Les fabricants de motos utilisent déjà des simulateurs dans le cadre de leur processus de R&D, avec des vérins hydrauliques pour imiter le tangage, le roulis et le lacet lorsque les pilotes parcourent des pistes d’essai virtuelles. Cependant, bien que ce type de configuration soit très bien adapté pour les voitures, ce n’est pas aussi réaliste concernant les motos car il est difficile de reproduire les forces appliquées au pilote pendant les phases de virages, d’accélération et du freinage.
Nous ne parlons pas ici du dernier jeu de console sous licence MotoGP, mais du type de simulation haut de gamme qui est utilisé au niveau industriel pour rendre le développement de nouveaux produits plus rapide et plus efficace que par le passé. La plupart des fabricants utilisent des simulateurs sous une forme ou une autre, mais la conception vue ici repousse les limites pour créer une configuration plus précise et immersive en simulant les forces exercées sur le pilote ainsi que celles sur la moto.
Sur un simulateur classique, la moto (ou plus souvent juste une selle, un réservoir et un guidon) est montée sur une plate-forme mobile qui lui permet de s’incliner en corrélation avec l’image projetée sur un énorme écran incurvé placé devant le pilote. Bien que la plupart du temps relativement réalistes en termes d’angles d’inclinaison qu’ils sont capables d’atteindre, ces simulateurs ne peuvent pas à eux seuls reproduire avec précision l’inertie du pilote – la poussée vers l’arrière lors de l’accélération ou vers l’avant au freinage – et imiter les forces centrifuges en courbe est un défi quasiment impossible à relever.
Cette nouvelle conception, révélée dans une demande de brevet du spécialiste allemand des simulateurs VI-grade GmbH, présente une plate-forme de simulation qui résout le problème clé de la simulation des efforts sur le pilote, en plus de la moto. Il utilise une vraie moto montée sur six vérins hydrauliques qui correspondent à son angle d’inclinaison, son tangage et son lacet. Ceci est conventionnel, mais ce qui est nouveau, c’est le cadre relié au dos du pilote qui est attaché à huit cordons, chacun capable de tirer le pilote dans une direction différente à l’aide d’actionneurs montés sous la plate-forme du simulateur. Utilisé dans différentes combinaisons, l’action de traction sur ces cordons peut simuler les forces d’accélération, de freinage et de virage sur le pilote pour lui donner une expérience de conduite plus réaliste.
Quel est l’intérêt d’un simulateur comme celui-ci ? Pour un fabricant de motos, cela signifie qu’il est possible d’exécuter des simulations informatiques de conceptions et de configurations sur une variété de surfaces et de conditions météorologiques sans avoir à expédier des prototypes dans le monde entier ou à attendre les bonnes conditions pour un test. Bien que les tests pratiques et réels soient toujours nécessaires, les simulations peuvent réduire leur nombre qui sont nécessaires en éliminant les impasses de développement avant le début des tests en vie réelle coûteux et chronophages.
Il existe également un marché potentiel pour ces types de simulateurs pour aider les équipes de compétition à former leurs pilotes et à exécuter des simulations informatiques de réglages du châssis et de tests de nouveaux composants. La simulation est déjà une partie extrêmement importante en F1, où les règles limitent fortement le temps de test réel sur piste afin de limiter les coûts, et chaque équipe a au moins un simulateur ultra-réaliste à sa disposition. Le brevet de simulateur de VI-grade semble offrir les mêmes possibilités pour les motos.
La firme allemande n’est pas la première à essayer de simuler les forces exercées sur les pilotes. McLaren Applied Technologies, une branche d’ingénierie de McLaren F1, a déposé des brevets pour une idée similaire en 2016, en image ci-dessus. La version McLaren, vue ci-dessus, fonctionnait légèrement différemment, avec 12 actionneurs linéaires attachés à des cordons tirant sur différentes parties de la combinaison du pilote, y compris le casque, pour reproduire les forces ressenties pendant le pilotage.
Que les produits développés par McLaren ou Vi-Grade soient totalement intégrés dans les phases de R&D des fabricants n’est pas encore acquis, mais à mesure que la simulation devient un outil de plus en plus important dans le développement des motos, il est certain que des machines comme celle-ci seront impliquées.