.
« J’ai aussi l’Endurance à côté. Depuis fin 2016, début 2017. Juste
après ma carrière en Grand Prix. Je prends également énormément de
plaisir avec les marques et les structures avec lesquelles je
travaille. C’est un bon complément pour garder une bonne vision.
Parfois, ça parait facile en bord de piste, et le fait de remonter
sur la moto nous rappelle que ce n’est pas si simple que ça. »
Avec tout ça, trouves encore le temps de t’entraîner
correctement ?
« Non, c’est justement mon problème en ce moment. Entre toutes mes
activités, c’est difficile de trouver du temps pour ma préparation
perso. Mais à un moment, il faut aussi savoir préparer la suite. Je
pense que ma carrière est plutôt derrière que devant moi. J’ai fait
de belles choses, et j’ai l’avantage d’avoir un gros bagage
technique, hérité de toutes mes années de Grand Prix. Mon physique
tient encore, grâce à toutes les années de préparation. Mais quoi
qu’il arrive, on est dans un milieu compétitif, et si tu ne
t’entraînes plus assez, c’est difficile de garder le niveau.
J’essaie de faire de mon mieux, mais la jeune génération qui monte,
me pousse à trouver des solutions pour trouver le rythme. »
Quels sont tes plans en Endurance pour 2025
?
« Justement, c’est le moment des discussions. Pour moi, le but de
cette intersaison, c’est de trouver des objectifs motivants pour
cette année. C’est quelque chose que je cherchais déjà beaucoup en
Endurance ces dernières années. Avoir de bonnes motos, des
programmes qui m’obligent à m’impliquer techniquement, et au niveau
du pilotage pour trouver cette motivation à aller chercher encore
quelque chose. »
Quand on a ton âge, c’est quoi un objectif motivant
?
« Ce serait soit une marque, soit un team, qui a envie de
développer de nouvelles choses, plus que de rester dans un confort.
Ça fait quelques années que je suis avec No Limits, et je pense
qu’on est un petit peu arrivé au bout de notre travail ensemble.
Donc ce serait soit rester avec Honda, sur un autre projet, soit
avec une autre marque, mais sur quelque chose d’un peu
différent. Actuellement, c’est trouver ce qui va me donner envie de
me mettre au boulot. J’ai réussi à trouver la motivation cette
année pour faire le boulot, mais je sens qu’au fil des saisons,
c’est difficile de garder la flamme allumée. C’est pour ça que je
trouve d’autant plus admirable de voir des pilotes comme Johann
[Zarco], ou Valentino [Rossi], qui arrivent à rester au top de leur
niveau sur la longueur. »
C’est une question de rigueur dans la préparation
?
« Forcément, plus les années passent, plus il faut être précis dans
sa préparation, et bien la gérer. Ça demande plus d’investissement.
Quand on est jeune, on se dit qu’on nous en demande beaucoup. Quand
on est plus âgés, on est obligés d’être rigoureux. Dès qu’on en
fait moins, ou pas assez précisément, on le ressent beaucoup plus
vite. Que ce soit nutritionnel, physique, ou sur la moto. »
Et peut-être de remise en question…
« Les meilleurs pilotes du monde, qui sont restés longtemps au très
haut niveau, c’est ceux qui sont toujours parvenus à se remettre en
question. Qui ne se sont jamais dit que quelque chose étaient
acquis. Encore une fois, on le voit avec Valentino et Johann. Marc
Marquez, est un autre exemple, même s’il est encore relativement
jeune. C’est toutefois le moment pour lui de faire évoluer son
pilotage et sa façon de faire. C’est important dans la carrière
d’un pilote. »
Tu ne serais pas en train de dire que 2025 sera ta
dernier année en piste ?
« Peut-être. »